La presse algérienne unanime: le Hirak est de retour

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Le 23/02/2021 à 12h11, mis à jour le 23/02/2021 à 12h15

Revue de presseLe Hirak algérien vient de donner une réponse cinglante à Abdelamadjid Tebboune qui cherche à tout prix à être légitimé. La presse algérienne est unanime sur le fait que le Hirak vient de déjouer tous les pronostics.

Revenu d'Allemage où il a passé un cumul presque ininterrompu de près d'une centaines de jours, Abdelmadjid Tebboune a voulu refaire son image au plus vite. Car il a encore les marques de rougeur de la giffle que lui a infligée le peuple algérien lors du référendum du 2 novembre avec un taux de partcipation d'à peine 23,7% des électeurs. Il voulait également montrer qu'il avait retrouvé sa santé, qu'il était revenu aux affaires et capable de gouverner. Enfin, dernier objetif, il comptait couper l'herbe sous les pieds du Hirak en montrant sa disposition à répondre favorablement à la demande pressante de libérer les détenus d'opinion.

Il s'est alors précipité de donner un coup de bistouri à son gouvernement, un ravalement de façade matérialisé par le remplacement du ministre de l'Energie, Abdelamadjid Attar, chargé d'une rente pétrolière sur le déclin, et son collègue de l'Industrie, Ferhat Aït Ali, qui paie sa gestion du dossier de la relance de l'industrie automobile. Tebboune a également limogé les ministres des Ressources en eau, du Tourisme, de l'Environnement et des Travaux publics.

L'explication fournie par le président algérien pour justifier ces départs était que les portefeuilles touhcés "n'ont pas été à la hauteur des aspirations des citoyens". Donc, il l'avoue clairement; il voulait amadouer le peuple algérien à la veille du 22 février. C'est le même objectif qui est poursuivi quand il fait sortir de prison qualques dizaines de détenus d'opinion dont Rachid Nekkaz ou Khaled Drareni respectivement figure du Hirak et symbole de la liberté d'expression.

Mais la réponse a été cinglante, hier 22 février, bien que ce fut un lundi et non un vendredi, jour où les Algériens sont beaucoup plus disposés à envahir les rues. Des centaines de milliers de manifestants sont sortis dans toutes les localités d'Alger à Kherrata en passant par Oran, Ouargla, Mostaghanem et tant d'autres villes pour crier les slogans habituels du Hirak et en en sortant de nouveaux.

Ainsi El Watan relate "une foule en furie qui scandait: «Dawla madania, machi askaria» (Pour un Etat civil, non au régime militaire), «L’istiqlal, l’istiqlal!» (L’indépendance), «Lebled bledna we endirou raïna» (Ce pays est le nôtre et nous ferons ce qui nous plaît)". Le reporter du quotidien algérien continue à lister les messages forts des manifestants qui viennent de plus en plus en nombre. Quand certains criaient «Ma djinache bech nehtaflou, djina bech terahlou» (On n’est pas venus pour faire la fête, on est venus pour vous chasser), d'autres martelaient: «Ma kan islami, ma kan ilmani, kayen issaba tesreq aÿnani» (Il n’y a ni islamiste ni laïc, il y a juste une bande de brigands qui vole au grand jour).

Dans la presse algérienne de ce mardi, le sentiment qui domine est que le Hirak renaît de ses cendres. "Il a déjoué les pronostics des dirigeants algériens qui ont tablé sur des manifestations modestes, ce lundi 22 février avec des slogans timides", comme l'écrit le site d'information Algérie Part.

Pour le site Tout sur l'Algérie: "Certains le croyaient mort, emporté lui aussi par la pandémie de Covid-19. Lui, c’est le Hirak, ce mouvement populaire né le 22 février 2019 pour dégager Bouteflika du pouvoir avant de déborder sur l’exigence d’un changement radical du système politique en Algérie.

Enfin, El Watan également est formel: "Dans l’esprit des manifestants rencontrés hier, le retour du hirak est désormais acté, se donnant d’emblée rendez-vous pour vendredi prochain. «Bien sûr que je sortirai vendredi. Il était temps», lance Abdelkader, la soixantaine, cadre dans les télécoms, que cite le journal. Ce citoyen estime que «Le pouvoir a fait ce qu’il voulait. Il faut que le hirak reprenne. C’est le seul espace d’expression que nous ayons pour dire notre mot.»

Une chose est sûre, les vendredis à venir risquent d'être chauds, malgré la pandémie et les interdictions. Evidemment, le régime qui a déjà adopté un arsenal juridique répressif, mis les tribunaux aux ordres, risque de choisir l'affrontement avec un peuple déterminé à en finir.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/02/2021 à 12h11, mis à jour le 23/02/2021 à 12h15