La mouture du projet de Loi de finances complémentaire 2020 dévoile petit à petit son contenu. Et l’un des points qui touchera directement le portefeuille des Algériens est la hausse des prix des carburants.
Ainsi, le prix du litre d’essence sera majoré de 3 dinars algériens et celui du gasoil de 5 dinars. Le prix de l’essence normale passera à 41,94 dinars (0,33 dollar), celui du «Super» à 44,97 dinars (0,35 dollar), alors que le litre de gasoil s’établira à 38,06 dinars (0,30 dollar).
Il s’agit certes de niveaux de prix à la pompe relativement bas, largement en dessous des coûts réels, mais ces hausses ne manqueront pas d’impacter le pouvoir d’achat des citoyens avec des répercussions sur les prix des transports et des marchandises.
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A travers cette hausse des prix des carburants longtemps annoncée par les gouvernements précédents dans le but de réduire les subventions des hydrocarbures, jugées sources de gaspillages importants, le gouvernement algérien souhaite surtout renflouer ses caisses vides. La chute des cours du baril a mis à mal ses recettes budgétaires qui dépendant à 60% du pétrole.
Ces baisses ont poussé le gouvernement à annoncer une réduction de 50% de son budget de fonctionnement. Ce, afin de réduire le déséquilibre entre les recettes et les dépenses de l'Etat. Un déséquilibre qui sera aggravé par la décision du président d’augmenter de 2.000 dinars le SMIG et d’exonérer d’impôt les salaires inférieurs à 30.000 dinars.
Une promesse de campagne qu’il souhaite honorer en dépit d’une conjoncture économique et financière profondément marquée par la chute du cours du baril de pétrole qui se négocie actuellement autour de 30 dollars, après avoir flirté avec les 20 dollars.
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D’ailleurs, pour cette Loi de finances complémentaire, l’hypothèse retenue par le gouvernement est celle d’un prix moyen du baril de pétrole à 35 dollars pour l’année en cours, contre 50 dollars dans le budget initial.
L’Algérie traverse depuis 2014 une crise financière aigüe consécutive d'une part, à la chute du cours du baril de pétrole dont les recettes assurent 95% des ressources tirées des exportations et 60% des ressources budgétaires, et à la mal-gouvernance, d’autre part.
Face à cette crise aggravée par la pandémie du coronavirus, l’Algérie fait désormais face à un sérieux problème pour boucler son budget 2020, et ce en dépit des importantes coupes faites dans le budget de fonctionnement.
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C’est dire que ces hausses annoncées ne sont que le prélude à d’autres qui devraient suivre prochainement. Face au déficit budgétaire qui devrait se situer autour de 20% du PIB du pays en 2020, il est fort probable que d’autres secteurs soient aussi touchés, notamment celui du gaz.
Le gouvernement de Tebboune n’a pas le choix. Avec l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR), la décrue inquiétante des réserves en devises et des cours du pétrole extrêmement bas, l’Algérie n’a plus les moyens de sa politique de subventions tous azimuts. Seulement, la vérité des prix aura un coût social.