Après avoir tergiversé et entretenu un faux suspense durant plus d'une année, le FLN vient d'annoncer la candidature de ce dernier pour un cinquième mandat.
L’annonce a été faite ce samedi 9 février lors d’un meeting populaire à la Coupole du complexe olympique d’Alger en présence des partis soutenant la candidature de Bouteflika: RND, TAJ et MPA.
«En votre nom, et par devoir de gratitude, je suis honoré d’annoncer que le FLN présente comme candidat à la prochaine élection présidentielle le Moujahid Abdelaziz Bouteflika», a déclaré Moad Bouchareb, président de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Voilà ce qui confirme ce à quoi tout le monde s'attendait déjà, puisque les derniers développement ont montré une absence de consensus autour d'une personne de la coalition actuellement au pouvoir.
Car la deuxième personnalité politiquement crédible, qui aurait pu être potentiellement candidate, n'est autre que Ahmed Ouyahia, l'actuel Premier ministre et en même temps le leader du Rassemblement national démocratique.
Mais c'est cette dernière qualité qui est justement son point faible face à ses alliés, mais non moins rivaux, de l'historique Front de libération nationale (FLN).
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Bouteflika aura donc, très probablement, à affronter le Général Ali Ghediri, si ce dernier parvient à franchir l'étape ô combien difficile de la collecte de 60.000 signatures auprès d"électeurs algériens.
Il aura également, en face de lui, Ali Benflis, qui en est, quant à lui, à sa troisième candidature, après celles malheureuses, de 2009 et de 2014.
D'autres adversaires se trouvent également dans les starting-blocks, puisqu'au total 13 partis politiques et 126 particuliers, dits "indépendantse ont retiré un formulaire de candidature auprès du ministère de l'Intérieur à la date du lundi 29 janvier.
Mais, au final, devant l'ampleur de ce défi, beaucoup risquent de se désister en cours de route.
La candidature de Bouteflika a suivi un parcours tortueux avant d'en arriver à cette déclaration.
En effet, dès 2017, des voix isolées au sein de son propre parti, mais aussi au niveau de sa propre formation, mais aussi dans le milieu syndical et associatif se sont élevées pour en appeler à la candidature du président en exercice à un cinquième mandat.
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Mais face à la cacophonie dont lui-même était l'un des instigateurs, Djamel Ould Abbès, alors secrétaire général du FLN, avait appelé en février 2018 à ne plus évoquer l'hypothèse d'un cinquième mandat.
Toutefois, c'était là sans compter sur l'impertinence de Baha Eddine Tliba, député FLN, lequel, dès le lendemain de cet appel, avait annoncé la création d'une "Coordination pour le soutien à un cinquième mandat du président Bouteflika".
Le 1er mai 2018, lors de la fête du travail, ce fut au tour de Albdelmajid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), principale centrale syndicale du pays, de remettre à Bouteflika une "motion spéciale pour le cinquième mandat".
Djamel Ould Abbès, lui-même, finira par entretenir un certain flou artistique, dans une démarche où le burlesque se le dispute à l'hésitation, jusqu'à son éviction, en novembre 2018, de la tête du FLN.
En effet, en juillet, il avait publiquement annoncé la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, avant de se raviser et d'évoquer une "continuité".
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C'est à partir de cette période qu'intervient un personnage inattendu, que beaucoup croyaient pouvoir être le choix de la majorité, et surtout du FLN, au cas où Bouteflika ne se présenterait pas.
En effet, à la fin octobre 2018, après avoir passé un mois laborieux à faire chuter Saïd Bouhadja du perchoir où il était installé, les députés de la majorité y ont élu un fringant quadragénaire, Mouad Bouchareb.
Et dans la foulée, ils lui ont également confié le poste de secrétaire général du FLN. Les analystes politiques y ont, en conséquence, vu des actes qui préparaient Bouchareb à la succession de Bouteflika...
Surprenant, certes. Mais quand un chef de l'Etat n'a pas pris la parole devant son peuple depuis 2013, et qu'il ne pourra sûrement pas prêter serment une fois élu, après le 18 avril, il aurait alors été plus sage qu'il ne se déclarât pas candidat à un cinquième mandat.