Les Algériens sont touchés de plein fouet par la flambée des hausses des prix des produits alimentaires. Les prix des pâtes alimentaires ont augmenté de 40%, ceux des dérivées de lait de 10 à 15%, les viandes rouges de 3 à 7%, etc. Ces hausses concernent également les huiles, le sucre, etc.
Toutefois, au niveau des produits alimentaires, la palme des hausses revient aux produits halieutiques. Ainsi, la sardine a vu son prix atteindre 1.200 dinars algériens, soit l’équivalent de 9,10 dollars, alors qu’il coûtait autour de 100 dinars. A titre de comparaison, chez le voisin marocain, le kilo de la sardine coûtent entre 1,5 et 2 dollars. Outre la sardine, le merlan et la crevette coûtent respectivement 1.500 dinars et 2.700 dinars le kilo.
Les biens électroménagers aussi ont enregistré des hausses significatives. Ainsi, les prix des produits électroménagers et informatiques ont grimpé de 20 à 40%. Cela s’explique en grande partie par l’arrêt des chaînes de montage suite à la décision du gouvernement d’arrêter les incitations offertes sur les importations de kits pour le montage de ces biens par des unités locales suite au fiasco du montage de ces industries qui n’apportaient aucune valeur ajoutée aux produits vendus tout en bénéficiant des incitations fiscales et douanières. Du coup, c’est l’arrêt de la production pour presque toutes les unités de production du secteur. Du coup, à cause de la pénurie de ces produits les prix ont fortement grimpé.
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Cela est également le cas des prix des pièces de rechange pour automobiles qui ont flambé de 50%. Et les propriétaires de voitures sont obligés d’accepter les prix qu’on leurs facture en l’absence de pièces importées en quantité.
Idem pour le secteur du Bâtiment et travaux publics (BTP), un des moteurs de l’économies du pays. Les prix des matériaux de construction, notamment la quincaillerie et le fer, ont augmenté sensiblement.
Ainsi, comme on le voit, si ces derniers jours, c’est la flambée du prix de la sardine qui défraie la chronique, l’Algérie fait face à une hausse généralisée des produits, toutes catégories confondues. Pour un large éventail des produits, les augmentations des prix oscillent entre 7 et 50%.
Conséquence, c’est le panier de la ménagère algérienne qui est durement touché en premier lieu. La perte du pouvoir d’achat consécutive à ces hausses est inquiétante et constitue un réel risque de tensions sociales étouffées actuellement par la pandémie du Covid-19 et les restrictions imposées aux populations qui craignent les contagions au Covid-19.
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A ces hausses des prix viennent se greffer celles des factures d’électricité. De nombreux consommateurs ont dénoncé les factures anormalement élevées. Ils dénoncent les factures élaborées par les services de Sonelgaz sur la base d’une «estimation automatique» de la moyenne de consommation. L’Etat y est aussi pour quelque chose avec une TVA pour chaque tranche et une TVA pour le montant global de la facture. Tous les moyens sont bons pour grignoter quelques sous sur le dos du citoyen en ces temps de crise des recettes fiscales plombées par la chute des recettes des hydrocarbures qui représentent entre 50 et 60% des recettes budgétaires.
Conséquence de la flambée des prix et la hausse des factures d’électricité, de nombreux particuliers ont du mal à s’acquitter des redevances des factures de gaz et d’électricité, à cause de l’érosion de leur pouvoir d’achat.
Une situation qui a contribué à la hausse des factures impayées qui s’élève à plus de 170 milliards de dinars algériens, soit un peu plus de 1,3 milliard de dollars, poussant le PDG de la Sonelgaz, Chahar Boulakhras, exacerbée par le montant des impayés, à entreprendre des coupures d’électricité aux citoyens récalcitrants à payer leurs factures.
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Toutefois, face à la crainte de tensions sociales liées à ces coupures en temps d’hiver, le PDG de la Sonelgaz a été rapidement rappelé à l’ordre par le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar qui a souligné que les citoyens démunis et les infrastructures fournissant un service public sont épargnés des coupures de l’alimentation en énergie (gaz et électricité) pour factures impayées, en raison des conséquences économiques de la pandémie du Covid-19.
Plusieurs facteurs expliquent cette flambée des prix en Algérie. D’abord, il y a l’effet de la pénurie de nombreux produits qui entraine aussi des hausses exceptionnelles des prix. C’est le cas aussi de la sardine dont les ressources sont limitées à hauteur de 72.000 tonnes, alors que les besoins tournent autour de 400.000 tonnes, ce qui explique la hausse des prix en l’absence d’importations.
Face à cette flambée des prix, Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), propose aux dirigeants d’autoriser les importations de sardines pour faire baisser les prix.
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Toutefois, la réponse du ministre de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, qui a expliqué que la flambée des prix de la sardine était due «à des facteurs naturels et environnementaux visant à préserver les ressources halieutiques» et que la solution réside dans le «développement de la construction navale» en allant vers «l’alternative de la pêche en haute mer», montre clairement le manque de vision quand on sait que le stock de poissons est limité au niveau de la Méditerranée et que les captures sont limitées par des quotas.
Il faut dire qu’avec l’état actuel des réserves de changes, les autorités essayent de compresser autant que possible la facture des importations pour éviter la sortie des devises. Or, l’Algérie étant dépendante des importations de produits finis, d’intrants et de biens d’équipement, les interdictions et limitations d’importations impactent la production locale et occasionne des pénuries importantes. Uns situation propice aux spéculateurs pour augmenter les prix au grand dam des consommateurs.
Cela est aussi valable pour le lait dont le déficit énorme sur le marché à cause de l’arrêt des importations a entrainé des ruptures d’approvisionnement en lait. Toutefois, le prix du lait étant subventionné et règlementé, n’a pas connu de hausse. Seulement, on ne le trouve pas sur le marché.
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Ensuite, il y a l’impact de la «dévaluation déguisée» du dinar algérien. La monnaie locale a perdu 20% de sa valeur vis-à-vis de l’euro en 2020 et la dégringolade du dinar se poursuit dangereusement. Une situation qui renchérit les prix des biens importés et ceux produits localement mais dont les intrants sont importés. Du coup, les importateurs qui font face à la dépréciation du dinar la répercutent sur le consommateur final algérien en augmentant les prix.
En outre, il y a l’effet des spéculateurs qui profitent des défaillances du système de contrôle des prix pour fixer des prix avec des marges exceptionnelles, notamment de la part de certains vendeurs détenant des monopoles sur certains produits.
Enfin, la hausse de certaines redevances, impôts et taxes, notamment la TVA -Taxe sur la valeur ajoutée- par les autorités sur certains produits afin d’augmenter les recettes fiscales expliquent certaines hausses constatées sur certains produits. Ainsi, au niveau de la loi de Finances 2021, la redevance sur l’eau minérale a été doublée passant de 1,05 à 2,07 dinars poussant les producteurs à répercuter cette hausse sur l’eau minérale pour conserver leur marge.
Une chose est sure, cette flambée des prix alimente la colère de la population et ce, d’autant que le gouvernement donne l’impression d’impuissance face à ces hausses des prix.