Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine le 30 janvier dernier à Addis-Abeba s’est fait sous la présidence du Pr Alpha Condé, président de la République de Guinée. Tout un symbole lorsqu'on sait que le groupe de Casablanca qui a fait le lit de cette Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine a été porté par les pères fondateurs que sont Mohammed V, Sékou Touré, Kwame Nkrumah, Haïlé Sélassié, etc. Preuve de la solidité des relations entre Mohammed V et Sékou Touré, l’effigie de Mohammed V figurait sur les billets de banques du Syli guinéen (monnaie nationale guinéenne). Tout un symbole quand on sait le rôle qu’occupe la monnaie dans la souveraineté d’un pays.
Quand Alpha Condé, lors de son accession au pouvoir, dit qu’«il reprend la Guinée là où l’a laissé Sékou Touré», on comprend aussi le sens du panafricanisme qu’il souhaite donner aux relations entre la Guinée et le reste du continent en général, et aux relations privilégiées entre le Maroc et la Guinée, en particulier.
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En tant que panafricaniste, il a joué un rôle dans la réintégration du Maroc après que les opposants au Royaume ont tenté de repousser celle-ci à la cession suivante. Le Professeur leur rappellera qu’en matière de démocratie, quand le consensus n’est pas trouvé, c’est la majorité qui doit l’emporter, fermant ainsi définitivement le débat stérile porté par les minoritaires opposés à la réintégration du Maroc au sein de la faille qu’il a contribué à fonder.
D’ailleurs, dans son discours après la réintégration du Maroc, le président n’a pas hésité à souligner que «l’OUA se retrouve à nouveau», rappelant l’initiative de Mohammed V, en 1961, qui avait réuni les leaders africains à Casablanca, ce qui a été appelé à l’époque le «Groupe de Casablanca» et qui donnera naissance, en 1963, avec le groupe de Monrovia, à la naissance de l’OUA.
C’est dire que les relations entre la Guinée et le Maroc sont très solides et puisent leurs sources dans les liens étroits tissés à l’époque des luttes d’indépendance par Mohammed V et Sékou Touré. Ces relations ont été entretenues sous le règne de Hassan II et Sékou Touré. Pour rappel, lors du décès de Sékou Touré, ce sont des guides religieux marocains qui ont organisé toute la cérémonie d’«enterrement» du président guinéen à Conakry.
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Depuis, la qualité exemplaire des relations multidimensionnelles entre les deux pays est restée constante. Ainsi, malgré les multiples changements de régimes, la Guinée est resté fidèle aux directives des pères fondateurs en ce qui concerne l’intégrité territoriale du Maroc.
Quelques exemples permettent de se faire une idée de la qualité de ces relations fondées sur l’amitié, la solidarité et la fraternité.
A titre d’illustration, au niveau culturel, le Maroc a contribué à la formation de plusieurs générations de cadres guinéens. Il faut souligner qu’avant que l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), ex-Agence de coopération internationale (ACI), qui était au départ l’Agence mauritano-marocaine de coopération (AMAMCO), a été dénommée AGUIMCO (Agence guinéo-marocaine de coopération (AGUIMCO). Plusieurs milliers de Guinéens ont été formés dans le cadre de cette coopération et certains d’entre eux occupent aujourd’hui de hauts postes de responsabilité dont l’actuel ministre de la Santé Abdourahmane Diallo, diplômé en médecine générale de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.
Par ailleurs, afin de former davantage de managers guinéens, une succursale de l’ISCAE –Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE)-, a été crée à Conakry, ISCAE Guinée (ISCAE-G), et a ouvert ses portes en octobre 2002.
Aujourd’hui, plus de 600 étudiants guinéens poursuivent leurs études au Maroc dans différentes filières de formation: droit, finance, management, sciences, médecine, formation professionnelle, etc. Et chaque année, le Maroc octroie 60 bourses universitaires et professionnelles aux étudiants guinéens, à travers l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI).
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Au niveau religieux, le Maroc forme aussi des prédicateurs guinéens dans les préceptes d’un islam sunnite modéré qui constitue un rempart contre l’extrémisme.
Par ailleurs, la profondeur des relations entre les deux pays a été magnifiée lorsque la Guinée a été frappée de plein fouet par l’épidémie d’Ebola. Le Maroc a été l’un des rares pays à rester solidaire à la Guinée. Outre l’envoi de lots de médicaments et l’installation de centres mobiles de santé équipés, la compagnie aérienne marocaine a été la seule à continuer à relier les capitales des trois pays touchés par l’épidémie –Guinée, Sierra Leone et Libéria- devenant ainsi l’unique lien entre les populations et résidents de ces pays avec le reste du monde. Aujourd’hui qu’Ebola a été éradiqué, Air France, Turkish airlines, Ethiopian airlines sont de retour sur ces marchés.
Enfin sur ce chapitre, n'oublions qu'en pleine épidémie Ebola, tous les matchs internationaux de l’équipe guinéenne de football se jouaient au Maroc alors que d’autres pays voisins du pays refusaient d’accueillir les sportifs guinéens de peur d’être contaminés.
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Reste que si les relations bilatérales entre les deux pays sont excellentes, les relations économiques sont toujours restées en deçà des opportunités d’affaires. Ce malgré le fait que le Maroc témoigne d'un savoir-faire dans plusieurs domaines et que la Guinée recèle des potentialités énormes pouvant générer des partenariats gagnant-gagnant.
Et c’est la touche qu’a apporté le roi du Maroc dans sa nouvelle conception des relations maroco-africaines basées sur la diplomatie économique.
Et sur ce point, avec la Guinée, depuis la visite historique du roi Mohammed VI en mars 2014, couronnée par la signature de 21 accords et conventions-cadres de coopérations dans plusieurs domaines d’activité (mines, agriculture, pêche, éducation, bâtiment, etc.), les relations économiques entre les deux pays ont pris une nouvelle dimension.
Les entreprises marocaines commencent aussi à s’intéresser davantage à la Guinée dont ils décèlent les potentiels encore inexploités.
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La hausse des échanges commerciaux entre les deux pays a augmenté de 30% en moyenne annuelle entre 2010 et 2014 avec des échanges portant essentiellement sur des produits alimentaires, électriques et électroniques équipements industriels, chimie, etc.
Quelques entreprises marocaines sont aujourd’hui implantées en Guinée. C’est le cas notamment de la Banque populaire, de Managem, d'Addoha, de Ciments de l’Afrique, de City Bus, de Moulins d’Afrique, etc.
Cela dit, les potentialités de la Guinée restent immenses. Son sous-sol est si riche qu’il est qualifié de «scandale géologique». On y recense notamment de la bauxite (2/3 des réserves mondiales), le fer (un des gisements les plus importants au monde encore inexploité), l’or, le diamant, l’uranium, le pétrole, etc.
C’est dire que cette nouvelle visite du roi Mohammed VI devrait être l’occasion de donner une nouvelle impulsion aux relations économiques entre le Maroc et la Guinée de manière à les hisser peut-être au niveau des relations politiques exceptionnelles qui ont toujours unis les deux pays grâce à la clairvoyance des pères fondateurs.