Vidéos. Algérie: des meetings électoraux perturbés, des jugements expéditifs et de lourdes peines à la clé

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Le 19/11/2019 à 13h18, mis à jour le 20/11/2019 à 17h05

VidéoLe régime durcit le ton envers les manifestants qui perturbent les meetings des candidats. Ceux qui ont perturbé le meeting de Ali Benflis, hier, lundi 18 novembre, ont été lourdement condamnés. La police a même eu recours à des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants.

Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée algérienne, a eu beau promettre qu’il ne donnerait pas l’ordre de réprimer le peuple, la réalité sur le terrain prouve le contraire. En effet, confronté aux perturbations des meetings des candidats, le régime, qui avait promu d’assurer le déroulement de la campagne et des élections présidentielles, a décidé de sévir face aux manifestants qui perturbent le bon déroulement de la campagne électorale.

Ainsi, après la perturbation du meeting de Ali Benflis, candidat à ces présidnentielles, au deuxième jour de la campagne, comme ce fut le cas lors de sa première sortie à Tlemcen, plusieurs manifestants ont été interpelés par les forces de l’ordre.

Les manifestants qui ont interrompu la réunion du candidat à Souk Ahras, à 450 km à l’Est d’Alger, ont scandé à son encontre les slogans: «Vous avez pillé le pays, voleurs» ont été arrêtées par des policiers en civil.

Les manifestants interpellés ont été rapidement présentés devant la justice qui les a lourdement condamnés. Accusés d’incitation à attroupement et d'entrave de la mission de l’instance indépendante des élections, quatre manifestants ont été condamnés à 18 mois de prison ferme par le tribunal de Tlemcen. Le même tribunal a condamné quatre autres manifestants à 2 mois de prison avec sursis.

Il s’agit des premières condamnations prononcées à l’encontre de manifestants accusés de perturber les meetings des candidats à ces élections. 

Des condamnations qui traduisent la volonté du régime de réduire au silence toutes les voix discordantes qui tenteraient d’empêcher le bon déroulement de la campagne électorale. 

Et pour bien montrer que le régime usera de toute la force nécessaire pour assurer le déroulement de la campagne, contrairement à la promesse de Gaïd Salah, les forces de l’ordre ont durement réprimé une marche pacifique à Tichy, dans la wilaya de Béjaia, hier, lundi 18 novembre, pour dénoncer la tenue du scrutin du 12 décembre prochain.

La forces anti-émeutes ont fait usage de gaz lacrymogène et ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, blessant au passage nombre d'entre eux.

Suite à cela, une grève générale, très largement suivie, a été lancée à Tichy.

Face à cette situation, les ONG alertent l'opinion publique sur l’intensification de la répression des manifestations pacifiques, une répression qui risque de connaître une nouvelle dimension au fur et à mesure que la date fatidique du scrutin du 12 décembre prochain approche.

En tout cas, pour cette troisième journée de campagne, aucun candidat n’a pu réellement mener correctement sa campagne électorale.

Abdelmadjid Tebboune a été obligé d’annuler sa première sortie, alors que les autres candidats n’ont fait que de brèves apparitions dans des salles avant de disparaître sous une forte protection policière, bien plus nombreuse que les ceux venus l'acclamer .

Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, deux anciens Premiers ministres de Abdelaziz Bouteflika, sont considérés comme des symboles du «système», au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.

Une chose est sûre, cette campagne électorale s’annonce plus que complexe pour les cinq candidats en lice, qui ne se déplacent que sous forte escorte policière et sous les huées des manifestants, qui tentent d’intensifier leurs protestations afin de faire avorter le calendrier électoral de Gaïd Salah. Reste à savoir jusqu’où ira le régime dans sa répression face au peuple?

Par Karim Zeidane
Le 19/11/2019 à 13h18, mis à jour le 20/11/2019 à 17h05