Plus rien n’est permis à ceux qui ont déjà pris part au Hirak. Le régime algérien emploie les grands moyens pour faire taire ceux par qui une éventuelle reprise des manifestations devrait passer, notamment les journalistes, les activistes ou les simples étudiants.
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"La palme de l’absurdité revient certainement à Constantine où mardi dernier, 18 personnes ont été arrêtées et entassées dans les fourgons de police pour être conduites au siège de la sûreté de wilaya avant d’être réparties sur différents commissariats. Les policiers ont procédé à leur arrestation parce qu’ils pensaient que ces personnes organisaient un rassemblement du Hirak alors qu’ils fêtaient tous ensemble un évènement heureux dans le cadre d’une collation amicale à l’occasion des soutenances de fin de cycle universitaire", écrit le site d’information Algérie Part.
En réalité, c’était juste un médecin, le docteur Reddha Ounissi, qui célébrait la réussite universitaire de sa fille. Sauf que pour le régime, le docteur Ounissi est un membre du Hirak à qui il faut faire peur, en cette période de fin de pandémie qui pourrait voir le mouvement de contestation renaître de ses cendres.
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La nouvelle Algérie d’Abdelmadjid Tebboune en est effectivement là, en termes de répression. Il s’agit de semer la terreur et de lancer un message clair au Hirak: il n’est pas question de reprendre les manifestations sous quelque forme que ce soit. Et tous les moyens sont bons pour que les Algériens prennent peur. L’intimidation policière qui vise tous ceux à qui il viendrait l’idée de se rassembler, quelle qu’en soit la raison, est la première arme du régime, mais elle est loin d’être la plus terrible. Au bout, il y a la prison ferme pour ceux qui sont soit des leaders d’opinion, soit de simples journalistes. Car journalistes et leaders du Hirak partagent la même tare pour le régime: ils peuvent facilement mobiliser.
Ainsi, pas plus tard qu’hier jeudi 8 octobre, à Khenchela, les juges du régime ont eu la main lourde envers le journaliste Yacine Mebarki. 10 ans de prison pour "incitation à l’athéisme" et "offense aux préceptes de l’islam". Deux accusations fourre-tout, qui permettent justement de museler les militants de la cause amazighe, lesquels ne veulent pas entendre la primauté de la langue arabe sur le tamazight. Peu importe pour la justice algérienne si Yacine Mebarki n’a jamais appelé à la violence.
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Peu importe également, si à Oran à 920 kilomètres de Khenchela, des militants des droits de l’homme n’avaient d’autre objectif que de dénoncer le meurtre horrible de Chaïma, une jeune fille de 19 ans, violée puis brûlée par son assassin. En effet, dans la capitale de l’Ouest algérien, "l’avocat maître Khemisti Farid, le leader de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh) Kaddour Chouicha, les journalistes Djamila Loukil, Amel Bentolba et plusieurs autres manifestants ont été arrêtés et conduits manu militari vers plusieurs commissariats de police", écrit Algérie Part. Les forces répressives algériennes n’ont rien voulu entendre sur les explications que leur fournissaient ces manifestants.
A Alger, la capitale, ce sont les étudiantes qui ont été dispersées par les forces de l’ordre qui ont visiblement reçu des instructions claires pour mettre un terme à tout rassemblement susceptible de ramener le Hirak au-devant de la scène.
Une fois libéré, le docteur Ounissi de Constantine qui arrosait la soutenance de sa fille écrira sur sa page Facebook son profond désespoir.
"Faire la fête et être accusé pour rien, si ce n’est d’avoir participé au Hirak libérateur, est, à mon sens, un abus terrible de cette Algérie nouvelle comme ils disent, car je reste sceptique et incertain quant à des jours meilleurs qui n’ont jamais existé. Existeront-ils un jour? Je crois que non, car se retrouver au commissariat pour un morceau de gâteau et une limonade est un non-sens. Est-ce cela l’Algérie nouvelle?"