Sénégal: le «député du peuple» dénonce des détournements à l’Assemblée nationale

Le député Me El Hadj Diouf persiste dans ses accusations

Le député Me El Hadj Diouf persiste dans ses accusations. DR/

Le 07/06/2017 à 09h16

«30 millions de francs CFA (plus de 45.000 euros) sont détournés, tous les mois, des caisses de l’Assemblée nationale. Des vidanges de véhicules de 40.000 francs CFA (60 euros), surfacturés à 200.000 francs CFA (300 euros)». Voilà quelques unes des accusations du sulfureux avocat et député.

Devant la gravité des révélations de Maître El Hadj Diouf, député sénégalais, sur les prétendus détournements et surfacturations à l’Assemblée nationale, le Forum du justiciable saisit le procureur de la République. «Nous avons pris cette décision suite aux accusations de Maître Elhadji Diouf, qui sont portées sur la deuxième institution du pays qu’est l’Assemblée nationale», a déclaré Babacar Ba, le président du forum.

Il faudrait alors que tous les Sénégalais soient éclairés sur cette prétendue gestion nébuleuse des deniers publics par certains députés et personnels de l’Assemblée nationale.

Et dans de pareils cas, Bassirou Gueye, le procureur de la République est la personne la mieux indiquée pour apporter des réponses aux questions que tous les Sénégalais se posent actuellement. «On a ainsi saisi le procureur pour qu’une information judiciaire soit ouverte afin que le Sénégalais lambda soit édifié par un rapport à la ressource financière», a poursuivi Babacar Ba.

«Quand il s’agit de surfacturation à l’Assemblée nationale, de détournement des deniers publics, c’est des délits et quand le délit est établi, il faudrait tout simplement que l’action publique soit déclenchée et le procureur est le maître des poursuites», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, Babacar Ba est convaincu qu’une information judiciaire sera ouverte par Bassirou Gueye, le procureur de la République.

Rappelons que c’est ce dernier qui a placé sous mandat de dépôt Khalifa Sall, le maire de Dakar, dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance de la mairie.

Ainsi, selon Babacar Ba, «le procureur de République va certainement se saisir du dossier le plus rapidement possible». Il en est d’autant plus convaincu que, «cette fois-ci, le maître des poursuites a des éléments qui lui permettent d'ouvrir une information judiciaire», a-t-il ajouté.

«30 millions de francs délestés tous les mois des caisses du Parlement».

«Pour les 200 voitures de l’Assemblée nationale, chaque mois la vidange est surfacturée à 200.000 de FCFA alors que la facture réelle est de 40.000 FCFA. Et au total cela revient, pour les 200 voitures par mois, à 30.000.000 FCFA», avait dénoncé Maître El Hadji Diouf, le parlementaire qui se dit être «le député du peuple». Il soutient par ailleurs que ces révélations sur la mauvaise gestion des ressources financières du pays ne sont pas faites dans un but électoraliste. «C’est plutôt le résultat des investigations que j’ai menées sur les magouilles au sein de l’Assemblée nationale. Il y a des députés qui sont venus au Parlement pour s’enrichir», a dénoncé le «député du peuple».

Cependant, Awa Niang, 2e questeur de l’Assemblée nationale était monté au créneau pour démentir. «Ces affirmations sont erronées et défient tout bon sens. Il n’y a ni vidange à 180.000 FCFA, ni 30 millions de FCFA détournés à l’Assemblée nationale, sauf dans l’imagination fertile d’un parlementaire pour qui seules comptent les bombes verbales sans rime ni raison. Tout d’abord, aucun véhicule n’est vidangé tous les mois», a-t-elle déclaré.

Toutefois, il serait salutaire que l’opinion publique nationale soit mieux éclairée sur cette question. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 07/06/2017 à 09h16