Mauritanie: des plaintes contre plusieurs responsables sécuritaires en France

Palais de justice de Paris

Palais de justice de Paris. DR

Le 17/11/2016 à 09h56, mis à jour le 17/11/2016 à 13h39

Des avocats issus de barreaux français ont introduit devant le tribunal de grande instance de Paris une plainte contre X «pour des faits de tortures» en Mauritanie, selon le journal «Ouest France» citant des ONG. Plusieurs officiers, magistrats et hommes politiques mauritaniens sont visés.

Des avocats français ont lancé des plaintes contre plusieurs hauts responsables sécuritaires mauritaniens. Selon plusieurs sites mauritaniens parmi lesquels zahraa.info, le Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), le général Mohamed Ould Meguett, figure sur cette liste à côté de commissaires de police, d'officiers, de magistrats et d'hommes politiques.

Cette plainte est motivée par des présomptions de tortures sur des militants anti-esclavagistes, issus des rangs de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), arrêtés début juillet et condamnés à des peines de prison ferme de 3 à 15 ans, le 18 août 2016.

Les conseils français des militants anti-esclavagistes de Mauritanie dénoncent «des architectes de la torture» à travers une requête «identifiant une vingtaine de hauts gradés. Nous demandons aux autorités judiciaires françaises de procéder à leur interpellation en cas de passage sur le territoire national, en vertu du principe de compétence universelle, qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quel que soit le lieu ou ces infractions ont été commises», ont déclaré maîtres William Bourdon et Armélie Lefèvre, au cours d’une conférence de presse.

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Les militants de l’IRA ont déclaré avoir été victimes de tortures pendant leur procès devant une cour criminelle de Nouakchott au mois d’août 2016 dernier.

Cette juridiction s’est déclarée «incompétente» à statuer sur les cas de tortures, en réponse à une requête formulée par les avocats de la défense. Cela, en dépit de la ratification de la Convention Internationale contre la torture par la Mauritanie en 2012, et de l’adoption d’un mécanisme interne de lutte contre cette infraction au début de l’année 2016.

Quelques jours après le dépôt de la plainte devant le Tribunal de grande instance de Paris, la presse mauritanienne a annoncé le départ pour Paris du chef d’état-major de la gendarmerie nationale et du Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), respectivement les généraux Sultane Ould Ahmed Lessouad et Mohamed Ould Meguett.

Ces officiers «se rendent en France pour une mission qui n’est pas précisée» dans un contexte marqué par le dépôt d’une plainte contre des présumés tortionnaires en Mauritanie, écrit mercredi le site d’infos en ligne Al Akhbar.

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En effet, le procès en appel des militants anti-esclavagistes s’est ouvert à Zouérate. Et le parquet a requis 20 ans de prison.

Réagissant à ce procès sur les ondes de RFI, maître William Bourdon a expliqué que "ce qui est très spectaculaire dans ce procès, c'est que ceux qui devraient être célébrés sont poursuivis. Ceux qui essaient de mettre un terme à cette pratique moyennageuse insupportable sont criminalisés au terme d'un procès en forme d’exécutoire, en forme de logique de bouc-émissaire d'un régime qui ne cesse d'accumuler les discrédits, notamment parce que le clan qui est au pouvoir ne cesse de confondre les ressources publiques avec ses caisses privées. Voilà aussi le sous-jacent de ce procès. C'est une tentative d'écran de fumée pour essayer de pérenniser un système cleptocratique où le pouvoir est devenu un guichet pour l'enrichissement".

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 17/11/2016 à 09h56, mis à jour le 17/11/2016 à 13h39