Mauritanie. Elections: Ould Abdel Aziz veut une majorité "écrasante" au Parlement

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Le 26/08/2018 à 11h32, mis à jour le 27/08/2018 à 07h13

En campagne au profit de l'Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité, dans plusieurs villes de l'intérieur, le président Mohamed ould Abdel Aziz, souhaite disposer d'une "écrasante" majorité à l'Assemblée nationale. Un souhait qui suscite des interrogations.

Engagé dans le cadre d’une campagne en faveur de l’Union pour la République (UPR), formation au pouvoir, le président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, est à nouveau en tournée à l’intérieur du pays depuis vendredi 24 août courant.

La quintessence du message de Mohamed ould Abdel Aziz, porte sur l’absolue nécessité pour le parti au pouvoir de disposer «d’une écrasante majorité» à l’Assemblée nationale.

S’exprimant au cours d’une réunion avec des cadres dans la ville de Rosso (Sud/Ouest), le leader naturel de l’UPR, auquel la constitution interdit pourtant toute fonction au sein d’un parti politique, a affirmé que «le parti doit disposer d’une écrasante majorité à la prochaine Assemblée nationale. Notre seule arme démocratique sera cette majorité au parlement. Sans elle, il ne sera pas possible de faire passer nos projets. Les conditions de cette majorité ne peuvent pas être réunies dans une configuration caractérisées par des divisions ethniques et tribales».

Abordant le délicat sujet des frustrations nées des investitures au sein du principal parti de la majorité, Mohamed ould Abdel Aziz a fait une espèce de mea culpa. «Certains ne sont pas satisfaits des investitures. Mais cela est normal, car les listes et le nombre de candidats sont limités par des contraintes légales. Cependant, je vous appelle à dépasser les clivages et à resserrer les rangs autour de l’essentiel».

Pour le président, cette écrasante majorité qu'il souhaite est possible. Et pour cause, «récemment, à la faveur d’une opération d’implantation, l’UPR a annoncé avoir réalisé l’adhésion de 1.115.000 militants, soit le tiers de la population totale du pays. Je compte sur ces citoyens pour voter en faveur du parti à l’occasion des élections législatives, régionales et municipales de septembre 2018».

Le fond de ce message est revenu dans tous les discours à l’occasion des étapes de Rosso, Kaédi et Aleg. Ces 3 villes se situent dans le Sud de la Mauritanie.

Cependant «il y a une différence de ton entre l’injonction de Rosso, où il réclamait un vote ferme en faveur de l’UPR, et la demande plus feutrée, formulée à Aleg. Un speech au terme duquel l’orateur a pris le soin d’ajouter avoir donné son point de vue, laissant à chacun la liberté de son choix», note un observateur averti.

Frappé par le principe de la limitation constitutionnelle des mandats, le président Mohamed ould Abdel Aziz, a déclaré plusieurs fois, sa détermination à respecter la loi fondamentale. Cela, malgré le discours contraire de ses partisans, parmi lesquels de hauts responsables.

Cependant, certains de ses actes suscitent encore de nombreuses interrogations pour un chef d’Etat en fin de règne. Pourquoi le "boss" de l’UPR s’engage-t-il dans une campagne en perspective d’élections législatives pour «disposer d’une majorité écrasante au parlement pour faire passer des projets?».

Face à cette lancinante question, sans réponses pour le moment, on peut toutefois rappeler que le général Mohamed ould Abdel Aziz, alors chef d’état major particulier du président de la République, est arrivé au pouvoir le 06 août 2008, à la faveur d’un coup d’Etat venu mettre fin à une "fronde" animée par un "bataillon de députés".

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 26/08/2018 à 11h32, mis à jour le 27/08/2018 à 07h13