"Je suis le fils d'un continent étincelant qui s'appelle l'Afrique, et j'en suis fier. Mon héritage est profondément ancré dans mes racines kényanes. L'Afrique n'est pas un endroit de merde M. Trump", a tweeté l'ancien champion du monde d'athlétisme Bernard Lagat, coureur de demi-fond naturalisé américain en 2004.
Exprimant leur mépris face au milliardaire devenu président, nombreux ont été ceux sur les réseaux sociaux à partager des photos de gratte-ciels modernes ou de paysages magnifiques de leurs pays, accompagnées du hashtag #shithole (le mot anglais utilisé par M. Trump).
La ministre des Affaires étrangères du Botswana Pelonomi Venson-Moitoi a tweeté que les remarques de Donald Trump ont porté un "coup cinglant" aux relations diplomatiques entre Washington et les pays africains.
Le président américain Donald Trump s'est emporté jeudi lors d'une réunion dans le Bureau ovale avec plusieurs sénateurs pour évoquer un projet bipartisan proposant de limiter le regroupement familial et de restreindre l'accès à la loterie pour la carte verte. En échange, l'accord permettrait d'éviter l'expulsion de milliers de jeunes, souvent arrivés enfants aux Etats-Unis.
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"Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?", a demandé le président Trump, selon le Washington Post qui cite plusieurs sources anonymes assurant que le président faisait référence à des pays d'Afrique ainsi qu'à Haïti et au Salvador. Ces propos ont également été rapportés par le New York Times, qui cite des participants non identifiés à la réunion.
Vendredi, M. Trump a laissé entendre qu'il n'avait pas utilisé l'expression "pays de merde": "Le langage que j'ai utilisé lors de la réunion était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés", a-t-il tweeté.
Hypocrisie
"Si c'est confirmé, il s'agit de commentaires choquants et honteux de la part du président des Etats-Unis. Désolé, mais il n'y a pas d'autre mot que +racistes+", a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.
"Président Trump, un jour, je vous emmènerai dans un pays de merde appelé le Ghana", a écrit le Ghanéen Edmond Prime Sarpong sur Facebook.
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"Le premier arrêt sera le château de Osu, ensuite le château d'Elmina et puis les plus de 40 forts ayant servi à détenir environ 30 millions d'esclaves battus et emmenés en bateau (vers les Amériques, ndlr), serrés comme dans une boîte de sardines. Ensuite, je vous raconterai l'histoire de l'Afrique et comment des gens comme vous en ont fait un continent de merde", a-t-il poursuivi.
Le commentateur politique kényan Patrick Gathara a déclaré à l'AFP que les propos de Donald Trump ne constituent "rien de nouveau" de la part d'une administration américaine "raciste et ignorante", ainsi que de la part de l'occident en général.
"Ce n'est pas différent de ce qu'Hollywood ou les médias occidentaux disent de l'Afrique depuis des décennies", a-t-il dit. "Ce qui est encore plus insultant, c'est l'hypocrisie de tous ceux qui condamnent Trump - et il doit être condamné - sans regarder leurs propres langage et conduite".
Continent béni
L'activiste kényan Boniface Mwangi a appelé sur Twitter à "ne pas confondre les dirigeants de merde que nous les Africains élisons, avec notre beau continent". "Notre continent est le plus béni de tous, mais il a été violé par des impérialistes en collaboration avec nos dirigeants merdiques pendant des générations".
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En Afrique du Sud, le parti au pouvoir Congrès national africain (ANC) a qualifié les propos de M. Trump d'"extrêmement offensants" alors qu'Ateny Wek Ateny, porte-parole du président du Soudan du Sud, pays en guerre depuis décembre 2013, a lui qualifié les déclarations de M. Trump de "scandaleuses".
Une résidente de la capitale sud-soudanaise Juba a toutefois affirmé à l'AFP que les commentaires de Trump étaient "très pertinents": "C'est grâce à nos dirigeants africains qu'on nous insulte de la sorte". Au Nigeria aussi, beaucoup ont assuré sur Twitter que leur pays était bien "un pays de merde".
L'humoriste sud-africain Trevor Noah, présentateur de l'émission "Daily Show" sur la chaîne américaine Comedy Central, s'est pour sa part dit "offensé" car ressortissant du "Pays de merde du sud", référence humoristique à son pays d'origine.