«J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation», a déclaré le président de la République lors d'un discours à la nation ce mardi 10 septembre 2019.
Le dialogue évoqué concernera également «des questions d’intérêt national telles que l’unité nationale, l’intégration nationale, le vivre-ensemble», a -il expliqué.
Les assises seront présidées par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, sur diverses questions comme «le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, le rôle de la diaspora dans le développement du pays, etc.».
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Ce «grand dialogue national» réunira notamment parlementaires, hommes politiques, leaders d’opinion, intellectuels, opérateurs économiques, autorités traditionnelles, autorités religieuses, membres de la diaspora, forces de défense et de sécurité, groupes armés et victimes.
Pardon
Cependant, le chef de l’État s'est voulu ferme au sujet du respect des décisions de justice. «La propagande des sécessionnistes a voulu présenter les décisions de justice récemment rendues à l’encontre d’un certain nombre de nos compatriotes, dans le contexte de cette crise, comme un obstacle au dialogue envisagé. Il n’en est rien», affirme Paul Biya.
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Avant d’ajouter: «Fouler aux pieds la règle de droit et assurer l’impunité à certains citoyens aboutiraient à préparer le lit de l’anarchie. Il est donc fondamental, à ce stade, de dissiper les rumeurs selon lesquelles l’on peut tranquillement piller, violer, incendier, kidnapper, mutiler, assassiner, dans l’espoir qu’un éventuel dialogue permettra d’effacer tous ces crimes et assurera l’impunité à leurs auteurs. Une telle façon de penser ne peut qu’encourager la perpétuation des violences dans les régions en crise et même en susciter dans les régions où il n’y en a pas».
Le chef de l’Etat n’écarte cependant pas complètement la possibilité d'un «pardon». «Il est toutefois vrai que dans le cadre d’un dialogue, d’un processus de paix ou de réconciliation nationale, il puisse être envisagé l’éventualité d’un pardon, dans certaines conditions. Il est tout également vrai qu’aux termes de notre Constitution, le Chef de l’État est habilité à user d’un droit de grâce», précise le président.
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Par ailleurs, Paul Biya a réitéré son offre de paix aux bandes armées qui déposeraient les armes, et interpellé certains pays d'où agissent certains sécessionnistes. «S’ils se soucient réellement de la situation des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qu’ils agissent contre ces criminels. La plupart n’ont plus la nationalité camerounaise, mais ils passent leur temps à collecter des fonds pour perpétrer des actes terroristes au Cameroun», dit-il.