Au pouvoir depuis l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) devrait une nouvelle fois l'emporter et installer son candidat et dauphin désigné, l'ex-ministre de la Défense Joao Lourenço, dans le fauteuil de chef de l'Etat.
Faute de moyens financiers et d'un accès conséquent aux médias, les deux principaux partis d'opposition, l'Unita et la Casa-CE, ne semblent pas en mesure de priver le MPLA de sa majorité absolue au Parlement.
Selon la constitution angolaise, le candidat du parti vainqueur est investi chef de l'Etat. "On voit mal comment le MPLA pourrait ne pas remporter ce scrutin. Une défaite serait un tsunami", résume Didier Péclard, chercheur à l'université de Genève. "Le seul véritable enjeu, c'est de savoir avec quelle marge il va gagner".
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Samedi, à quatre jours du scrutin, José Eduardo dos Santos, 74 ans, a péniblement transmis le témoin à son successeur devant des milliers de partisans bardés des drapeaux rouge et noir frappés de l'étoile dorée du parti, convoqués dans une plaine poussièreuse de la grande banlieue de la capitale Luanda.
"Nous n'avons aucun doute sur la victoire du MPLA. Notre candidat sera le futur président de la République. C'est pour ça que je vous le demande: le 23 août votez MPLA (...) et pour Joao Lourenço", a-t-il susurré d'une voix presque inaudible malgré une sono poussée à plein régime.
Avant de prendre aussi rapidement que discrètement congé de ses troupes, visiblement épuisé.
Santé fragile
La santé de "Zedu" semble avoir largement précipité l'heure de sa retraite, qu'il avait initialement planifiée pour 2018. Ces derniers mois, ses séjours "privés" en Espagne ont nourri les rumeurs les plus alarmantes, au point de contraindre son entourage et sa famille à démentir publiquement sa mort.
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"Dos Santos a avancé son départ (...) à cause de ses problèmes de santé", confirme Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.
"Cette décision reflète aussi la certitude pour la direction du MPLA qu'une nouvelle candidature du président sortant aurait réduit sa majorité".
Car même s'il peut s'enorgueillir d'avoir ramené son pays à la paix après une meurtrière guerre civile (1975-2002), José Eduardo dos Santos abandonne les rênes du pouvoir dans un pays en crise.
Malgré la manne pétrolière qui a rempli ses caisses pendant quinze ans, l'Angola reste un des pays les plus pauvres de la planète. Et depuis 2014, la chute des cours de l'or noir l'a plongé au bord de l'asphyxie financière et fait s'envoler le chômage.
Les adversaires du MPLA ont fait de ce bilan leur principal argument de campagne.
Changement maintenant
"Vous qui souffrez, vous qui êtes dans la pauvreté, sans électricité, sans emploi, sans rien à manger: le changement c'est maintenant", répète depuis des semaines le candidat de l'Unita, Isaias Samakuva.
Son rival de la Casa-CE, Abel Chivukuvuku, dénonce la corruption du régime.
"42 ans de souffrances, 42 ans de frustration, 42 ans de mauvaise gouvernance, 42 ans de corruption (...) nous ne pouvons pas continuer à vivre dans un pays riche peuplé de citoyens pauvres", a-t-il lancé dimanche en conclusion de sa campagne.
Si Joao Lourenço l'emporte le 23 août, sa tâche s'annonce particulièrement délicate.
Dans ses discours, le général à la retraite a bien promis de "lutter contre la corruption", de "créer des emplois" et de "rendre l'Angola meilleur".
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Mais beaucoup doutent de sa capacité à s'affranchir du système mis en place par son prédécesseur.
Le fonds souverain du pays est dirigé par un des fils dos Santos, José Filomena, et la compagnie pétrolière nationale Sonangol est aux mains de sa fille Isabel, présentée comme la femme la plus riche d'Afrique.
Et pour verrouiller le contrôle du pays, le chef de l'Etat vient de faire adopter par ses députés des lois qui le protègent de la plupart des poursuites judiciaires et bloquent pour des années tout changement à la tête de la hiérarchie militaire et policière.
"Il ne faut pas attendre de bouleversements de la part de Lourenço, qui est un homme du sérail", prédit donc Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri). "En Angola, le parti est plus fort que les personnes. Et L'objectif du MPLA, c'est d'abord de conserver le pouvoir à tout prix".