«Quelles opportunités de développement de l’Afrique grâce au tourisme?», la 16e édition des rencontres «Les Mardis du Tourisme» s'esttenue hier à Casablanca sous un thème d’actualité, à un moment où de nombreux pays africains annoncent leur stratégie touristique, visant à faire de ce secteur un important vecteur de création de valeur ajoutée et d’emplois.
Principalement animée par Leila Farah Mokaddem, Représentant résidente pour le Maroc de la Banque africaine de développement (BAD), cette rencontre, a souligné Othman Chérif Alami, Président d’Atlas Voyages, intervient après la faillite du voyagiste britannique Thomas Cook, l'un des acteurs majeurs du tourisme en Afrique, et après l’engouement et la forte présence des pays africains au salon Top Resa de Paris, en France, l'un des salons majeurs du tourisme mondial.
Ces deux faits attestent incontestablement de l’intérêt des pays du continent pour le développement de leur secteur touristique.
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D’emblée, Leila Farah Mokaddem, qui connaît bien le continent et le tourisme en Afrique, pour avoir exercé ses responsabilités, dans le cadre de ses attribitions à la BAD, dans plusieurs pays à vocation touristique dans le continent (comme la Tunisie, l'Egypte, le Sénégal, ou encore le Maroc) a rappelé que pour l'organisme dont elle est la représentante, «le tourisme africain est stratégique, du fait qu’il s’agit d’un secteur créateur de valeur et d’emplois».
Toutefois, à l’heure actuelle, les potentialités du tourisme en Afrique sont très faiblement exploitées. En conséquence, le continent n’a accueilli qu’un peu plus de 75 millions de touristes sur un total mondial de 1,4 milliard de visiteurs pour l'année 2018, soit 5,3% du tourisme mondial.
Et avec un peu plus de 12,3 millions de touristes, le Maroc est aujourd'hui leader en Afrique, a-t-elle souligné.
En ce qui concerne les recettes touristique, le continent africain a engrangé environ 50 milliards de dollars sur un total de 1.700 milliards de dollars, soir à peine 3% des recettes touristiques mondiales.
Le tourisme est, pourtant, une industrie fortement créatrice d’emplois sur le continent. En 2018, le secteur comptait en effet un total de 24,3 millions d’employés, c'est 6,7 % des emplois totaux du continent.
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Selon les projections de l’Organisation Mondiale du Tourisme, l’Afrique devrait attirer 81,3 millions de touristes en 2019 et l’industrie touristique du continent devrait continuer à croître à un taux de 7% annuellement.
Toutefois, malgré son important potentiel, l’Afrique reste largement à la traîne, et attire bien moins de touristes qu'une destination comme l’Espagne. Le pays, à lui seul, totalise en effet 83 millions de touristes pour l'année 2018. La France, quant à elle, caracole dans le trio de tête des destinations touristiques mondiales, avec, pour l'année 2018, 89 millions de touristes.
Pourtant, «le patrimoine touristique africain est exceptionnel», souligné Leila Farah Mokaddem, mais les potentialités touristiques du continent ne sont pas encore exploitées.
C’est dans cette optique que la BAD apporte sa contribution pour faire du tourisme africain un catalyseur du développement économique du continent. L’institution bancaire panafricaine intervient en effet via plusieurs canaux, visant à développer les écosystèmes touristiques des pays du continent.
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A titre d’exemple, la BAD contribue au financement des infrastructures de base du tourisme et les aéroports africains.
C’est ainsi le cas au Maroc, avec l’extension et la modernisation de l’aéroport de Marrakech Menara, dont le nouveau terminal a bénéficié d’un prêt de 240 millions d’euros de la BAD alloué à l’Office national des aéroports (ONDA).
La BAD est, du reste, l'unique bailleur de fonds à avoir participé au financement de ce nouveau terminal.
Avec ce nouveau terminal, l’aéroport de Marrakech a augmenté sa capacité de traitement de passagers de 6 millions supplémentaires, pour atteindre 9 millions de passagers annuels, ce qui permet de faire face à l'important flux de touristes qui arrivent dans la ville ocre, désormais première destination touristique du Maroc.
Pour la BAD, ce financement entre dans le cadre de ses 5 priorités de développement, définies dans sa stratégie «Intégrer l’Afrique».
La BAD contribue aussi au financement de l’écosystème touristique de différentes destinations du continent, notamment en contribuant au développement de l’écotourisme et à l’inclusion touristique.
