Tunisair dans une zone de turbulence à «cause» de la révolution souhaite licencier 1.200 salariés

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Le 25/08/2018 à 14h56, mis à jour le 26/08/2018 à 11h45

Tunisair traverse une zone de turbulence et accumule des déficits depuis 7 ans. La faute à des décisions politiques prises au lendemain de la «Révolution de Jasmin». Dans une déclaration à Reuters, le PDG de Tunisair a souligné que la compagnie souhaite licencier 1.200 salariés.

La compagnie aérienne tunisienne traverse une zone de turbulence depuis plus de 7 ans. Alors qu’elle réalisait des dizaines de millions de dinars de bénéfices par an avant la révolution, Tunisair a cumulé les pertes depuis la révolution de 2010. 

La faute à la Révolution. En effet, pour faire face aux chômeurs qui réclament des emplois, le gouvernement avait obligé la compagnie à recruter des jeunes. Ainsi, alors que la compagnie avait déjà un nombre pléthorique de salariés, elle a été obligée de recruter 1.200 autres fonctionnaires en 2011 dont certains dans des postes fictifs pour disposer d’un total de 7.800 employés actuellement pour une flotte de 30 avions.

Du coup, souligne le patron du pavillon tunisien, Elyes Mnakbi, «la masse salariale dans certaines filières dépasse 130% de leurs recettes, ce qui accable les finances de la compagnie». A titre de comparaison, Royal Air Maroc qui compte le double de la flotte de Tunisair ne compte actuellement moins de 4.000 salariés. Et au niveau mondial la norme est de 80 agents, toutes spécialités confondues, par avion en exploitation.

Face à cette situation, selon l’agence Reuters, le PDG de la compagnie, Elyès Mnakbi, a expliqué que Tunisair souhaite licencier 1.200 employés pour faire face à la crise financière qu’elle traverse et qui est derrière les retards de vols et l’arrêt des avions en raison de manque de pièce de rechange. «Nous avons proposé de licencier 1.200 travailleurs et nous attendons l’approbation du gouvernement pour ce programme, qui aidera l’entreprise à alléger son fardeau financier et sortir de la crise», a expliqué Mnakbi. Toutefois, le gouvernement et les syndicats n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la restructuration de Tunisair.

Reste que pour le patron de la compagnie, les efforts entreprises au cours de ces dernières années ont permis de compresser les dépenses et de réduire le déficit. Ainsi, pour Mnakbi, malgré les obstacles financiers et la non-coopération de l’Etat, l’équilibre financier de la compagnie sera rétabli pour la première fois depuis la Révolution, alors que celle-ci affichait un déficit chronique qui avait atteint un pic de 160 millions de dinars.

Preuve de l’amélioration de la situation, «nous avons commencé à changer le matériel et à rétablir la confiance entre la compagnie et les fournisseurs des pièces de rechange. En outre, d’ici le 1er trimestre de 2019, nous allons nous octroyer 6 nouveaux avions».

Toutefois, la situation urge. En effet, l’accord de ciel ouvert (Open Sky) signé avec l’Union européenne, et qui pourrait entrer en vigueur cette année, ouvrira tous els aéroports de la Tunisie, sauf celui-ci de Tunis, à la concurrence des transporteurs étrangers. Et après 4 ans, l’aéroport de Tunis sera aussi inclus dans l’Open Sky. Si la compagnie n’est pas restructurée, comme ce fut le cas pour Royal Air Maroc, elle risque la faillite avec l’ouverture du ciel tunisien. Selon le PDG de la compagnie, le coût de ce plan de restructuration est chiffré à 363 millions de dollars.

Enfin, signalons que la compagnie dispose de 30 appareils auxquels s’ajoutent 5 appareils en location pour faire face à la forte demande du secteur touristique. Tunisair compte atteindre un niveau record de 4 millions de passagers au titre de l’année en cours. Pou y arriver, la compagnie dont al flotte est vieillissante, doit faire face aux retards qui découragent sa clientèle.

Par Moussa Diop
Le 25/08/2018 à 14h56, mis à jour le 26/08/2018 à 11h45