Mauritanie: le FMI octroie des crédits mais exige des réformes

Christine Lagarde, directrice générale du FMI et Mohamed Ould Abdel Aziz, président de Mauritanie.

Christine Lagarde, directrice générale du FMI et Mohamed Ould Abdel Aziz, président de Mauritanie.

Le 07/02/2018 à 11h29, mis à jour le 07/02/2018 à 11h31

La Mauritanie doit mettre en place plusieurs réformes dans le cadre du programme de la Facilité élargie de crédit (FEC) accordé par le Fonds monétaire international (FMI). Le directeur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) s'en est expliqué longuement.

Face à la situation économique difficile que traverse le pays, plusieurs réformes seront mises en œuvre par le gouvernement mauritanien dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit (FEC) conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) fin 2017, selon le directeur du département Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de l’institution financière, Jihad Azour.

Ce programme, exécuté sur 3 années, prévoit un appui financier global de 163,3 millions de dollars, dont 23 millions de dollars décaissés dès la signature.

Ainsi «le FMI, qui a toujours accompagné le pays à travers 16 programmes, des missions d’évaluation, des conseils de politiques économiques, l’appui pour le développement du capital humain au sein de l’administration publique, va poursuivre et approfondir la même tendance», qui ajoute que «les politiques appuyées par l’accord proposé au titre de la FEC, veilleront à assurer un assainissement budgétaire progressif pour renforcer la viabilité de la dette, tout en créant une marge de manœuvre budgétaire pour accroître les dépenses sociales et l’investissement en infrastructures, en mobilisant les recettes, hiérarchisant les dépenses, et en réformant la gestion de l’investissement public».

Jihad Azour estime que «l’assainissement des finances publiques demeure nécessaire pour renforcer la viabilité de la dette. Mais le rythme et la composition de cet assainissement doivent contribuer à stimuler la reprise naissante, notamment en rééquilibrant le budget vers des dépenses sociales, tout en assurant une marge de manœuvre nécessaire aux investissements prioritaires en infrastructures».

De même, selon toujours Azour, «les autorités entendent instaurer un marché des changes plus compétitif, parallèlement à un cadre modernisé de politique monétaire pour assurer un accès régulier aux devises, remédier au déficit de liquidités et accompagner la croissance. Des mesures seront prises pour renforcer la surveillance bancaire, améliorer le climat des affaires et élargir les dispositifs de protection sociale».

Par ailleurs, ajoute le responsable de la région MENA, «un accord aboutissant à un programme avec le FMI implique l’intensification de notre engagement financier, assistance technique, dialogue et suivi avec les autorités mauritaniennes. Plusieurs missions sont au programme dans un futur proche». Une de ces missions séjourne actuellement à Nouakchott.

Au sujet de l’évolution récente de l’économie mauritanienne, une note du FMI publiée en décembre 2017 constatait la réalité d’un pays exportateur de produits de base «confronté au défi de la faiblesse et la volatilité des cours mondiaux, notamment la chute du prix du minerai de fer, qui génère plus d’un tiers des ressources budgétaires».

Cette situation s’est traduite par la réduction de moitié des recettes d’exportation, l’accentuation des déséquilibres et la mise en évidence des vulnérabilités financières.

Les autorités ont résorbé le déficit budgétaire de manière significative en mobilisant des dons et prêts extérieurs. Ce qui a permis de rétablir la stabilité macroéconomique et de stabiliser la dette à 69% du Produit intérieur brut (PIB), en dehors d’une dette non active du Koweït représentant 20% du PIB.

Parallèlement, la croissance a rebondi pour se situer à 1,6% en 2016, et 3,1% en 2017.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 07/02/2018 à 11h29, mis à jour le 07/02/2018 à 11h31