Cameroun: voici les causes des interruptions de la distribution de l'électricité

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Le 17/05/2020 à 08h16, mis à jour le 17/05/2020 à 10h13

Les coupures intempestives d'électricité se se multiplient dans les villes du pays. Des incidents sur les réseaux de transport et de distribution, qui nécessitent du reste d'importants investissements pour être mis à niveau, sont la principale cause de la fréquence de ces coupures.

«Eneo est informée d'un incident majeur survenu sur le réseau de transport d'électricité entraînant l'interruption du service dans le réseau interconnecté Sud». Tel est le message affiché sur la page Facebook d'Eneo Cameroon, concessionnaire du service de distribution de l’électricité au Cameroun ce samedi 16 mai 2020.

La veille, suivant une note d'urgence reçue, l'entreprise informait d'une perturbation du service électrique dans les régions de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral, du fait de contraintes de gestion du réseau de transport.

Depuis quelque temps, les Camerounais reçoivent régulièrement ces alertes d'Eneo. Ils ont également appris à vivre avec les perturbations dans la distribution de l'énergie électrique que ces incidents entraînent régulièrement dans certaines villes du pays.

Des délestages et rationnements qui entraînent généralement en conséquence, des perturbations dans le service de distribution d'eau potable de la Camwater. «Nous avons appris à faire des réserves pour l'eau. Heureusement que de plus en plus, Eneo communique sur les quartiers impactés», se lamente Rosalie Ekobo, ménagère et habitante de Yaoundé.

D'une part, nombre d'incidents sur le réseau électrique national sont causés par des accidents ou le vieillissement de certains équipements. C'était notamment le cas le week-end du 8 au 10 mai 2020, où une grande partie de Yaoundé a été privée d'énergie à cause de l'installation de deux postes transformateur d'une capacité de 50 MVA, sensés améliorer la desserte dans la capitale et réduire les pertes d'énergie dans le réseau de transport.

Ce dernier, dont la gestion incombe désormais à la Société nationale de transport de l'électricité (Sonatrel) est également vieillissant et nécessite d'importants investissements. «La Sonatrel est engagée dans un vaste programme de remise à niveau des réseaux de transport de l'électricité par anticipation au Cameroun», expliquait le directeur général de l'entreprise, Victor Mbemi Nyaknga, lors d'un récent incident sur le réseau.

En 2017, l’État a contracté un prêt de 325 millions de dollars (environ 191 milliards de francs CFA) auprès de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), guichet non concessionnel du groupe de la Banque mondiale, destiné au financement des activités de la Sonatrel.

Entre autres, l'opérationnalisation de l'entreprise et les investissements prioritaires pour moderniser et étendre le réseau public de transport de l’électricité. Des incidents à répétition qui dégradent davantage la réputation des deux entreprises (Eneo et la Sonatrel) auprès de l'opinion publique.

D'autre part, le système électrique camerounais est composé de trois réseaux interconnectés, ainsi que des centrales isolées.

Les centrales thermiques sont souvent sollicitées pour faire face à la demande. A ce niveau, les difficultés d’approvisionnement en fuel génèrent aussi des perturbations dans certaines villes. Ce, à cause notamment des problèmes de liquidités d'Eneo et des dettes de l'entreprise auprès des fournisseurs. Cette dernière étant notamment consécutive à l’accumulation des impayés de certains gros consommateurs. De même, la demande sans cesse croissante conduit à un déficit de production lors de certains pics.

«Au cours du second semestre de l’année 2019, l’État du Cameroun a fait des efforts pour apurer partiellement sa dette tout en permettant à Eneo de continuer à assurer les approvisionnements en combustibles des centrales. Toutefois, le montant des dettes cumulées reste encore très important et s’élève à plus de 180 milliards FCFA au 31 décembre 2019 (dont 63 milliards FCFA pour les seules entreprises publiques et/ou à capitaux publiques)», explique Eric Mansuy, directeur général d'Eneo sur le site Internet de l'entreprise.

Il indique également le besoin en investissements massifs dans le secteur. «Une bonne coordination entre les acteurs et des investissements massifs permettra certainement de réduire cette tension permanente entre l’offre et la demande. Les besoins d’investissements d’Eneo sur la période 2020-2031 sont estimés à 521 milliards FCFA (795 millions d'euros)», ajoute Eric Mansuy.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 17/05/2020 à 08h16, mis à jour le 17/05/2020 à 10h13