Banques marocaines: contributions significatives des filiales africaines aux résultats financiers

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Le 08/04/2018 à 15h25, mis à jour le 08/04/2018 à 15h26

Les filiales africaines continuent à jouer un rôle de relais de croissance des trois premières grandes banques marocaines: Attijariwafa bank, Banque populaire et BMCE Bank. Plus de 30% du Produit net bancaire et plus du quart du RNPG des trois banques sont réalisés par les filiales. Détails.

Les filiales africaines des trois grandes banques marocaines –Attijariwafa bank, Banque populaire et BMCE Bank of Africa-, prises globalement, se portent bien et constituent de véritables relais de croissance des banques marocaines qui font face à un marché local très concurrentiel et mature.

Les contributions des filiales africaines aux résultats des trois groupes bancaires sont en hausse continue. Ainsi, le produit net bancaire agrégé des filiales africaines des trois groupes s’est établi à 15,7 milliards de dirhams, soit 30,56% des Pnb consolidés agrégés des trois groupes (51,35 milliards de dirhams). Au niveau des bénéfices, le Rnpg agrégé des filiales des groupes Attijariwafa bank et BMCE Bank of Africa s’est établi à 2,38 milliards de dirhams, représentant 32% des bénéfices des deux groupes (7,44 milliards de dirhams).

Cette évolution favorable s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs. Outre les taux de bancarisation faibles, dépassant, dans le meilleur des cas les 15%, les filiales des banques marocaines en Afrique bénéficient de l’expertise et de l’expérience de leurs maisons mères, notamment dans les domaines de la gestion des risques, des montages financiers, des effets de synergies groupe, etc.

Reste que le poids des filiales africaines dans les résultats des trois grandes diffère en fonction de la capillarité des groupes en Afrique, de la taille et du pourcentage de détention des filiales, de la touche managériale des banquiers marocains, de la qualité du portefeuille, de la dynamique de croissance des économies d’implantation, etc.

A ce titre, si le poids des résultats des filiales africaines des banques marocaines rapporté aux résultats financiers (produit net bancaire et résultat net) est plus significatif du côté de BMCE Bank of Africa. En valeur absolue, c’est Attijariwafa bank, le leader du secteur bancaire marocaine, qui réalise les meilleures performances.

Attijariwafa bank: 32% du RNPG vient des filiales africaines

Le groupe Attijariwafa bank, présent dans 16 pays africains, a réalisé au titre de l’exercice 2017 un PNB consolidé de 21,6 milliards de dirhams, en hausse de 10%. La contribution des filiales africaines s’établit à 7,02 milliards de dirhams, soit 32,5% du PNB consolidé à fin 2017, contre 29% à la même période de l’année dernière. Mieux, au niveau du résultat net part du groupe, celui-ci a progressé de 13,3% à 5,4 milliards de dirhams tiré par les filiales africaines avec un RNPG en hausse de 45,2% (14,8% à périmètre et taux de change comparable) à 2,76 milliards de dirhams.

Les filiales africaines pèsent ainsi 32% du RNPG, contre 23% en 2016, contribuant ainsi fortement à l’amélioration des résultats de la première banque du Maroc et du Maghreb. Les filiales ayant le plus contribué au RNPG sont Attijariwafa bank Egypt (397 millions de dirhams –MDH), CBAO Sénégal (281 MDH), Atijari Bank Tunisie (266 MDH), SIB-Côte d’Ivoire (265 MDH), UGB-Gabon (119 MDH) et CDC-Congo (115 MDH).

La forte hausse de la contribution des filiales africaines s’explique aussi bien par l’effet d’une croissance organique consécutive au développement des filiales qu’à l’effet de changement de périmètre avec la consolidation de l’activité d’Attijariwafa bank Egypt pour 8 mois de l’exercice 2017. D’ailleurs, celle-ci, acquise à 100% par Attijariwafa bank a été la seconde contributrice au RNPG du groupe.

