Ahmed Gaïd Salah et son régime hermaphrodite, semi civil et semi militaire, sont de plus en plus seuls. Après les révélations fracassantes de Baha-Eddine Tliba, vice président de l'assemblée nationale populaire et associé des enfants du général, qui est à la source de malaise au sein de la grande muette, la loi sur les hydrocarbures commence à éloigner ses soutiens politiques.
Ainsi cette semaine, plusieurs voix se sont levées pour dénoncer la forfaiture du régime, des voix qu'on aurait certainement jamais entendues si ce projet n'était pas perçu comme dangereux pour l'avenir économique du pays et sa souveraineté.
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Il y a eu, hier, la déclaration de Abdelaziz Rahabi, sur sa page Facebook dans laquelle cet ancien ministre de la Culture et de la communication rappelait qu'il s'agissait d'un projet de loi écrit sous la dictée des géants pétroliers par Robert W. Pleasant un ancien cadre de la Banque mondiale. Bouteflika voulait ainsi faire plaisir aux puissances étrangères, mais s'était ravisé sous la pression de l'Arabie Saoudite, du Venezuela et du Nigeria. Finalement, même si le Parlement l'avait avalisé, cette loi scélérate ne sera jamais appliquée.
Aujourd'hui c'est l'avertissement de Ali Benflis dont la presse se fait l'écho. En effet, le candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, qui accepte de servir de faire-valoir du régime, a néanmoins critiqué l'adoption de cette loi dans la précipitation.
"Ma position sur le sujet et le dossier des hydrocarbures n’est ni conjoncturelle, ni de circonstance. Elle est constante et c’est la cause de mes divergences avec le président Bouteflika en 2003", a-t-il dit dans un communiqué diffusé dans les réseaux sociaux dès le dimanche 13 octobre.
Et de poursuivre: "je ne conçois pas du tout l’ouverture du dossier des hydrocarbures sans un dialogue approfondi et une vaste consultation de toutes les dynamiques de la société car il s’agit d’un dossier stratégique et déterminant pour le peuple et pour le pays".
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Toujours selon lui, "il est inconcevable dans cette situation particulière, caractérisée par l’illégitimité des institutions, en particulier du gouvernement et du Parlement, d’agir sur le sort des richesses de l’Algérie".
Enfin, il estime que "la sagesse, la raison, la prévoyance, les échanges d’opinions et l’écoute de la volonté du peuple commandent à tous de reporter l’émission de ce dossier déterminant jusqu’à la mise en place d’institutions légitimes capables d’ouvrir un dialogue sérieux et approfondi sur cette question décisive pour la nation".
L'autre soutien du régime qui montre clairement son désaccord face à cette décision est le Rassemblement national démocratique (RND), qui est la deuxième force politique du Parlement et allié inconditionnel du Front de libértaion nationale (FLN). Le RND a ainsi clairement pris ses distances, du moins sur ce sujet, avec le régime militaro-civil d'Ahmed Gaïd Salah.
"Il s’agit de la principale ressource de l’économie, qui couvre l’essentiel des besoins du pays. Rien ne justifie l’application de ce texte dans l’immédiat. Il échoit au président élu d’ouvrir le débat sur le dossier des hydrocarbures et la diversification de l’économie et auquel participera les experts dans l’énergie et des spécialistes dans tous les domaines économiques et de l’investissement", écrit-il dans un communiqué.
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Le RND estime que sous sa forme actuelle, ce projet de loi "ligote le futur président", alors que "les lois d’une telle importance et leurs retombées sur l’opinion, en ce qu’elles charrient comme lectures et craintes, imposent un débat national pour dissiper tout malentendu et opacité car il est lié à la souveraineté économique".
Pour la première fois, au sein même du régime, des personnes osent prendre Ahmed Gaïd Salah et le gouvernement de Noureddine Bedoui, manifestement sous ses ordres. Le fait que le RND, Ali Benflis ou Abdelaziz Rahabi adoptent exactement le même discours que les millions de manifestants du week-end dernier, montrent que le régime algérien est en train de franchir ce que le peuple considère comme une ligne rouge.