Mauritanie: qui était Ely ould Mohamed vall?

Ely ould Mohamed vall.

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Le 06/05/2017 à 16h27, mis à jour le 06/05/2017 à 18h23

L’ancien président de la transition démocratique Ely ould Mohamed Vall est décédé ce vendredi. Militaire de carrière, formé à l’académie militaire de Meknès, il a dirigé près de 20 ans la sûreté mauritanienne. Retour sur le parcours d'un putschiste démocrate, marqué par de nombreuses zones d’ombre.

C’est ce vendredi 5 mai que le cœur d’Ely ould Mohamed Vall a arrêté de battre. Un deuil national de 3 jours a été decrété à partir du même jour.

Mais qui est cet ancien président mauritanien? Ely Ould Mohamed Vall est né en 1953 à Nouakchott. Toutefois, si sa biographie officielle le laisse entendre, plusieurs témoignages concordants affirment que l’homme aurait plutôt vu le jour à Louga (nord du Sénégal), localité dans laquelle il a, en tout cas, passé son enfance. C’est le cas aussi de son cousin et actuel locataire du palais présidentiel mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz dont le lieu de naissance est Akjoujt, mais qui, serait aussi, selon les mêmes sources, aussi né à Louga.

Titulaire d’une licence en droit, Ely, comme nombre de jeunes de sa génération a été attiré par l’armée à son jeune âge. Il a ainsi été formé à l’Académie royale militaire de Meknès. Il est considéré comme un brillant intellectuel par ses compatriotes.

Il débutera d’ailleurs sa carrière en pleine guerre du Sahara, avec un commandement de postes militaires dans la région Nord. Par la suite, en tant qu’officier, Ely Ould Mohamed Vall va occuper respectivement les postes de commandement de la 6e et la 7e régions militaires.

Toutefois, c’est en tant que directeur des services de renseignements, sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, pendant 18 ans, que l’homme se fera connaître en Mauritanie. En tant que Directeur de la sureté nationale, Ely était au courant de tout ce qui se tramait dans le pays durant le long règne de Oult Taya dont il était la véritable sentinelle.

D’ailleurs, il est cité, par les ONG de droits de l'homme, comme l’un des tortionnaires dans les crimes commis contre les militaires négro-africains durant les années de braise1989-1990. Ainsi, invité dernièrement par Al Mourabitoune TV pour l’émission «Vi Essamime», l’officier à la retraite, ancien chef de la sûreté nationale et chef de l'Etat pendant la transition a été ambigu en affirmant «ne pas avoir à demander pardon pour les violations des droits humains commises sous le règne de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya. J’ai accompli ma mission en conformité avec l’intérêt du pays, sans plus».

Suite à ce putsch, il présida à la destinée de la Mauritanie entre août 2005 et avril 2007 en tant que président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD). Il a conduit la transition démocratique à bon port en organisant un référendum sur l’amendement constitutionnel en juin 2006 et surtout en organisant les premières élections présidentielles transparente et libre de la Mauritanie.

Une élection qui s’est soldée par l’arrivée au pouvoir d’un civil, une première depuis la fin de règne de Mokhtar ould Daddah, le père de la Nation.

Toutefois, le règne de Sidi Ould Cheikh Abdallahi sera court. L’actuel président, cousin d’Ely, y mettra fin en fomentant un énième coup d’Etat en août 2008.

Ely, qui avait tronqué la tenue militaire contre le boubou civil, embrassait par la même occasion la carrière politique. Il comptait, à l’instar d’Amadou Toumani Touré du Mali, revenir au pouvoir après la parenthèse de ould Cheikh Abdallahi, malheureusement pour lui, écourtée par Mohamed ould Abdel Aziz.

Toutefois, malgré une transition globalement saluée à l’international, et relativement moins en Mauritanie, Ely n’arrivera pas à s’imposer lors des élections présidentielle du 18 juillet 2009. Il figurera d’ailleurs parmi les derniers en termes de suffrages obtenus.

Il faut dire que son passage durant 18 ans en tant que directeur de la sureté ne plaidait pas trop pour lui. Au cours de ces dernières années, il était devenu un «opposant farouche» au régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, son proche cousin, qu’il a fait enrôler dans l’institution militaire qualifiée de grande muette ailleurs, mais omniprésente sur la scène politique mauritanienne. Toutefois, au niveau de cette opposition aussi, les mauritaniens ont des appréciations différentes, particulièrement durant ces derniers mois.

Une seule certitude, Ely Ould Mohamed Vall est parti emportant avec lui dans la tombe de nombreux secrets.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 06/05/2017 à 16h27, mis à jour le 06/05/2017 à 18h23