Décidément, les successeurs de Mandela continuent à décevoir les Sud-Africains. La gestion catastrophique de la pandémie du coronavirus illustre une fois de plus leur lamentable échec. Bien que le pays ait participé aux essais cliniques pour les laboratoires AstraZeneca et Pfizer/BioNTech, les dirigeants du pays arc-en-ciel n’arrivent pas toujours pas à se faire livrer le plus petit lot de vaccins anti-Covid-19, ne serait-ce que pour immuniser le personnel de santé qui continue à payer un lourd tribut à la pandémie.
Du coup, les personnes les plus nanties ne comptent plus sur le gouvernement et tentent par tous les moyens de sauver leur vie en dehors du pays, s’il le faut. Ainsi, les milliardaires sud-africains se font vacciner l’étranger, notamment en Suisse, où nombre d’entre eux ont trouvé une planque et basé leur business face à l’échec de la classe dirigeante sud-africaine qui mène l’économie du pays vers le gouffre. D’ailleurs, après avoir été dépassée par le Nigeria au rang de première puissance économique africaine, l’Afrique du Sud vient de perdre sa seconde place au profit de l’Egypte.
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Ainsi, le milliardaire sud-africain Johann Rupert, âgé de 70 ans, patron du géant du luxe Richemont, seconde fortune d’Afrique du Sud avec plus de 7 milliards de dollars, a quitté l’Afrique du Sud en décembre dernier en jet privé pour se faire vacciner en Suisse. Mieux, l’argent ouvrant toutes les portes, il a obtenu son injection dans le cadre d’un groupe test de 12 patients avant même le début officiel de la campagne de vaccination.
Une situation qui a suscité une polémique en Suisse. Certains élus locaux ont en effet jugé que le milliardaire n’était pas éligible à cette vaccination, soulignant que la priorité était accordée aux personnes âgées de 75 ans et plus, alors que lui n’a que 70 ans. Toutefois, Rupert a était jugé éligible au vaccin en raison de son état de santé. Il fait partie des personnes à risque en raison d’une grave maladie cardiaque, de diabète, d’une pression sanguine élevée et de son surpoids. Au moins, lui a les moyens de se faire vacciner ailleurs qu’en Afrique du Sud, grâce à ses milliards qui lui permettent d’acquérir d’autres nationalités, à l’instar de son compatriote et homme le plus riche du monde Elon Musk, Sud-Africain devenu Canadien puis Américain.
Même en Afrique du Sud, les médias critiquent le milliardaire en l’accusant «d’avoir sauté la file d’attente».
Le milliardaire a réagi par ces mots: «il est important pour moi de montrer l’exemple à tous les employés de mon entreprise (…). C’est uniquement avec les vaccinations que nous parviendrons à trouver le chemin pour sortir de cette crise». Le groupe qu’il dirige avait exigé en décembre dernier que tous ses cadres dirigeants se fassent vacciner dès que possible pour encourager ses employés à faire de même.
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Seulement, l’arrivée des vaccins risque de tarder encore, à moins que Rupert et d’autres milliardaires sud-africains reprennent les choses en main pour sauver les populations sud-africaines de la gestion calamiteuse de cette pandémie par le gouvernement du président Cyril Ramaphosa, et ce à tout point de vue. Comment expliquer que les dirigeants sud-africains ne se soient pas positionnés sur l’achat de vaccins anti-Covid-19 au moment de l’annonce de leur mise sur le marché ?
Alors que le Maroc et l’Egypte s’étaient mêlés aux puissances occidentales pour acquérir rapidement les vaccins, en novembre 2020, le porte-parole du ministre de la Santé Popo Maja avait confirmé que l’Afrique du Sud n’avait conclu aucun accord sur les vaccins. Pire, même avec le programme Covax, le pays avait laissé passer la première date limite pour s’engager dans le mécanisme de financement de ce programme avant de se rattraper.
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Ainsi, à l’instar des pays des plus pauvres du continent, les dirigeants de la première puissance industrielle d’Afrique avaient décidé de compter uniquement sur le programme Covax initié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Alliance pour les vaccins (Gavi) pour s’approvisionner. Bizarrement, l’Algérie avait suivi le même chemin avant que la pandémie ne terrasse son président Abdelmadjid Tebboune et n’amène ainsi son gouvernement à mesurer enfin la gravité de la pandémie et à décréter le début de la vaccination en janvier sans avoir toutefois commandé de vaccins au préalable. Les Algériens, comme les Sud-Africains, attendent toujours les vaccins promis par leurs dirigeants.
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A l’opposé, le Maroc a été le premier pays africain à se positionner directement sur l’achat de vaccins, et ce auprès de nombreux laboratoires. Mieux, lorsque le laboratoire chinois Sinopharm a pris du retard sur ses livraisons, le Royaume s’est dirigé vers le Serum Institute of India et a pu négocier rapidement la livraison d’un premier lot de 2 millions de vaccins, en même temps que le Brésil.
Pourtant, l’Afrique du Sud, qui a été doublée par le Maroc, est le seul pays africain à avoir testé sur sa population les vaccins d’AstraZeneca-Oxford et de Pfizer/BioNTech. Mieux, alors qu’elle entretient des relations culturelles poussées avec l’Inde, l’Afrique du Sud, qui figurait parmi les premiers pays destinataires des expéditions de vaccins du géant indien Serum Institute of India, à côté du Brésil, après les pays voisins immédiats de l’Inde et les pays insulaires ayant de fortes communautés indiennes (Seychelles et Maurice), n’a rien obtenu à date d’aujourd’hui, contrairement au Brésil et au Maroc qui ne figuraient pas sur la première liste.
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Et si aucune explication n’a été avancée, la sortie du ministre de la Santé critiquant le prix payé par son pays pour acquérir le vaccin du Serum Institute en dit long sur la gestion pécuniaire de la pandémie par les successeurs de Mandela. Elle illustre aussi le peu d’empressement des dirigeants sud-africains à faire face à cette pandémie qui ravage leur population. Ainsi, après l’annonce des premières livraisons du vaccin d’AstraZeneca par le laboratoire indien, le ministre sud-africain de la Santé a expliqué que «le prix de 5,25 dollars (4,32 euros) est celui qui nous a été communiqué», expliquant que le prix du même vaccin produit par les laboratoires européens était de 1,78 euro seulement.
Pourtant, avec ses laboratoires pharmaceutiques, l’Afrique du Sud pouvait se lancer dans la production de vaccins anti-Covid-19 en Afrique, comme le Serum Institute. Le laboratoire local Aspen Pharmacare dispose à lui seul d’une capacité annuelle de fabrication de 300 millions de doses de vaccin.
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Conséquence de cette situation, le gouvernement sud-africain est sous le feu des critiques pour avoir tardé à lancer des commandes de vaccins pour sa population. Face à la polémique qui enfle et aux menaces de partis politiques d’ester en justice le gouvernement, le président Ramaphosa a annoncé avoir obtenu 20 millions de vaccins pour le premier semestre 2021 auprès de plusieurs laboratoires, sans préciser lesquels.
Enfin, rappelons que l’Afrique du Sud est le pays le plus touché par la pandémie du Covid-19 en Afrique avec 1,4 million de cas positifs, soit plus de 41% des cas confirmés en Afrique et plus de 40.000 morts, soit 47,62% des décès liés au Covid-19 au niveau du continent africain.