Mali: le ton monte entre pouvoir et opposition à deux mois de la présidentielle

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Le 04/06/2018 à 08h32

Le gouvernement malien a jugé dimanche "mensongères et calomnieuses" les affirmations de l'opposition, qui lui a d'abord reproché d'avoir fait usage de "balles réelles" lors de manifestations la veille à Bamako avant de réclamer une "enquête", à deux mois de la présidentielle du 29 juillet.

Au lendemain de ces affrontements qui ont fait 25 blessés selon une source hospitalière, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est inquiété de "l'évolution de la situation" au Mali, où il s'est rendu la semaine dernière.

"J'ai appris avec indignation" par un communiqué de l'opposition "que mes services de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants le samedi 2 juin 2018, regroupés devant le siège de l'ADP-Maliba", un parti d'opposition, a déclaré dans un communiqué le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maïga.

"Je dément formellement et avec vigueur cette affirmation mensongère et calomnieuse qui relève de l'affabulation et qui n'a d'autre but que de distraire le peuple et le gouvernement maliens des préoccupations du moment que sont la paix et la sécurité pour des élections transparentes, justes et crédibles", a-t-il ajouté, en lançant un appel à la "responsabilité et la mesure des uns et des autres pour relever ensemble le défi des élections 2018 réussies, gage de stabilité" pour le Mali.

"Personne parmi les blessés n'a passé la nuit à l'hôpital, aucun blessé par balle n'a été enregistré", a précisé le conseiller en communication du Premier ministre, Cheick Oumar Coulibaly, alors que, selon l'hôpital Gabriel Touré de Bamako , "il y a eu 25 blessés admis aux urgences", mais aucun touché par balle.

"Eviter une crise"

Interrogé dimanche par l'AFP, le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, a réclamé "une enquête", après que son chef de cabinet samedi, puis lui-même dans un communiqué dimanche matin, ont affirmé que les services du Premier ministre avaient fait usage de "balles réelles" lors du passage de son convoi à proximité du siège de l'ADP, où les dirigeants de l'opposition s'étaient rassemblés.

Lors d'une conférence de presse aux allures de meeting, Soumaïla Cissé a dénoncé une "atteinte intolérable aux libertés fondamentales", arguant que l'opposition avait déjà organisé de grandes manifestations en dépit de l'état d'urgence, argument avancé par les autorités pour interdire les rassemblements samedi.

"Il faut éviter absolument une crise électorale en instaurant le dialogue", a ajouté Cissé, 68 ans, candidat déclaré à l'élection présidentielle, au cours de laquelle le président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, briguera un second mandat.

L'opposition manifestera à nouveau le 8 juin pour "réclamer des élections transparentes et un accès équitable à l'ORTM", la radio-télévision publique, a-t-il ajouté.

Dès samedi soir, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré "suivre avec préoccupation l'évolution de la situation au Mali", où il s'est rendu les 29 et 30 mai.

Il a appelé "toutes les parties au calme et à la retenue" afin de "maintenir un environnement propice à la tenue d'élections crédibles et transparentes" et déploré "l'interdiction par le gouvernement de la tenue de manifestations des partis de l'opposition".

Tenues antiémeutes

Vingt-quatre heures après les marches de l'opposition, des policiers en tenues antiémeutes étaient encore visibles à plusieurs carrefours de la capitale malienne, a constaté un correspondant de l'AFP. La veille, les forces de l'ordre avaient fait usage de matraques et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants dans plusieurs endroits Bamako.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Malgré un accord de paix signé en mai-juin 2015, les violences ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires qui ont fait des dizaines de morts.

Le gouvernement a officiellement convoqué fin avril le corps électoral pour le scrutin du 29 juillet, pour lequel une quinzaine de candidats se sont déjà déclarés. La campagne officielle doit débuter le 7 juillet.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 04/06/2018 à 08h32