La dette extérieure de la Mauritanie, qui représentait plus de 73% du Produit intérieur brut (PIB) en début d'année 2017, à laquelle s'ajoute une importante dette inactive vis-à-vis du Koweït, pour un ratio global de dette/PIB de 89%, ne représenterait plus que 69% du PIB mauritanien, selon les dernières indications fournies par le Fonds monétaire international (FMI), à l’issue de la signature d’un programme pour la Facilité de Crédit Elargie.
Un niveau qui reste encore très élevé, classant la Mauritanie parmi les pays les plus endettés du continent, qui pose clairement le problème de soutenabilité de la dette au moment où certaines ressources tarissent, comme celle du pétrole.
A noter aussi que cette baisse est intervenue alors que la croissance du PIB est moins vigoureuse (3% de croissance estimée cette année) et que le pays ne cesse de multiplier des emprunts, suscitant une certaine appréhension, en l'absence de chiffres relatifs au remboursement de la dette décaissé par l'Etat depuis le début de l'année.
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Il faut souligner que dans les débats internes, la dette de la Mauritanie reste au centre d’une vive controverse entre le pouvoir et l'oposition. Illustration avec cette déclaration de la Convergence démocratique nationale (CDN), un parti de l’opposition, déplorant l’évolution de la dette, "au plan économique, l’ampleur des dégâts engendrés par la gestion hasardeuse et patrimoniale du régime, dont l’objectif réel est, tout simplement de nourrir son discours populiste et carnavalesque et d’enrichir ses soutiens politico-financiers n’échappe plus à personne".
Le parti poursuit sa diatribe en soulignant que "malgré le volume considérable des ressources financières obtenues au cours des dernières années, notamment durant la période de forte hausse des cours mondiaux du fer du fait de l’accroissement régulier des recettes fiscales, l’endettement extérieur de l’Etat a connu une expansion vertigineuse, atteignant près de 100% du Produit intérieur brut (PIB) et plus de 5 milliards de dollars, alors qu’il n’était que de 1,8 milliard de dollars en 2008».
Du côté du FMI, "une soutenabilité de la dette" et "une plus grande flexibilité du taux de change" de la monnaie nationale, l’ouguiya, ont toujours figuré au rang de ses principales recommandations dans le cadre des négociations visant la signature d’un nouveau programme avec Nouakchott.
Paralèlement, le Conseil d’administration du FMI a approuvé un crédit de 163,9 millions de dollars au profit de la Mauritanie. Un montant représentant 90% de la quote-part du pays au titre de la Facilité Elargie de Crédit, un programme qui vise à accompagner les réformes économiques et financières.
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Cette approbation aura pour résultat immédiat un décaissement de 16,56 millions de Droits de tirage spéciaux, soit 23,4 millions de dollars, alors que le montant restant sera échelonné sur la durée du programme-étalé sur une période de 3 ans «sous réserve de revues semestrielles».
Le programme appuyé par la FEC en Mauritanie «vise à relever les défis de la croissance, la stabilité, la viabilité et la pauvreté. Les réformes ont pour objectif de créer de l’espace pour les dépenses sociales et d’infrastructures en mobilisant les recettes et en hiérarchisant les dépenses, à moderniser la politique monétaire et à maintenir la stabilité financière», explique le document du FMI.
Ce programme est conçu dans la perspective «de favoriser une croissance inclusive de l’économie mauritanienne afin d’améliorer le niveau de la population, maintenir la stabilité macro-économique, renforcer la viabilité de la dette et réduire la pauvreté».
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Au terme de la délibération du conseil d’administration, Mutishiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a déclaré que «les efforts d’ajustement déployés par les autorités ont réussi à maintenir la stabilité macroéconomique et le niveau d’endettement, et la croissance a enregistré un rebond. Le gouvernement a également préparé une stratégie de croissance inclusive à long terme, comprenant notamment des réformes structurelles et des investissements dans les infrastructures afin de soutenir la diversification de l’économie, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté».
La Mauritanie est un pays exportateur de produits de base (le fer, qui assure un tiers des recettes budgétaires), l’or et le cuivre, avec une économie confrontée à la faiblesse et la volatilité des cours mondiaux des matières premières.
Dans le timing, l’annonce du FMI intervient quelques jours après l’annonce par les autorités mauritaniennes d’une hausse de la valeur faciale de l’ouguiya. Toutefois, pour le moment, aucun lien formel n’est établi entre les deux faits.