De petits groupes sont sortis dans la rue avant même la fin de la grande prière musulmane hebdomadaire, qui a marqué comme d’habitude le coup d’envoi du 34e vendredi consécutif de manifestation du « Hirak », ce mouvement inédit de contestation du régime, né le 22 février en Algérie.
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« Oh Gaïd Salah, pas de vote cette année », scandent les manifestants, dénonçant une nouvelle fois l’élection présidentielle que le pouvoir –de facto aux mains du haut commandement militaire incarné par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah– entend organiser à tout prix le 12 décembre.
Déployée massivement dans le centre d’Alger, à l’instar des précédents vendredis, la police, qui a empêché mardi pour la première fois depuis le début du Hirak les étudiants de manifester, n’est pas intervenue dans l’immédiat.
A deux mois de ce scrutin destiné à élire un successeur à l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, que la rue a contraint à quitter le pouvoir en avril après 20 ans à la tête de l’Etat, les positions des deux camps sont plus que jamais irréconciliables.
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Le général Gaïd Salah, véritable homme fort du pays, présente le scrutin présidentiel comme la seule voie de sortie de crise, tandis que le « Hirak » n’y voit qu’un moyen de perpétuation du « système » au pouvoir depuis l’indépendance algérienne en 1962.
Président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), une association citoyenne cheffe de file du « Hirak », Abdelouahab Fersaoui a été arrêté jeudi matin, lors d’un rassemblement de soutien aux militants, journalistes, étudiants ou citoyens appréhendés ces dernières semaines dans ou en marge des manifestations et placés en détention préventive.
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« On n’a pas d’autres nouvelles de lui » depuis un coup de téléphone jeudi après-midi durant lequel il a indiqué se trouver dans « un commissariat, mais sans préciser lequel », a expliqué vendredi à l’AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme (LADDH).
Jeudi, Amnesty International a dénoncé le « climat de répression qui s’instaure en Algérie » avec la récente « recrudescence du nombre d’arrestations arbitraires de militants, journalistes, avocats, étudiants ou simples citoyens, en violation flagrante des droits garantis par la Constitution », comme la liberté d’expression, d’association ou encore le droit de se réunir pacifiquement.