Il aura fallu trois mois au continent avec ses 1,32 milliard d’habitants pour franchir la barre des 100.000 contaminations. 2.768 cas le 18 mai, 3.386 le 19, 3.812 le 20 et hier jeudi 21 mai, le continent a cumulé 4.541 cas. Certes, l’évolution est beaucoup plus lente que dans le reste du monde, mais ces chiffres commencent sérieusement à en inquiéter plus d’un.
Force est néanmoins de constater que l’évolution est loin d’être uniforme d’un pays à l’autre au sein du continent. Durant ces derniers jours, plus du quart des contaminations sont en Afrique du Sud. En effet, entre le 15 et le 21 mai, il y a eu un peu plus 5.600 nouveaux cas dans la nation Arc-en-ciel, soit 26% d’entre eux à l’échelle du continent. Visiblement, cette évolution rapide est liée au déconfinement.
Lire aussi : Afrique du Sud. Covid-19: les experts de l'université du Cap prévoient 40.000 morts
Les autres pays où la progression s’avère la plus rapide se trouvent presque tous en Afrique subsaharienne, à l’exception du Maroc, de l’Algérie et de l’Egypte. Sur les bords du Nil, on a enregistré quelque 3.775 cas supplémentaires, soit 17,7% de l’ensemble du continent.
C’est dire que l’Afrique du Sud et l’Egypte, à elles seules, comptabilisent 43% de l’ensemble des nouveaux cas de cette semaine. Sur cette période, les autres pays dans le haut du tableau du total des contaminations, le Maroc et l’Algérie, ont réussi à contenir la progression à quelques centaines de cas seulement, avec respectivement 600 et 1.100 nouveaux cas.
Viennent ensuite les pays d’Afrique subsaharienne dont le Nigeria avec 1.500 nouveaux cas sur cette courte période de 6 jours, le Soudan (1.200 nouveaux cas), le Cameroun (800 nouveaux cas), le Ghana (600 nouveaux cas), la RDC (600 nouveaux cas), la Guinée (500 nouveaux cas), le Sénégal (500 nouveaux cas).
Lire aussi : Gabon. Covid-19: lancement d’un laboratoire de dépistage de masse d’une capacité de 10.000 tests par jour
Moins d’une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne sont donc en train de voir la pandémie leur échapper, à cause de son évolution très rapide.
Par exemple, avec une moyenne proche d’une centaine de cas quotidiens, le Sénégal est obligé de changer de stratégie de prise en charge pour la deuxième fois, en l’espace de trois semaines.
Le pays, qui avait déjà commencé la prise en charge extra-hospitalière dans des établissements de l’armée et d’autres centres aménagés spécialement, a décidé de confiner les malades directement chez eux. Néanmoins, cette forte progression du Covid-19 s’explique par l’allègement des mesures de lutte. Puisque, les restrictions dans les transports ont été levées, de même que l’interdiction de prier dans les mosquées, alors que les marchés et les souks hebdomadaires ont repris du service, comme si de rien n’était. Par ailleurs, plus de 80% des cas recensés dans le pays sont localisés à Dakar et à 90 km à la ronde, dans les départements de Thiès et de Mbour.
Au Nigeria, c’est l’Etat de Kano qui est devenu l’épicentre de la pandémie, alors que les craintes étaient beaucoup plus vives pour la mégalopole de Lagos. A cause d’un déficit de tests, le nouveau coronavirus s’est très vite répandu dans la population, occasionnant même une augmentation du niveau moyen de décès, notamment dans la capitale de l’Etat, Kano. Le Nigeria n’a toujours pas réglé la question des tests massifs.
Malgré ses 205 millions d’habitants, moins de 35.000 diagnostics ont été réalisés. Alors qu’un pays comme le Ghana en a déjà effectué quelque 187.000 depuis le début de la pandémie. Il est très possible que le nombre de cas ait été sous-estimé, de même que celui des décès qui est officiellement de 211. En effet, le gouvernement ne s’est toujours pas prononcé sur les cas de décès inexpliqué dans l’Etat de Kano.
Lire aussi : Covid-19: l’Algérie rend obligatoire le port du masque sans savoir où en trouver
Au Soudan, où la barre des 3.000 cas a été franchie, on est confronté à un problème similaire d’insuffisance de tests. Pour le dépistage, l’accent est mis sur les malades présentant des symptômes visibles et leur entourage direct. C’est ce qui explique qu’avec 3.000 cas officiellement décelés, le pays compte 121 décès, alors que pour un nombre de cas confirmés très proche au Sénégal, seuls 33 décès ont été comptabilisés.
Aujourd’hui, l’épicentre de la maladie s’y trouve à Khartoum, la capitale, qui compte plus de 2.500 cas. C’est dire qu’à part quelques poches d’infection, le reste du pays est majoritairement épargné.
Cette forte concentration des cas de contamination dans une seule région est commune à beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne. Par exemple, en Côte d’Ivoire, l’ensemble du pays s’est débarrassé du virus à l’exception d’Abidjan. C’est d’ailleurs ce qui explique que les personnes résidant dans la capitale économique doivent présenter un test négatif au Covid-19 pour pouvoir se déplacer. De même, au Cameroun, entre Douala et Yaoundé, on compte plus de 3.200 cas sur un total de moins de 4.300 dans l’ensemble du pays.
En revanche, le continent est relativement épargné concernant le nombre de morts. Car, à ce jour, il ne comptabilise que 3.100 décès environ, malgré ses 100.000 cas de contamination.