Les services de la dette extérieure cumulés de la Tunisie ont enregistré une hausse de 44% en août 2019, par rapport à la même période de l’année dernière.
Selon les données de la Banque centrale de Tunisie, le services de la dette s’établit autour des 6,5 milliards de dinars tunisiens (environ 2,27 milliards de dollars) en août 2019, contre 4,5 milliards de dinars, à la même période de l’année dernière. Ce montant représente déjà 16% du budget total de l’Etat programmé au titre de toute l’année 2019.
En détail, à fin juin 2019, le remboursement du principal de la dette s’élevait à 3,4 milliards de dinars, contre 2,2 milliards de dinars à fin juin de l’année précédente, soit une hausse de 54%.
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Quant au budget relatif au remboursement des intérêts, il s’établissait à 1,9 milliard de dinars, à fin juin 2019, contre 1,6 milliard de dinars, une année auparavant, soit une progression de 18%.
Il faut souligner qu’en proie à une crise économique et financière, l’Etat tunisien n’a cessé de recourir à l’endettement extérieur pour financer son déficit budgétaire, et ce, depuis la révolution et la crise économique qui a suivie.
Ainsi, selon l’économiste tunisien Ezzeddine Saidane, dans un entretien accordé à L’Economiste Maghrébin, «la dette extérieure de la Tunisie s’est aggravée de plus de 70% depuis la fin de l’année 2016. Elle s’élevait à 62 milliards de dinars à fin 2016. Elle est passée à 105 milliards de dinars à fin 2018. Elle représente désormais près de 100% du PIB. Ce qui est bien évidemment dangereux, très dangereux même».
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de fait, le remboursement des dettes extérieures empruntées au cours de ces dernières années auprès des institutions financières multilatérales et privées commencent à se faire sentir au niveau du budget de l’Etat.
La Tunisie alloue de plus en plus de ressources financières au remboursement de la dette extérieure. Ainsi, le service de la dette durant le premier semestre a représenté presque le quart de la totalité des dépenses de l’Etat, laissant peu de marges de manœuvre au gouvernement pour faire face à d’autres dépenses, sachant qu’en plus qu’une bonne partie des recettes de l’Etat servent à couvrir la masse salariale colossale.
Pour 1019, ce sont 16,5 milliards de dinars qui ont été affectés aux salaires des fonctionnaires pour un total général de 40,86 milliards de dinars.
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Ainsi, en tenant compte de la masse salariale, du budget de fonctionnement et du service de la dette, il ne reste rien du budget de l’Etat pour financer la relance de l’économie tunisienne. Pire encore, l’Etat se voit contraint de recourir à l’endettement pour boucler son budget.
Ainsi, la Tunisie est engagée dans un cercle vicieux d’endettement, qui hypothèque sa sorte rapide d'une crise économique qu'elle subit depuis près d'une décennie.