Ce type d'enlèvement de masse d'élèves est sans précédent au Cameroun. Il est pratiqué dans le nord du Nigeria voisin par le groupe jihadiste Boko Haram comme à Chibok où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées dans leur internat en 2014, suscitant l'indignation du monde entier.
Outre les 79 élèves, le principal de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest), un enseignant et un chauffeur ont également été kidnappés par des hommes armés non identifiés, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale camerounaise.
"Les recherches pour retrouver les otages ont été lancées, la mobilisation est totale", a ajouté cette source qui s'exprimait à l'issue d'une réunion de crise.
"L'établissement est quadrillé par les forces de sécurité. Nous n'y avons pas accès", a précisé la source proche de l'établissement.
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L'enlèvement des élèves dont les âges n'ont pas été dévoilés a été confirmé par une source proche de l'établissement et une source sécuritaire.
Dans une vidéo de 6 mn obtenue par l'AFP, onze garçons d'une quinzaine d'années déclinent un à un leur identité et indiquent avoir été enlevés à la Presbyterian Secondary School de Bamenda par les "Amba boys", les séparatistes anglophones.
"Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l'+Ambazonie+", l'Etat fantasmé que les séparatistes entendent créer, indique un homme au micro du téléphone filmant la scène.
La vidéo n'a pu être authentifiée de source indépendante.
"Plus de 700 élèves" étudient à la Presbyterian Secondary School, selon le site web de l'établissement qui souligne recevoir des élèves "de toutes les origines religieuses et linguistiques du Cameroun".
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"Tout ce que nous savons c'est que les élèves enlevés seraient essentiellement des garçons", a précisé la source proche de l'établissement.
Ecoles visées
Cet enlèvement de masse survient à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, réélu pour un septième mandat avec 71,28% des votes.
"Des enfants sont une fois de plus victimes d'une crise qui n'est pas la leur. RIEN ne peut justifier l'enlèvement d'enfants innocents!", a réagi sur les réseaux sociaux Allegra Maria Del Pilar Baiocchi, coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Cameroun.
Dans la même région du Nord-Ouest du Cameroun, le sous-préfet de l'arrondissement de Noni a également été enlevé dimanche.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016. Elle s'est transformée fin 2017 en conflit armé.
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Des affrontements entre armée et séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.
Les séparatistes ont décrété un boycott des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones.
Les attaques de séparatistes armés contre des écoles sont nombreuses depuis le début du conflit.
Mi-octobre, six élèves avaient été enlevés dans une attaque de lycée à Bamenda, selon des sources concordantes. Les autorités avaient démenti.
Le jour de la rentrée scolaire début septembre, un directeur d'école a été assassiné, un professeur mutilé et plusieurs lycées attaqués.
Bandes armées et pillards
Le conflit armé a redoublé d'intensité dans la région du Nord-Ouest après plusieurs mois d'accalmie, les affrontements s'étant concentrés durant l'été dans la région du Sud-Ouest.
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Le 30 octobre, un missionnaire américain a été tué par balles dans son véhicule à Bambui, en banlieue de Bamenda. Les raisons de son assassinat restent inconnues, mais l'Etat a accusé les "terroristes" d'être à l'origine de sa mort alors que Washington a évoqué des "tirs croisés".
Selon des sources concordantes, aux séparatistes armés se sont ajoutés des bandes armées qui rackettent les populations et les entreprises.
Les autorités, qui refusent le dialogue avec les séparatistes qu'elles qualifient de "terroristes", ont procédé depuis début 2018 à un important déploiement de forces de sécurité pour "rétablir l'ordre".
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG.
Dans la zone, plus de 300.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et d'autres sont parties au Nigeria voisin.