Algérie: faute d'entretien, la Sonatrach n'a plus assez d'unités de stockage

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Le 17/04/2020 à 15h35, mis à jour le 18/04/2020 à 14h10

La moitié de la capacité de stockage de la Sonatrach est hors d'usage à cause de la corrosion et des pannes multiples. Les stocks du pays ne couvrent plus que 11 jours de consommation en carburant. La Sonatrach a d'autres chats à fouetter et non penser à investir dans le contexte actuel.

C'est la dernière chose dont l'Algérie avait besoin: voir ses réservoirs de stockage être hors service. Pourtant c'est le cas, selon le site d'information confidentielle Algérie Part, qui cite un rapport datant de 2018: le deuxième producteur africain de pétrole n'est pas en mesure stocker une production qu'il ne peut plus vendre, à cause de l'effondrement de la demande mondiale. 

"En Algérie, il est presque impossible de stocker les carburants ou les autres dérivés des hydrocarbures notamment du pétrole", affirme le média algérien. 

Le plus grave c'est que les autorités algériennes, notamment les dirigeants de la Sonatrach le savent depuis deux ans, mais elles n'ont rien fait, sûrement faute de n'avoir pas eu les moyens financiers à cause du contexte extrêmement difficile depuis 2014. 

En 20028, la division Activité transport par canalisation du géant pétrolier algérien a commis un rapport détaillé sur la question pour tirer la sonnette d'alarme. Elle disait que plus de la moitié des bacs de stockage de pétrole et de gaz n'étaient plus fonctionnels. En somme, plus de la moitié des centres logistiques qui permettent, dans les moments de forte baisse de la demande, d'assurer un stockage correspondant à plusieurs semaines de production, ne servent plus à rien. 

La plupart de ces unités de stockage ont été rongée par la corrosion due aux produits chimiques, alors que "certains bacs sont remplis de résidus toxiques qui se sont accumulés faute d’opération de nettoyage conforme aux normes techniques en vigueur dans le secteur des hydrocarbures", rapporte le site d'information.

Pire encore, même les unités de stockages qui auraient pu remplir leur fonction, sont confrontées à la panne des pompes de filtragre qui sont censées les alimenter. Du coup, elles ne peuvent pas recevoir le précieux liquide. 

Ce rapport est malheureusement resté lettre morte. Pourtant, il ne s'agit pas d'un petit problème que les autorités peuvent se permettre le luxe d'ignorer. En effet, depuis bientôt trois ans, le pays ne sécurise plus que 11 à 12 jours de consommation grâce à son infrastructure de stockage, là où des pays comme le Maroc parviennent à couvrir jusqu'à deux mois de consommation en pétrole et gaz. 

Aujourd'hui, l'Algérie débourse un peu plus de 2 milliards de dollars pour importer son carburant. Ces unités auraient donc pu remplir une double fonction: stocker la matière première produite localement, mais également le produit fini. 

Par ailleurs, certaines pompes de filtrage utilisées dans les centres de stockage de la Sonatrach sont défectueuses ou en panne, souligne-t-on dans le rapport confidentiel de la direction transport et canalisation qui est resté, malheureusement, lettre morte à la direction générale de la Sonatrach.

Même l’état de certains pipelines est inquiétant. Mais aucun effort de modernisation n’a été consenti par l’actuelle direction générale de la Sonatrach qui reste les bras croisés face à un épineux dossier faisant perdre ainsi à l’Algérie des revenus en devises qu'elle aurait pu économiser si elle pouvait stocker les hydrocarbures qu’elle peine à écouler ou vendre sur le marché mondial.

Il est à noter que depuis 2017, l’infrastructure de stockage de carburants n’offre à l’Algérie que 11 à 12 jours d’autonomie, alors que le déficit en carburants, dont le diesel, est compensé par des importations, avec une enveloppe annuelle de deux milliards de dollars.

Pour le moment, les programmes de modernisation n'ont pas pu être correctement réalisés, à cause d'un manque criard de ressources financières. En effet, il faut plusieurs milliards de dollars pour ajouter quelque 1,4 million de mètres cubes en cuves de stockages, contre 600.000 actuellement.

L'objectif était justement de couvrir au moins 30 jours de consommation locale, cependant vu la réduction des charges imposée à la Sonatrach, ce sera pas possible. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, Abdel Madjid Tebboune a demandé qu'on fasse passer les charges d'exploitation de la Sonatrach de 14 à 7 milliards de dollars seulement. Quant aux investissements, dans le contexte actuel, ils seront purement et simplement gelés. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/04/2020 à 15h35, mis à jour le 18/04/2020 à 14h10