Maroc-Cameroun: les entreprises, fer de lance d'un partenariat prometteur

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Le 03/05/2018 à 15h05, mis à jour le 03/05/2018 à 15h23

Véritables vecteurs de l'ouverture du Royaume sur l’économie du continent, les entreprises marocaines implantées au Cameroun jouent un rôle indéniable dans la consolidation du partenariat bilatéral et contribuent au développement de ce pays d’Afrique centrale.

Si certaines de ces entreprises ont réussi leur implantation dans l’économie locale, d’autres nourrissent de grandes ambitions, alors que d’autres encore consolident leurs positions. La banque figure parmi les secteurs qui enregistrent un franc succès dans une coopération maroco-camerounaise des plus prometteuses. En témoigne le partenariat paraphé, récemment à Yaoundé, par la Société commerciale de banque (SCB Cameroun), filiale d’Attijariwafa Bank.

En effet, dans le cadre de la consolidation de sa présence financière au Cameroun, la SCB a signé le 20 avril dernier une convention de partenariat avec l’African Guarantee Fund (AGF) portant sur un montant de 11 millions de dollars.

Ce montant représente la garantie partielle qu’AGF met à la disposition de SCB Cameroun pour lui faciliter l’octroi d’un crédit de 13 milliards de FCFA (24 millions de dollars) à la société Neo Industry qui construit une usine de transformation de fèves de cacao dans l’ouest du Cameroun.

Selon les termes de ce partenariat expliqués par Mohammed Mejbar, directeur général de la SCB Cameroun, le promoteur de l’usine apporte une partie du financement du projet et la banque va apporter l’autre partie, notant qu’AGF se porte garante du remboursement du crédit.

Justifiant la participation de la SCB Cameroun dans ce projet, M. Mejbar affirme que "c’est l’occasion pour nous de manifester une fois de plus notre volonté d’aider à développer le tissu économique du pays et surtout à apporter notre soutien à l’économie nationale et à la PME nationale".

Pour Emmanuel Neossi, président-directeur général de Neo Industry, cette usine aura une capacité de transformation de 34 000 tonnes de fèves de cacao par an et elle est censée générer 168 emplois directs et 250 emplois à temps partiel pour un total d’environ 2 300 emplois pour la population rurale.

Célestin Tawamba, président du Gicam interpatronal du Cameroun (Gicam), la principale organisation patronale du pays, s’est dit "très heureux de ce partenariat". "C’est un modèle qui va faire date et nous devons nous inspirer pour appeler les PME à suivre cet exemple", a-t-il soutenu.

Ce n’est d’ailleurs pas la première opération de cette nature de la part de SCB Cameroun. En effet, David-Charles Mbedi Ekabouma, directeur des produits et financements structurés chez AGF, indique que "nous avons à ce titre un accord de partenariat de garantie de portefeuille avec la SCB Cameroun pour un montant de 5,5 millions de dollars au profit des entreprises camerounaises".

Avec 56 agences, 210 055 clients et 579 collaborateurs, la SCB Cameroun occupe le quatrième rang parmi les banques camerounaises, d’après le dernier classement annuel des meilleures banques africaines que publie chaque année le magazine Jeune Afrique.

Outre la SCB Cameroun et le secteur bancaire, quatre autres filiales d’entreprises marocaines opérant au Cameroun sont également bien connues du public. Il s’agit notamment de Cimaf Cameroun, filiale du groupe Addoha, du groupe immobilier Alliances Cameroun et de Wafa Assurances vie.

En 2012, le Groupe Addoha a construit, dans la zone industrielle de Bonabéri à Douala, une cimenterie d’une capacité annuelle de 500.000 tonnes pour produire du ciment de marque Ciment d’Afrique (Cimaf).

Ce faisant, Cimaf a contribué, avec le Nigérian Dangote, à retirer au français Lafarge le monopole qu’il avait longtemps exercé sur le marché camerounais avec sa marque Cimencam.

En avril 2017, l’entreprise annonçait même qu’elle allait tripler sa capacité de production dès l’année 2018 pour la porter à 1,5 million de tonnes, moyennant une extension de son usine de Bonabéri à Douala.

La filiale locale d’une autre entreprise marocaine opère dans le domaine de la consommation du ciment. Il s’agit du Groupe Alliances, très connu pour son ancrage dans l’immobilier au Maroc et ailleurs.

En décembre 2014, le groupe dirigé par Alami Lazraq se voyait attribuer un marché de construction de huit hôpitaux de référence dans huit chefs-lieux de provinces du Cameroun (Bafoussam, Bamenda, Bertoua, Buéa, Ebolowa, Garoua, Maroua et Ngaoundéré) dans le cadre d’un plan d’urgence pour la relance de la croissance décidé par le gouvernement.

L’entreprise devait construire simultanément 100 logements sociaux dans chacune de ces métropoles régionales et rénover les plateaux techniques des hôpitaux généraux de Douala et Yaoundé et du centre hospitalier universitaire de Yaoundé. L’enveloppe globale de ces marchés s’élève à 190 milliards de FCFA (presque 340 millions de dollars) financés avec le concours de Banque Atlantique Cameroun.

Dans le secteur de l’assurance, le marché camerounais a accueilli, en 2016, la compagnie marocaine Wafa Assurance Vie qui s’appuie sur les clients de la SCB Cameroun, banque avec laquelle elle partage la même maison-mère (le Groupe Attijariwafa), pour développer des produits de bancassurance.

Sur un autre registre, la présence marocaine dans le paysage camerounais a été des plus manifestes à travers le contrat d’affermage de 10 ans (2008-2018) qui a lié la CAMWATER (Entreprise publique concessionnaire du service de l'eau potable au Cameroun) et la Camerounaise des eaux (CDE), filiale de l’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE) .

Fer de lance de la politique africaine du Royaume, les entreprises et opérateurs économiques marocains implantés au Cameroun jouent ainsi leur rôle de vecteurs de partenariat bilatéral et d’acteurs d’une coopération de plus en plus florissante.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 03/05/2018 à 15h05, mis à jour le 03/05/2018 à 15h23