Après les vives tensions entre les deux pays au sujet de la souveraineté de Halayeb et Shalateen, revendiquées par le Soudan et dont l’Égypte ne souhaite pas en discuter, le temps est à l’apaisement.
Suite à la rencontre fructueuse entre les deux chefs d’État en marge du sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en janvier dernier à Addis-Abeba, la tension était retombée entre les deux pays. Les deux chefs d’État avaient alors décidé de former un Comité ministériel chargé de régler les trois principaux points de discorde entre les deux pays. Depuis, des réunions quadrilatérales entre les ministres des Affaires étrangères et les chefs des services de renseignement des deux pays ont été organisées au Caire.
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Après les discussions quadrilatérales, cette visite du président soudanais Omar el-Béchir doit permettre aux deux chefs d'État d’arrondir les angles et de traiter les dossiers qui ne l’ont pas été au niveau au niveau ministériel.
En gros, les deux chefs d’État sont revenus sur trois dossiers clés. D’abord, il y a le problème du triangle de Halayeb, territoire riche en minerais, dont l’Égypte et le Soudan se disputent la souveraineté. La tension était montée d’un cran lorsque la presse avait fait écho, en marge de la visite de Recep Tayeb Erdogan à Khartoum, de la mise en place d’une base militaire turque sur une île soudanaise en mer Rouge, suscitant l’inquiétude du côté égyptien. Au vu des dissensions entre la Turquie et l’Égypte, cette situation n’avait pas manqué d’irriter Le Caire, d’autant que l’île en question fait partie du triangle frontalier de Halayeb, pomme de discorde entre les deux pays.
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L’autre sujet dont les deux chefs d’État ont discuté est relatif aux accusations du Soudan contre l’ingérence égyptienne dans ses affaires internes. Le Soudan avait accusé l’Égypte de tenter de déstabiliser son pays à partir de l’Érythrée. Khartoum avait même déclaré l’état d’urgence dans la région frontalière de ce pays et touchant également toute la zone du triangle de Halayeb.
Le dernier sujet a trait au grand barrage de la Renaissance éthiopienne que l’Égypte considère comme une menace existentielle. Dernièrement, l’Égypte avait souhaité écarter le Soudan des négociations tripartites –Égypte-Soudan et Éthiopie- sur la gestion du problème que soulève le barrage éthiopien, avançant que le Soudan soutenait l’Éthiopie dans la réalisation de cet ouvrage. Situation qui avait poussé le gouvernement soudanais à rappeler son ambassadeur au Caire.
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A l’issue de cette visite, le président al-Sissi a déclaré que le Soudan et l’Égypte étaient «déterminés à travailler ensemble, ainsi qu’avec les frères en Éthiopie, pour parvenir à un partenariat autour du fleuve du Nil bénéfique à tous, et ne nuisant à aucune partie».
Enfin, il faut souligner que cette visite intervient à quelques jours des élections présidentielles égyptiennes prévues du 26 au 28 mars courant.