Cameroun: la demande en formations dans le cycle anglophone en hausse

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Le 30/08/2019 à 11h40, mis à jour le 30/08/2019 à 11h42

L'afflux dans plusieurs villes du pays d'élèves déplacés, du fait de la crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a contraint des établissements scolaires, initialement uniquement francophones, à ouvrir des sections bilingues. Explications.

La crise anglophone, qui sévit depuis presque trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun a fortement perturbé le déroulement normal des cours dans ces parties du pays, notamment à cause de diverses exactions et intimidations à l'encontre des élèves et du personnel enseignant.

Conséquence: avec le déplacement de ces populations vers des villes plus sûres, des élèves ont été obligés de poursuivre leur scolarité ailleurs.

D'où une forte demande enregistrée dans les établissements scolaires pour les formations dans le cycle anglophone, avec cet afflux des élèves qui ne parlent qu'anglais.

Selon le ministère des Enseignements secondaires, en 2018, près de 2300 élèves déplacés internes se sont inscrits dans différents établissements de Yaoundé, la capitale. Douala, la métropole économique et Bafoussam, capitale régionale de l'Ouest, sont également des villes très sollicitées par ces déplacés internes au pays. 

Les établissements scolaires, aussi bien dans le primaire que dans le secondaire, ont donc dû s'adapter.

D'où la création de nouveaux établissements bilingues, ou encore l'ouverture de sections anglophones dans des écoles qui n'en avaient pas.

Ainsi, le ministère des Enseignements secondaires a délivré une autorisation pour la création et le fonctionnement d'une dizaine d’établissements bilingues.

Une autre dizaine d'établissements, quant à eux uniquement dédiés au système francophone, ont été autorisée à ouvrir une section anglophone. Et la tendance va en augmentant.

«Ce passage était nécessaire. D'abord parce que le Cameroun est un pays bilingue et il faut implémenter ce projet du bilinguisme. Ensuite, le contexte nous donne de constater qu’avec la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, beaucoup d'élèves se retrouvent dans d'autres localités, dont Yaoundé», explique l'Abbé Nicodème Ondoa, principal du Complexe d'enseignement secondaire général et professionnel bilingue Mgr Jean Zoa à Yaoundé, l'un des établissements confessionnels les plus réputés de la capitale.

Infrastructures d'accueil

«Nous avons pris des dispositions supplémentaires pour recevoir un nombre important d'élèves déplacés du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous avons mis en place un système de subvention pour amortir leurs frais de scolarité», déclare Olivier Chia, principal de Pinnacle of Success Academy.

Le secteur primaire est bien évidemment lui aussi concerné. Pragmatique, le gouvernement a également simplifié le processus de création des établissements scolaires.

Outre la demande, il faut notamment apporter la preuve du besoin et de la disponibilité des infrastructures d'accueil et d'équipements.

Les promoteurs d'écoles clandestines guettent également avec convoitise ce nouveau marché, pour absorber une partie de la demande.

En effet, bien avant la survenue de la crise, la tendance des parents dans le pays était de plus en plus à la mode du système éducatif anglo-saxon.

Même les «francophones» y envoient davantage leurs enfants. Sur son site Internet, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime qu'au 31 mars 2019, il y a plus de 530.000 déplacés internes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest.

Ces chiffres sont cependant contestés par le gouvernement.

Selon le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, 27 attaques terroristes ont été perpétrées contre le système éducatif dans ces régions deux régions entre les mois de janvier et août 2019.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 30/08/2019 à 11h40, mis à jour le 30/08/2019 à 11h42