Au Cameroun, l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2019 est dans tous les esprits. Surtout ces derniers jours. Et ce n’est pas l’euphorie. On ressent plutôt de l’inquiétude. Autant dans l’opinion nationale qu’internationale. Et il n’y a pas de véritables signaux pour rassurer.
Sur le terrain, les travaux n’ont pas l’air d’évoluer. Le Cameroun pourrait-il perdre l’organisation de la compétition sportive la plus prestigieuse du continent africain? En l’espace de quelques jours, l’Algérie et le Maroc, à travers les présidents de leurs fédérations de football respectives, se sont montrés disposés à accueillir la compétition. Coïncidence? C’est dans ce contexte lourd que le gouvernement camerounais est sorti de sa léthargie, en communiquant enfin sur la CAN 2019.
Ce mardi 18 juillet 2017, le ministre des Sports et de l’éducation physique, Bidoung Mkpatt a donné un point de presse sur les préparatifs de la CAN 2019. Le lieu choisi pour cet exercice, le stade Omnisports de Yaoundé, est loin d’être anodin.
Dans le même temps au Maroc, s’ouvrait le séminaire de la Confédération africaine de football (CAF). Celui-ci, selon certaines informations, pourrait renforcer le cahier des charges avec six villes hôtes au lieu de quatre, probablement applicable dès 2019. De quoi alourdir l’ambiance.
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«L’examen général des infrastructures nous permet de relever que sur les 32 stades (de compétition et d’entraînement) dont disposera le Cameroun, les onze qui ont servi lors de la CAN 2016 sont prêts, disponibles et fonctionnels. Les 21 autres ne le sont pas. Parmi ceux-ci, 14 sont à réhabiliter, 7 à construire. Les travaux des deux complexes les plus prestigieux, en l’occurrence Olembé et Japoma, ayant déjà démarré», déclare le ministre.
La veille, la société italienne Piccini, en charge de la construction du stade d’Olembé, dans la banlieue de Yaoundé, a donné des assurances sur l’usage des matériaux préfabriqués pour acélérer la réalisation de l'ouvrage. Le procédé devrait être identique du côté de Japoma, à Douala. Mais même jusque-là, le temps sera vraiment limite.
«Je voudrais rassurer l’opinion nationale et internationale que malgré les contraintes liées à l’adversité de la conjoncture économique actuelle et à la préservation de la sécurité de notre pays, le gouvernement est totalement engagé à remplir le cahier de charges de la CAF. A cette date, aucune mission de la CAF faisant état d’un quelconque retard dans les préparatifs de la CAN 2019 n’a été enregistrée. La première mission d’inspection est prévue au Cameroun dans quelques semaines», tente de rassurer le ministre des Sports. Il en appelle par ailleurs à la mobilisation de toutes les compétences du pays, pour que chacun, à sa manière, apporte sa pierre au succès de cette compétition.
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En ce qui concerne les autres infrastructures, le pays compte notamment capitaliser sur l’héritage de la coupe d’Afrique des nations féminine organisée en décembre 2016. Pour ce qui est des hôtels, les capitales politique et économique, Yaoundé et Douala, disposent des infrastructures hôtelières aux normes prescrites par la CAF. Idem pour Limbé qui a accueilli la poule B de la CAN féminine. Ce sont les villes de Bafoussam (Ouest du pays) et Garoua (Nord) qui pourraient poser des difficultés. Des projets sont engagés en vue de la mise à niveau ou de la construction des hôtels qui répondent aux standards.
Concernant les infrastructures aéroportuaires et routières, les aéroports de Yaoundé, Douala, Garoua et Bafoussam sont fonctionnels, tandis que les voiries urbaines sont en cours de réhabilitation. Même si ces aéroports sont utilisés par la compagnie aérienne nationale, Camair-Co pour ses dessertes internes, des rénovations seront nécessaires. Notamment à Garoua, où le ministre des transports s’est rendu il y a quelques jours. Il y a annoncé un montant de 20 milliards de FCFA pour divers travaux.
Le volet évènementiel sera mis en œuvre par le Comité d’organisation local. Selon le ministre des Sports, les procédures d’usage sont en cours avec toutes les parties prenantes pour la mise en place à brève échéance des différentes commissions techniques chargées de l’organisation pratique des activités. Ici, pas trop d’inquiétude. L’expertise locale a déjà fait ses preuves. En effet, le Cameroun a été primé lors de la dernière édition des Heavent Awards à Cannes en France. Ce, pour l’organisation réussie des cérémonies d’ouverture et de clôture de la CAN féminine.
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Si les préparatifs de la CAN 2019 semblent pour l’heure balbutier, il est cependant un fait indéniable. Le sport, notamment le football, est l’une des disciplines majeures au centre des préoccupations du gouvernement camerounais. Et l’organisation de la CAN 2019 revêt une importance particulière. «L’attribution de l’organisation de la CAN 2019 après la CAN féminin 2016, est considérée comme une victoire diplomatique et sportive. L’organisation de ces deux grandes compétitions par le Cameroun participe de la politique de promotion des potentialités des jeunes de notre pays. Elle contribue également à améliorer le rayonnement et l’image de marque du Cameroun tant à l’intérieur qu’au-delà de nos frontières», a précisé le ministre des Sports.
Pour d’aucuns, la compétition est même un argument de campagne électorale dans la perspective des élections en 2018. Pas question qu’elle échappe au Cameroun!
Au milieu de cette grisaille, un seul point positif. C’est dans un contexte similaire qu’avaient débuté les préparatifs de la CAN 2016, avant que tout ne s’accélère d’un coup. La compétition, de l’avis général et même de la CAF, a été un grand succès. Du jamais vu même. Mais il faudra encore hausser le niveau d’un cran pour la CAN 2019. La dernière CAN organisée par le Cameroun remonte à 1972!