Le gouvernement algérien vient d'adopter un projet de budget des plus populistes, dans le but d'assurer à Abdelaziz Bouteflika un 5e mandat dont il n'a aucun mérite au vu de l'état dans lequel se trouve son pays, après pratiquement 20 ans de "règne". Le projet de loi de Finances 2019, adopté il y a deux jours, mercredi, au terme d'un conseil des ministres où l'on a exhumé une nouvelle preuve de vie du chef d'Etat algérien, abandonne en cours de route les réformes entamées depuis trois exercices déjà.
Ainsi, il n'est point question de nouvelles taxes visant à arrimer le prix de vente du carburant sur son coût réel de production. L'augmentation des tarifs de distribution de l'eau et de l'électricité a été soigneusement rangée dans les tiroirs, alors qu'elle était devenue une nécessité aux yeux des opérateurs. L'abandon de la mise en place de nouvelles taxes pour la délivrance de documents comme le permis ou le passeport est aussi une autre décision dictée par la prochaine échéance électorale.
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Toutes ces décisions, plus populistes les unes que les autres, s'expliquent uniquement par l'ambition de l'entourage de Bouteflika d'être reconduits à la tête du pays, alors même que ce dernier n'a plus la capaciété physique et intellectuelle d'assumer la fonction de président.
Au niveau des dépenses, même sans en avoir les moyens, comme le prouve l'utilisation excessive de la planche à billet en 2018, le gouvernement algérien a décidé de maintenir pratiquement le même niveau qu'en 2019. Ainsi, il est prévu un budget de 8557 milliards de dinars, soit quelques 72,3 milliards de dollars au cours de change actuel. Mais le pire, c'est que le budget d'investissement sera réduit à peau de chagrin, afin de déployer les ressources vers le fonctionnement. Ce sera l'unique manière de calmer la demande sociale si pressente. Ainsi, quelque 4954 milliards de dinars seront déployés vers le paiement des salaires et les autres dépenses de fonctionnement. Il s'agira d'un record historique.
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Il faut aussi dire qu'une bonne partie de ce budget est destiné aux transferts sociaux, notamment pour calmer la situation explosive engendrée par le dossier des retraites et la mauvaise prise en charge sanitaire de la population, ainsi que la situation de paupérisation de la classe moyenne algérienne.
Autant de facteurs qui peuvent être à l'origine d'un printemps algérien, 7 ans après les révoltes tunisienne, libyenne et égyptienne. Pour une fois, les apparatchiks sentent l'obligation d'oublier d'accroitre leurs avantages pour en donner un peu plus à l'Algérien moyen. Ainsi, il faut compter 445 milliards de dinars pour le soutien des familles, 336 milliards de dinars pour la politique de santé, 790 pour les retraites, 650 milliards pour l'habitat, etc.
Toutes ces données, mises bout à bout, contraignent le gouvernement à ramener le budget d'équipement à 3600 milliards de dinars environ, contre 4000 pour l'exercice 2019. C'est dire que les chantiers qui sont déjà à l'arrêt, comme celui de la mosquée d'Alger qui était censée se terminer il y a deux ans, ne sont pas sur le point de reprendre. Des centaines de kilomètres de routes, d'autoroutes et de voies ferrées devront attendre. Alors que l'investissement industriel de l'Etat algérien, comme l'usine d'Alstom devant produire des tramways, ou l'usine de Leonardo pour des hélicoptères et des avions militaires est repoussée aux calendes grecques.