Enfin, l’institution panafricaine accompagne les startups africaines du secteur touristique, dans le but de dynamiser l’écosystème entrepreneurial africain dans le domaine du tourisme.
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Pour l’assistance, face l’inadaptabilité du financement bancaire classique au besoin du secteur –crédit à long terme et crédit-risques-, le soutien de la BAD est aujourd'hui plus que jamais sollicité pour la réalisation de certains projets touristiques.
En réponse, a Représentant résidente pour le Maroc de la Banque africaine de développement a souligné que «la BAD veut contribuer à libérer le potentiel touristique africain en contribuant à l’amélioration de l’attractivité touristique du continent», ce qui passe, selon elle, par l’accompagnement des différentes destinations touristiques du continent pour l’amélioration de l’environnement des affaires, afin de permettre aux pays d'Afrique d'attirer davantage d’investisseurs, de financer des infrastructures de base (aéroports, routes, chemins de fer, etc.).
Pour l'ensemble de ces projets, la BAD accorde des financements à long terme, jusqu’à 15 ans, et accompagne les différets pays bénéficaires de ces aides via des études de faisabilités de projets structurants et visant à mieux intégrer le continent.
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Mais pour développer le tourisme africain, il faudrait d’abord, selon les participants, développer le tourisme intra-africain.
Avec 1,2 milliards d’habitants et une classe moyenne en forte croissance, le «tourisme domestique» pourrait être le catalyseur du développement touristique africain.
Sachant que le secteur aérien, encore largement en friche, constitue un obstacle majeur au développement touristique du continent, certains opérateurs n’ont pas manqué de solliciter l'appui de la BAD pour contribuer au financement des compagnies aériennes qui souhaitent acquérir des avions.
Si la BAD a, dans le passé, contribué au financement d’acquisitions d’avion au profit, par exemple, d’Ethiopian Airlines, Leila Farah Mokkadem a expliqué que «la BAD est très prudente en ce qui concerne le financement des acquisitions d’avions». Une prudence logique, quand on sait qu’hormis Ethiopian Airlines, rares sont les compagnies aériennes africaines qui peuvent aujourd'hui présenter un bilan dégageant des bénéfices. .
Comment, alors, doper l’industrie touristique africaine? Pour accélérer le développement de son industrie touristique et en faire le véritable moteur de son développement, l’Afrique doit exploiter pleinement son important potentiel.
Elle doit miser aussi sur le tourisme durable. A ce titre, l’écotourisme est une niche, qui offre d’importantes opportunités pour l’Afrique.
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En effet, selon le Conseil mondial du tourisme et du voyage (WTTC), environ 8 millions d’emplois pourraient être créés dans les 10 prochaines années en Afrique grâce à l'écotourisme.
Le Rwanda, par exemple, a réussi à transformer le parc dans lequel vivent aujourd'hui 200 gorilles de montagnes en une industrie touristique générant plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Ce parc contribue à la création d'infrastructures routières, d’écoles et d’infrastructures de proximité poir les habitants du lieu.
A l'évidence, en outre, un accent particulier doit être accordé au secteur aérien. La libération du ciel africain, avec la mise en œuvre du Marché unique de transport aérien africain (Mutaa) de l’Union africaine pourrait constituer le véritable catalyseur du développement du tourisme intra-africain, à condition, bien évidemment, que les obstacles liés aux visas soient levés comme le prévoit l’institution panafricaine dans le cadre de la libre-circulation des personnes.
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Il faut également, bien entendu, développer les infrastructures touristiques. L'Afrique a besoin de la construction d'infrastructures d'hébergement (des hôtels, des clubs touristiques, des résidences touristiques, etc.), d'aéroports aux normes internationales, de routes sûres, d'infrastructures sanitaires, etc.
Ce sont là autant d'opportunités pour les investisseurs marocains et étrangers, et l'on note aujourd'hui, à juste titre, un engouement des grandes enseignes du secteur de l'hôtellerie mondiale pour le continent.
De même, la formation des ressources humaines et une bonne sécurité sont des facteurs à même de contribuer au développement du tourisme africain.
Enfin, dernière conclusion de ce riche débat: le tourisme africain a drastiquement besoin d’un marketing positif, afin de combattre une certaine image négative à laquelle l’Afrique est bien trop souvent associée.