Côte d’Ivoire: le boom du secteur électrique va-t-il entraîner une nouvelle hausse des tarifs?

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Le 14/11/2016 à 17h58

Le gouvernement ivoirien compte doubler sa production d’énergie électrique d’ici 2020 en la portant à 4.000 mégawatts (MW). Les réalisations et les projets en cours montrent que le pays est en ligne avec ses objectifs. Mais à quel prix? Telle est la grande inconnue.

La Côte d’Ivoire tient le bon bout pour la réalisation de ses ambitions dans le secteur énergétique. Dans un rapport datant de fin octobre et rendu public la semaine dernière, le cabinet international Oxford Business Group (OBG) confirme cette perspective avec le développement de plusieurs projets en vue.

Le dernier en date est celui du groupe français Eranove qui a signé, début septembre, un accord avec le gouvernement ivoirien pour la construction d’une centrale électrique à «cycle combiné» d’une puissance de 350 à 400 mégawatt (MW).

Un accord signé une semaine seulement après une décision prise par le gouvernement visant à accroître la capacité des deux plus importantes centrales à turbines à gaz du pays (les centrales privées de Ciprel et d’Azito à Abidjan) au cours des trois prochaines années, informe OBG.

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La première verra sa capacité installée augmenter de 70% pour atteindre 556 MW d'ici février prochain. Selon les prévisions du gouvernement, la capacité de production de la centrale de Ciprel devrait connaître une nouvelle hausse de 350 MW supplémentaires d’ici à 2019.

En juin 2015, 400 millions d’euros ont été investis dans un programme d’expansion de la centrale d’Azito Energie et celle-ci a plus que doublé son offre pour passer de 277 MW à 707 MW.

Outre l'augmentation des capacités installées, cette ambition passera par une libéralisation du secteur électrique comme l'a réaffirmé en octobre dernier la tutelle. Cette option, maintes fois évoquée, vise à trouver un concurrent au concessionnaire du service public de l’électricité, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), et ce afin de faire face à la hausse annuelle moyenne de la demande de l'ordre de 10%. L’objectif visé étant de ramener les tarifs d'électricité à la baisse.

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Toutefois, le rapport n’aborde pas la question qui fâche, à savoir le prix que le citoyen devra payer pour financer ces investissements. Car, après les émeutes des mois derniers suite à la hausse des factures, le gouvernement avait évoqué en filigrane qu’il entendait réduire le déficit financier du secteur qu’il couvrait à coups de subventions. Et pour faire plus précis, le représentant de la Banque mondiale avait signifié à la presse locale, en octobre dernier, qu’il fallait s’attendre à de nouvelles hausses des factures. Une sortie que n’avaient d’ailleurs pas commenté les autorités.

La question reste en suspens et c'est presque un sujet tabou. Approché, un expert proche du gouvernement a indiqué que la Côte d’Ivoire ne pouvait pas retarder certains investissements importants au regard de ses ambitions tout comme elle ne pouvait rassurer ses partenaires en continuant à subventionner le secteur. Que faut-il y comprendre finalement ?

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 14/11/2016 à 17h58