Depuis des semaines, le pays n'enregistre que 100 à 200 nouveaux cas par jour contre près de 900 fin juillet, ce qui a conduit lundi le président Uhuru Kenyatta à alléger un peu plus les restrictions, avec une réouverture des bars et un allégement du couvre-feu.
A Nairobi, capitale et épicentre de l'épidémie avec environ la moitié des 38.000 cas enregistrés depuis mi-mars, les établissements de santé, qui ont investi pour affronter "le pire", tournent bien en dessous de leur capacité.
"A partir de la première semaine d'août, cela a chuté brusquement (...) Tout le monde a vécu la même chose, c'était très soudain", témoigne Elijah Ongeri, directeur des soins au Metropolitan Hospital.
Dans ce petit hôpital privé qui s'adresse à la classe moyenne l'unité d'isolement est "presque fermée" et les soins intensifs ne comptent que "deux patients, arrivés le mois dernier".
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Le constat est le même à Kenyatta Hospital, l'hôpital public de référence au Kenya, tandis que les principaux laboratoires de la capitale observent, eux, une baisse des demandes de test.
"Au plus fort, début juillet, nous avions 1.700 demandes par jour (pour une capacité d'environ 1.000 tests par jour). Aujourd'hui c'est entre 200 et 400", explique Ahmed Kalebi, directeur de Lancet, un des principaux laboratoires privés de Nairobi.
93% d'asymptomatiques
Les professionnels de santé interrogés par l'AFP estiment le ralentissement du virus possible mais avancent aussi plusieurs explications à la chute des cas "visibles".
Contrairement au début de l'année, le gouvernement n'oblige plus les patients positifs à être hospitalisés, mais les encourage à rester chez eux. Et il ne paye plus pour les soins des familles modestes. L'immense majorité ne se rend donc plus à l'hôpital, ni ne se fait tester, d'autant plus qu'ils ont peur d'être stigmatisés.
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"Les gens ont compris qu'ils ne meurent pas, donc ils ne viennent pas en cas de symptômes, ils préfèrent rester chez eux, tant que ce n'est pas sévère", estime Jeremy Gitau, qui coordonne l'équipe de réponse au Covid-19 à Kenyatta Hospital.
Pour lui, "le nombre d'infections augmente mais les personnes qui nécessitent d'être hospitalisées non."
Le Kenya, pays à la population jeune, compte une faible proportion de cas sévères et totalise 700 décès. En août, le ministère de la santé observait même que 93% des personnes testées positives depuis mars étaient asymptomatiques.
Une autre variable pose question: le moindre nombre de contrôles. Le Kenya menait jusqu'à 8.000 tests PCR par jour fin juillet, contre 3.000 en moyenne ces dernières semaines.
Outre une plus faible demande, c'est aussi le résultat d'un changement radical de stratégie: le pays a abandonné les tests de masse et cible désormais certaines catégories de la population, principalement les symptomatiques et leurs contacts, ou encore les personnels de santé et les chauffeurs routiers.
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KEMRI, l'institut national de recherche médicale, pratique aujourd'hui "entre 200 et 500" tests quotidiens, contre 3.000 au maximum, y explique Joanne Hassan, l'une des microbiologistes.
Une décision prise mi-août notamment en raison d'une pénurie de réactifs, surtout dans le secteur public. Les hôpitaux publics kényans sont équipés de machines GeneXpert, qui permettent également de détecter la tuberculose. Or le Kenya manque actuellement de réactifs utilisés dans ces machines.
"Ils ont l'argent, ils ont le personnel, mais ils n'ont pas les cartouches", décrypte un membre d'ONG sous couvert de l'anonymat.
En retard
Pour Ahmed Kalebi, les chiffres officiels ne reflètent pas tout à fait l'étendue de l'infection. Mais sans que ce soit pour le pire.
"La bonne nouvelle, c'est que ce sont ceux à fort risque qui sont testés, donc on peut extrapoler. Les autres personnes sont encore moins susceptibles de l'avoir".
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De fait, le taux de positivité des tests est passé à l'échelle nationale d'un record de 13% fin juillet à environ 5% ces dernières semaines.
Interrogés sur le risque d'une deuxième vague, les experts interrogés ne sont cependant pas entièrement confiants. Tandis que le sous-équipement des petits hôpitaux de province, notamment en réactifs, préoccupe Mme Hassan, d'autres s'inquiètent de la capacité du Kenya à percevoir une possible recrudescence.
"Le pays risque de ne pas savoir qu'il est entré dans une seconde vague, avant deux à quatre semaines, un temps qui aura permis à l'infection de s'étendre largement", estime Kalebi, en référence aux délais de traitement.