Cela fait plus de deux mois que le président algérien Abdelmadjid Tebboune se trouve à l’étranger. Malade du Covid-19, l’homme ne semble pas avoir retrouvé toutes ses capacités et continue sa convalescence en Allemagne où il a été évacué en urgence, le 28 octobre dernier.
Du coup, depuis cette date, l’Algérie vit au ralenti, du fait qu’en l’absence du chef personne n’ose prendre une décision importante. Pour preuve, même pour le vaccin contre le Covid-19, le premier ministre et son gouvernement n’ont pas osé se positionner sur une question aussi cruciale alors que tous leurs voisins touchés (Maroc et Tunisie) par la pandémie ont pris des initiatives en commandant des vaccins. Et il a fallu un tweet du président ordonnant le début de la vaccination des Algériens en janvier 2021 pour que le gouvernement commence à entreprendre des démarches pour sélectionner un ou des vaccins parmi ceux sur le marché et ensuite faire une commande. En clair, le pays est quasiment à l’arrêt en l’absence du président.
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Du coup, Rachid Nekkaz, activiste, homme politique et fondateur du Mouvement pour la jeunesse et le changement (MJC), actuellement détenu à la prison de Koléa, multiplie les sorties pour dénoncer cette situation de déliquescence dans laquelle se trouve l’Algérie.
Dans sa dernière lettre adressée aux Algériens et titrée «Le président Tebboune est mort politiquement», l’opposant souligne que «ce n’est pas un crime de dire la vérité au peuple algérien à l’approche de la nouvelle année», ajoutant que «ce n’est pas un crime de faire le constat constitutionnel, après deux mois d’absence totale d’images, que le président Tebboune est mort politiquement». Et face aux crises multidimensionnelles (politique, économique, sociale, sanitaire, etc.), l’opposant explique que «l’Algérie n’est pas un jeu vidéo qu’on pilote à distance à partir de l’étranger via des messages sur Twitter», mais elle «mérite d’avoir un président non diminué physiquement, disponible sur le terrain 24h/24h».
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Nekkaz rappelle qu’il avait fait la même évaluation en 2015, sur la chaine de télévision Echourouk TV, quatre ans avant le déclenchement du Hirak, en soulignant que «le président Bouteflika est mort politiquement». La suite on l’a connaît. Un pouvoir confisqué par l’armée et un cercle réduit autour du frère de l’ancien président et qui ont mené l’Algérie dans la situation à laquelle elle se trouve aujourd’hui.
Et, pour lui, «la vidéo du président Abdelmadjid Tebboune, diffusée le 13 décembre 2020 sur son compte Twitter, est très inquiétante pour l’ensemble des Algériens». Certainement, elle rappelle celle de l’ancien président.
Partant, et ayant un regard sur le rétroviseur, Nekkaz explique que «le peuple algérien ne peut tolérer et laisser un homme gravement malade affaiblir la Nation en restant à la tête de l'un des plus grands pays d’Afrique et la deuxième puissance militaire du continent».
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De ce fait, «le véritable courage politique du président Abdelmadjid Tebboune est de comprendre que son état de santé ne lui permet plus d’assurer les plus hautes fonctions du pouvoir exécutif de l’Etat algérien et que démissionner est la seule option réaliste et acceptable pour le peuple algérien».
Une fois cela acquis, l’Algérie pourra opter pour un «gouvernement de transition» avant d’aller vers des élections pour élire un président jeune et opérationnel à même de mener les réformes nécessaires pour remettre l’Algérie sur les rails.
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C’est le sens du mouvement de contestation populaire et pacifique qui a ébranlé le pays et poussé l’ancien président Bouteflika à la démission et qui malheureusement n’a pas permis un changement de système à cause de la confiscation des résultats du Hirak par les militaires qui ont mis en place leurs hommes pour maintenir en place le système politico-militaire qui dirige l’Algérie depuis l’indépendance.
D'ici là, les Algériens attendent avec impatience le retour du président Abdelmadjid Tebboune prévu, au plus tard, le samedi prochain.