Fortes contributions des filiales africaines aux résultats des majors bancaires marocains

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Le 02/04/2017 à 16h31, mis à jour le 02/04/2017 à 17h36

Les filiales africaines d'Attijariwafa bank, BCP et BMCE jouent leur rôle de relais de croissance. En 2016, en données consolidées, elles ont été à l’origine de 29% du produit net bancaire (PNB) et de 22% du résultat net part du groupe (RNPG) des trois banques. Décryptage.

L’internationalisation des banques marocaines en Afrique est une réalité. Leurs filiales africaines sont devenues de véritables relais de croissance pour les groupes bancaires Attijariwafa bank, Banque centrale populaire et BMCE Bank of Africa qui font face à un marché local de plus en plus mature et concurrentiel.

Dans ce contexte, les trois banques ont réalisé, au titre de l’exercice 2016 un produit net bancaire (Pnb) consolidé de 48,37 milliards de dirhams. Les filiales africaines sont à l’origine de 29% de ce PNB, soit 14 milliards de dirhams. De même, au niveau du résultat net part du groupe des trois banques qui ressort à 9,48 milliards de dirhams, les filiales marocaines ont généré 2,10 milliards de dirhams, soit 22% du RNPG des trois banques.

L’apport des filiales aux bénéfices pourrait être beaucoup plus significatif si ce n’était l’effort de provisionnement des maisons-mères pour faire face à la montée des risques au niveau de certaines régions d’implantation, notamment en Afrique centrale, particulièrement au niveau de la région CEMAC–Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale– durement touchée par la crise liée à la chute des cours du pétrole et des matières premières. La croissance de cette région n’a pas dépassé 1% en 2016, contre 6,3% pour la région UEMOA –Union économique et monétaire ouest africain. En plus, ces performances ont été réalisées dans un contexte global de resserrement des taux d’intérêt, résultat d’une conjoncture économique un peu plus difficile au niveau du continent africain qui a enregistré en 2016 sa plus faible croissance depuis 20 ans.

Aujourd’hui, les trois banques marocaines comptent 47 filiales bancaires et trois autres pourront bientôt rejoindre définitivement le périmètre de ces filiales.

Toutefois, les apports des filiales sur les résultats des trois groupes diffèrent d’une banque à l’autre. Les apports dépendent surtout de la densité des réseaux de filiales, de la taille des filiales et du niveau de contrôle de celles-ci.

Groupe Attijariwafa bank

Le groupe Attijariwafa bank tire profit de sa présence dans 14 pays du continent (Maghreb, Afrique centrale et ouest), particulièrement au niveau de la zone UEMOA où il est aujourd’hui le premier groupe bancaire.

Les filiales africaines du groupe ont généré un produit net bancaire consolidé (PNB) de 5,80 milliards de dirhams, soit 28,8 % du PNB du groupe. Attijari bank Tunisie, CBAO et SIB assurent respectivement 25,8%, 20,4% et 14,8% du PNB des filiales africaines du groupe.

Les filiales ont généré un résultat net part du groupe de 1.128 MDH, soit 23,5% du RNPG du groupe Attijariwafa bank grâce aux performances des filiales Attijari bank Tunisie (264 MDH), SIB-Côte d’Ivoire (239 MDH), CBAO-Sénégal (198 MDH), SCB-Cameroun (116 MDH), UGB-Gabon 106 MDH et CDC-Congo (98 MDH)

Cette forte contribution s’explique par le poids des filiales du groupe dans les pays d’implantation mais aussi par le pourcentage de détention de celles-ci. Ce dernier est consécutif à la politique de la maison-mère qui repose sur des participations majoritaires dans les tours de table des filiales africaines pour assurer la gestion et implémenter la stratégie qui a fait son succès au Maroc tout en se fixant comme objectif de ne s’implanter que dans les pays où le groupe a la possibilité de devenir l'un des trois leaders.

Du côté des perspectives, le poids des filiales africaines dans les résultats du groupe devrait connaître une très forte hausse à partir de cette année avec le changement de périmètre du portefeuille de filiales à la faveur des implantations en Egypte et au Rwanda où les opérations de closing des acquisitions de Barclays Bank Egypt et de Cogebank Rwanda n’attendent que les autorisations réglementaires des autorités monétaires des deux pays. En plus, le groupe compte ouvrir une nouvelle filiale au Tchad. Autant de nouvelles implantations qui impacteront positivement les résultats futurs du groupe.

