A cause de la crise, Alstom pourrait quitter l'Algérie en 2018

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Le 14/02/2017 à 15h08, mis à jour le 14/02/2017 à 15h47

La crise financière a compromis de nombreux projets de tramways en Algérie. Du coup, l’usine d’Alstom tourne au ralenti et son chiffre d’affaires en 2018 devrait baisser de 80% par rapport à celui de 2016. La fermeture de la filiale algérienne n'est pas à écarter.

L’aventure de Cital d’Alstom en Algérie risque de tourner court. En effet, l’usine Alstom d'assemblage des rames de tramway d'Annaba, lancée en 2011, dans le cadre d’une joint-venture entre Ferovial, Entreprise Metro d’Alger (EMA) et Cital, et qui a démarré sa production en 2014 connaît d’énormes difficultés. 

Dans un entretien accordé par Brahim Bouchrit, directeur du projet Tramways et câbles de Cital, à la Chaîne 3 de la radio algérienne, celui-ci étale les difficultés de cette joint-venture qui avait vu grand dans les projets de tramway initiés par le gouvernement algérien et qui devaient bénéficier à plusieurs villes du pays.

Seulement, la crise financière due à la chute des cours du pétrole est passée par là, réduisant les réserves du pays et ses capacités de financement de grands projets ce qui a poussé le gouvernement algérien à baisser drastiquement les investissements publics. Ainsi, la loi de finances 2017 avait-elle réduit les investissements publics de 12 milliards de dollars, comparativement au volume de 2016. Et plusieurs projets d’infrastructures ont été gelés dans ce cadre, notamment ceux concernant les tramways.

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Il s’agit notamment, selon Bouchrit, des extensions des tramways d’Alger et d’Oran, et des projets de tramway d’Annaba et de Batna.

Conséquence de ces gels, l’usine d’Alstom tourne en ralenti et s’apprête à connaître une situation encore plus difficile cette année. L’année prochaine risque même d’être la dernière si d’ici là, rien n’est entrepris pour relancer les projets tramways.

L’assemblage des rames n’est plus à l’ordre du jour à cause du gel des projets. Ainsi, selon Bouchrit, alors que le plan de recharge était initialement fixé à 213 rames, en additionnant les projets de tramway initiés et ceux à l'étude, aujourd’hui ce chiffre est tombé à 160 rames. 

Du coup, l’entreprise n’a plus de visibilité au-delà de juin 2018. Conséquence, reconnaît le directeur du projet, le chiffre d’affaires de l’entreprise se réduit, en particulier en ce qui concerne l’activité de maintenance des tramways déjà en circulation. Or, seule cette activité portera le chiffre d'affaires s’il n’y a pas de nouveaux projets.

Partant, le chiffre d’affaires de l’entreprise qui s’est établi en 2016 à 17 milliards de dinars algériens, soit 150 millions de dollars, devrait chuter de 80% à l’horizon 2018.

Tout en voulant se montrer relativement optimisme, Brahim Boucharit sait probablement que la fermeture de l’entreprise en 2018 n'est pas une éventualité à écarter. Il s'agit au contraire, d'une option à envisager dans la mesure où il faudrait un miracle pour que les cours du baril de pétrole grimpent à un nouveau à des niveaux permettant au gouvernement algérien de se relancer les projets de tramway. C’est dire que le compte à rebours pour Alstom en Algérie est déjà lancé.

Par Karim Zeidane
Le 14/02/2017 à 15h08, mis à jour le 14/02/2017 à 15h47