C'est à une vraie auto-immolation par le feu, et en série, des marchés à laquelle on assite au Cameroun. Ces lieux de commerce au coeur de la distribution de produits de toutes sortes portent en eux-mêmes les germes de leur propre destruction par des incendies récurrents.
Le dernier drame en date s'est produit dans la nuit du 11 au 12 novembre 2019. Un feu a ravagé le marché de Mboppi, l'un des plus grands espaces marchands de Douala, la métropole économique.
Un énième incendie dans ce marché qui a cette fois-ci vu partir en fumée une trentaine de boutiques.
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Les sinistres comme celui-ci sont plutôt récurrents dans les marchés du pays. Plus tôt dans l'année, toujours à Douala, un incendie a ravagé quelque 200 boutiques au marché Congo, une vingtaine à Mendong (Yaoundé, la capitale), quelques autres dizaines à Batouri, dans la région de l'Est, etc.
Une situation qui ne surprend guère. La plupart de ces marchés sont nés spontanément et les commerçants se sont installés de manière anarchique.
«La solution aux incendies dans les marchés de Douala est la construction dans les normes. La quasi-totalité des boutiques sont en matériaux provisoires, très peu sont en béton», explique Elise Koulong, commerçante. En cas de feu, la propagation des flammes se fait à la chaîne.
Par ailleurs, la qualité des installations électriques est déplorable. Dans les marchés, les fils électriques pendent partout, formant des «toiles d'araignée» ou des «nids», tant ils s'entremêlent. «Là, nous sommes dans le secteur couture.
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Chacun se branche au réseau électrique comme il peut. Il y a peu de disjoncteurs alors qu'il y a une multiplicité de machines à coudre en marche en même temps, avec des tissus facilement inflammables. Les fils sont basiques et non protégés. Il y a déjà eu un incendie ici. Ce ne serait pas étonnant que cela se reproduise», indique Abdoul, couturier au marché central de Bertoua.
Suite aux installations bricolées des matériaux douteux, ne respectant aucune norme de sécurité, il n'est pas surprenant que les départs de feux aient très souvent pour cause un problème électrique (court-circuit, surcharge électrique, retour brusque de l'électricité après une interruption, etc.).
De même, les marchés ont un taux d'occupation généralement élevé. Les commerçants s'installent comme ils peuvent. Dans ces conditions, la circulation est difficile à cause de l'étroitesse des voies d’accès, ce qui complique davantage l'intervention des sapeurs-pompiers qui font généralement face sur le terrain à l'absence de bouche d'incendie, lorsque celles-ci n'ont pas été bouchées suite au désordre urbain.
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Également indexées, les municipalités qui semblent se préoccuper davantage de collecter l'argent des taxes auprès de commerçants dans les marchés dont elles assurent la gestion, que de veiller au respect des normes de sécurité et d'hygiène.
Cependant, même pour ceux qui veulent effectuer des travaux, difficile de déloger les commerçants. C'est dans ce contexte que le gouvernement a inauguré récemment, deux marchés «modernes» construits par le Génie militaire à Bertoua et à Sangmélima, dans la région du Sud. Ce, après de graves incendies ayant ravagé la quasi-totalité des précédents espaces marchands de ces deux villes.
Des sites à la gestion plus stricte, bâtis sur de grandes superficies, spacieux avec des boutiques espacées, dotés d'une brigade d'intervention de sapeurs-pompiers, de panneaux solaires pour pallier les déficits énergétiques avec des fils électriques enterrés plutôt que dans les airs, etc. Autant de caractéristiques qui les distinguent des marchés traditionnels dans d'autres villes. En outre, dans le cadre du programme C2D (Contrat de désendettement et de développement), de nouveaux marchés devraient être construits dans certains chefs-lieux de région.