Mohamed ould Bouamatou, le plus célèbre banquier mauritanien, vivant en exil depuis plusieurs années, et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, dénonce le pillage des ressources du pays, l’atteinte aux libertés, et appelle les Mauritaniens «à la résistance contre la tyrannie», à travers une "Tribune" publiée par plusieurs organes de presse.
Cet homme d’affaires, ancien soutien du pouvoir, qui est également un ex-président du patronat de Mauritanie, sort ainsi de sa réserve après des années de silence, dans le cadre de l’interminable «guerre de tranchées» qui l’oppose au régime de Nouakchott.
Décrivant la situation actuelle du pays, le fondateur de la Générale de banque de Mauritanie (GBM), pilonne littéralement la gestion du président Mohamed ould Abdel Aziz.
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«Voilà 10 ans que le peuple souffre sous une dictature brutale et impitoyable. Voilà 10 ans que la Mauritanie est prise en otage par un rebelle qui s’est emparé du pays à la faveur d’un coup de force militaire pour installer un pouvoir personnel sans partage et faire main basse sur les biens de l’Etat et les ressources de la nation», souligne t-il.
Poursuivant son réquisitoire, le banquier dénonce «les libertés bafouées, les artistes engagés persécutés et contraints à l’exil, des sénateurs, des syndicalistes et des journalistes, placés sous contrôle judiciaire avec confiscation de passeports et interdiction de voyage, mais aussi des mandats illégaux émis contre des hommes politiques et hommes d’affaires, de même que l’emprisonnement de militants de droits humains,…. Un climat d’intimidation et de terreur visant à étouffer toute velléité de contestation».
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Au plan de la gouvernance économique, Bouamatou condamne un système «de gabegie et de corruption. Une économie au service d’un dictateur et d’une poignée d’individus autour de lui, qui sucent le sang du peuple comme des sangsues. 10 ans que le secteur privé et les banques sont soumis à un racket permanent du régime et font l’objet d’un chantage éhonté».
Un environnement dans lequel «ceux qui financent les frasques du régime font preuve «d’actes de patriotisme», quand ceux qui viennent en aide à l’opposition sont accusés de corruption et de haute trahison. Le terrorisme d’Etat que le régime exerce sur les citoyens est pire que celui qui sévit contre les populations du Sahel».
Abordant le contexte politique, le document relève qu’à quelques mois de la fin de son second mandat «le tyran veut coûte que coûte modifier le texte de la constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat. Tourmenté par la hantise de quitter le pouvoir, et pris de panique à l’idée de devoir rendre compte de ses méfaits, il n’hésite pas à diriger personnellement, au mépris de la constitution, la campagne électorale du parti fantoche qu’il a créé, sillonnant le pays avec les moyens de l’Etat».
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Une campagne électorale assimilée à un exercice «d’intimidation et de menaces» contre hommes politiques et citoyens «pour les contraindre à voter en faveur de la perpétuation de la dictature».
Ainsi, «face au péril qui menace l’avenir du pays», Bouamatou appelle «les partis de l’opposition, les organisations de la société civile, les syndicats et toutes les forces vives de la nation, à la mobilisation» dans l’objectif «de faire échouer les desseins irresponsables et criminels du dictateur. Nous devons taire nos différences et unir nos forces, dans un élan patriotique. Nous avons tous l’impérieux devoir d’être solidaires dans cette épreuve décisive pour le destin de la nation».
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Il faut souligner que cette sortie, après un long silence, intervient suite au gel des avoirs de Mohamed ould Bouamatou, poursuivi pour «corruption» à hauteur de plusieurs centaines de millions d’anciennes ouguiyas. Une mesure vivement dénoncée par l’opposition et de nombreuses organisations de la société civile.
L’appel du banquier intervient dans le contexte d’une campagne électorale pour des élections législatives, régionales et municipales prévues le 1er septembre prochain.
En tournée dans toutes les capitales de régions, le président Mohamed ould Abdel Aziz a appelé ses partisans à voter massivement en faveur de l’Union pour la République (UPR), principal de la majorité, pour «une majorité écrasante» et la réalisation «de ses projets».