Banque centrale populaire

La groupe Banque centrale populaire poursuit son maillage au niveau de la zone Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dont il couvre désormais tous les pays après l’ouverture d’une succursale en Guinée Bissau.

Présent dans 12 pays d’Afrique subsaharienne, la Banque centrale populaire (BCP) est aujourd’hui un des leaders bancaires de la zone UEMOA. En plus d’Atlantique bank, le groupe BCP est historiquement présent en République centrafricaine (BPCA) et en Guinée (BPMG).

Le développement de la banque mutualiste repose sur sa locomotive Banque atlantique, filiale d’Atlantic Business international (ABI), holding détenue à hauteur de 83,5% par le groupe BCP –cette participation a été ramenée à 68,3% suite à une augmentation de capitale réservée à Development Partners International– qui affiche une progression soutenue de PNB.

Les filiales de la Banque de l’international ont généré un PNB en hausse de 6% à 2,51 milliards de dirhams, soit 16% du PNB consolidé du groupe BCP dont 2,1 milliards (121 milliards de FCFA) réalisés par la filiale ABI. Quant à la Banque populaire maroco-guinéenne (BPMG), son PNB a bondi de 35,8% à 92,6 MDH.

Au niveau du résultat net part du groupe, la Banque de détail & assurance à l’international a réalisé un résultat de 323 MDH.

La Banque est aujourd’hui engagée dans un processus de développement de son réseau en Afrique. Dans un avenir proche, elle devrait annoncer de nouvelles acquisitions au Niger et au Gabon où des discussions sont en cours pour finaliser les opérations. De même, elle compte accélérer son implantation au sein de l’espace CEDEAO –Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La banque mutualiste cible aussi l’Afrique de l’Est où elle prospecte des possibilités d’implantation dans de nombreux pays de cette région.

Groupe BMCE Bank of Africa

Banque la plus présente sur le continent africain avec des implantations dans 17 pays, BMCE Bank of Arica (BBOA) est aussi incontestablement celle qui dispose du plus dense réseau bancaire avec 19 filiales. Le groupe est présent en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et en Afrique de l'Est. Cette diversité géographique dans l’implantation contribue fortement à la profitabilité du groupe BBOA.

Les filiales africaines ont réalisé un produit net bancaire de 5,6 milliards de dirhams, soit 43% du PNB consolidé du groupe BBOA. Au niveau du résultat, elles ont généré un résultat net part du groupe de 651,52 MDH, soit 32% du RNPG du groupe.

Toutes les filiales du groupe ont participé à cette performance tirée notamment par la locomotive de développement du groupe en Afrique: le groupe Bank of Africa. Celui-ci a vu son PNB croître de 6,6% à 469 millions d’euros (soit 5.160 MDH, taux de 1 euro =11 dirhams). Ce résultat reflète la croissance organique de BOA qui a ouvert 463.000 nouveaux comptes portant à 3,1 millions le nombre de ses clients. Le résultat net consolidé de BOA a progressé beaucoup plus fortement que le PNB avec une hausse de 18,5% à 113,3 millions d’euros.

De même, les deux autres filiales africaines du groupe se sont bien comportées. La Congolaise de Banque a vu son PNB croître de 6% et son résultat brut d’exploitation de 17%. Idem pour la Banque de développement du Mali dont le PNB a progressé de 13,6% à 55 millions d’euros.

Pour les perspectives, BMCE Bank of Africa compte renforcer sa présence sur le continent en ciblant particulièrement l’Afrique de l’Est, région la plus dynamique du continent, pour étendre et développer son maillage.

En clair, le poids des filiales africaines dans les résultats des trois groupes bancaires devrait croître de manière significative dans les années à venir. Outre les multiples implantations et acquisitions dans les pipes des trois groupes, ces résultats seront générés par les développements organiques des filiales, la hausse des activités commerciales et les effets positifs de la bancarisation.

Par Moussa Diop
Le 02/04/2017 à 16h31, mis à jour le 02/04/2017 à 17h36