Le poids des bénéfices des filiales s’explique par le pourcentage de détention des filiales africaines, le groupe Attijariwafa bank privilégiant dès le départ le contrôle majoritaire du capital afin de mieux implémenter sa stratégie et son modèle de management.

Cette part des filiales dans des résultats du groupe va connaître une hausse significative au titre de l’année en cours. En effet, pour l’exercice 2018, la consolidation de la filiale égyptienne sera sur 12 mois. Celle-ci a un potentiel de croissance important. Outre l’implémentation du modèle de management d’Attijariwafa bank, Attijariwafa bank Egypt va bénéficier d’un environnement plus favorable avec la reprise de la croissance économique égyptienne (l’Egypte va afficher la plus forte croissance des économies de la région MENA en 2018 et 2019). En plus, avec un marché de 96 millions de consommateurs et un PIB de 330 milliards de dollars, l’Egypte, la 3e puissance économique d’Afrique, est un marché à fort.

Du côté des perspectives, celles-ci s’annoncent bonnes. En plus, le groupe est encouragé dans son processus de développement par sa maison mère Al Mada (ex SNI) dont les contributions des activités à l’international sont passées à 27% en 2017, contre 11% en 2016. Al Mada vient de confirmer son ambition de se développer davantage au niveau du continent en tant que fonds d’investissement panafricain.

BMCE Bank of Africa: 44% du PNB du groupe

La banque la plus présente en Afrique avec une présence dans 19 pays vient confirmer l’apport de ses filiales africaines et la justesse de son investissement en Afrique. En effet, les filiales du continent pèsent de plus en plus dans les résultats de BMCE Bank of Africa (BBoA). Au titre de l’exercice 2017, le PNB du groupe s’est établi 13,4 milliards de dirhams, en hausse de 3%. A ce titre, les filiales africaines ont pesé 44% du PNB consolidé du groupe pour un montant de 5,9 milliards de dirhams.

Du côté des bénéfices, BBoA a réalisé un RNPG stable à 2,04 milliards de dirhams. A noter qu’après BMCE Bank Maroc, Bank of Africa a été le second contributeur au bénéfice du groupe avec un résultat en hausse de 13% à 76 millions d’euros. Au total, les filiales africaines ont généré un Rnpg de 0,65 milliard de dirhams, soit 32% du RNPG du groupe BMCE Bank of Africa.

Banque centrale populaire: 17% du PNB du groupe

Le groupe Banque centrale populaire a affiché au titre de l’exercice 2017 sa croissance avec un PNB consolidé en hausse de 4,5% à 16,36 milliards de dirhams et un RNPG en évolution de 7,5% à 2,8 milliards de dirhams.

Parallèlement, le groupe a vu la contribution de sa Banque de détail à l’international (BDI) qui regroupe les activités des filiales africaines (Banque de détail, métiers spécialisés et Banques d’affaires) croître grâce aux bonnes performances financières de sa filiale Atlantic business international (ABI), présente dans 10 pays et dont le groupe BCP détient 68,46% du capital, croître.

Ainsi, au terme de l’exercice 2017, le PNB consolidé de la BDI a atteint 2,78 milliards de dirhams, représentant 17% du PNB consolidé du groupe, contre 16% en 2016 et 15% en 2015.

Selon le groupe, ABI a vu également son résultat net croître de 45% en 2017 par rapport au résultat de 2016.

Toutefois, l’ambition du groupe est de porter la part de l’international à hauteur de 30% de son activité. Pour y arriver, après le processus de restructuration, le groupe a défini en 2017 une nouvelle vision stratégique pour l’international, baptisée «Elan 2020», avec pour ambition de construire le premier groupe bancaire panafricain, solidaire et ancré localement.

A ce titre, le groupe a affirmé sa volonté explicite de poursuivre son développement en Afrique via notamment des acquisitions. Cette stratégie d’expansion s’est concrétisée avec l’acquisition de deux établissements bancaires à Maurice, une place financière importante au niveau du continent, et à Madagascar. 

Par Moussa Diop
Le 08/04/2018 à 15h25, mis à jour le 08/04/2018 à 15h26