Sénégal: l'amère pilule du docteur FMI pour éviter une rechute

Christine Lagarde prescrit une ordonnance difficile à avaler à Amadou Bâ, le ministre des Finances sénégalais.

Christine Lagarde prescrit une ordonnance difficile à avaler à Amadou Bâ, le ministre des Finances sénégalais.. DR

Le 06/12/2016 à 13h35, mis à jour le 06/12/2016 à 13h43

Depuis 1990, le Sénégal a vu, à quatre reprises, sa dynamique de croissance se briser nette. Pour entretenir le bel élan de croissance actuel (plus de 6% en 2016) et éviter ainsi une cinquième rechute, le médecin FMI a prescrit au pays une ordonnance au goût peut-être amer.

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé, ce 2 décembre, la troisième revue des résultats économiques obtenus par le Sénégal dans le cadre du programme appuyé par l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE) approuvé le 24 juin 2015. Et le constat est plutôt positif. «Avec la mise en œuvre de la première série de projets du Plan Sénégal émergent (PSE), le Sénégal s’est placé sur une trajectoire de croissance plus vigoureuse», indique le FMI. En effet, la croissance devrait être supérieure à 6% en 2016, le déficit budgétaire continue de baisser (4,2% en 2016) et l’inflation reste maîtrisée.

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Seulement pour maintenir cette belle dynamique de l’économie, le FMI a prescrit au pays une ordonnance au goût bien connu. Le Fonds estime, en effet, qu’il faudra résolument mettre en œuvre des réformes qui permettront de promouvoir les petites et moyennes entreprises (PME) et d’attirer l’investissement direct étranger (IDE), en vue d’assurer une production compétitive à l’échelle mondiale. Des efforts continus s’imposent également pour renforcer la compétitivité du secteur privé, notamment en améliorant la transparence du processus de recouvrement des impôts, en abaissant les coûts de l’électricité et en améliorant sa distribution, et en créant un environnement dans lequel les PME et l’IDE pourront concourir à une croissance diversifiée.

L’élargissement de l’assiette fiscale, la rationalisation des dépenses publiques (notamment la masse salariale de la fonction publique), bref la discipline budgétaire, sont tout aussi nécessaires. Le médecin de la finance mondiale estime, en outre, qu’il est urgent de renforcer les opérations du Trésor, en proie à des difficultés dues à des arriérés de longue date et aux problèmes financiers de la poste. C’est pourquoi, les services du FMI ont salué l’intention des autorités sénégalaises de faire un bilan de ces difficultés en procédant à un audit du Trésor d’ici fin mars 2017, et d’élaborer un plan d’action à mettre en œuvre « le plus tôt possible ».

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En définitive, d’après le FMI, les perspectives de l’économie sénégalaise sont « positives » et les risques sont « gérables », à condition de poursuivre l’effort continu d’amélioration de la gouvernance économique afin de faire face aux risques internes et externes.

« Si le pays ne parvient pas à adresser ces problèmes, il pourrait, comme cela s’est déjà produit à quatre reprises depuis 1990, perdre l’élan de croissance qui l’anime actuellement ».

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 06/12/2016 à 13h35, mis à jour le 06/12/2016 à 13h43