Le 9 juillet Donald Trump devrait recevoir cinq dirigeants d’Afrique de l’ouest et centrale à la Maison Blanche. Toutefois, cet évènement risque d’être éclipser par la fin de l’ultimatum de trois mois qu’avait lancé le président américain au reste du monde pour conclure des accords commerciaux bilatéraux et éviter de supporter des tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis. Du coup, à la veille de l’ultimatum du 9 juillet, plusieurs dizaine de pays sont engagés dans une course contre la montre pour obtenir des dérogations avant que Donald Trump ne mette à exécution sa menace.
Pour rappel, en avril dernier, le président Trump avait annoncé des tarifs douaniers appliqués aux importations en provenance de 185 pays dont 51 africains. Des taxes à l’import qui vont de 10% à 50%, en fonction des taxes douanières appliquées par les pays tiers sur les produits importés des Etats-Unis. En pratique, les taux qui ont été annoncés en avril dernier par Trump correspondaient à la moitié des tarifs pratiqués par chaque pays. Ainsi, le Lesotho qui taxe les produits importés des Etats-Unis à hauteur de 99% s’est retrouvé avec un tarif douanier de 50%.
Lire aussi : Droits de douane: le Lesotho, pays le plus touché, va envoyer une délégation aux Etats-Unis
Suite au tollé provoqué par cette décision et aussi et surtout aux premiers impacts négatifs sur l’économie américaine qui n’était pas préparée à cette situation, le président Trump avait fini par fixer un délai de 90 jours, expirant demain mercredi 9 juillet, pour que les pays négocient de nouveaux accords commerciaux avec les Etats-Unis et éviter les tarifs douaniers annoncés le 2 avril dernier. Et durant cette période, seuls les voitures, l’acier et l’aluminium ont été imposés à des tarifs élevés.
Depuis, plusieurs pays ont envoyé des délégations pour négocier des accords commerciaux et éviter de supporter les tarifs douaniers annoncés en avril dernier. Toutefois, rien n’a encore filtré sur les accords commerciaux entre Washington et les pays tiers. Du coup, plusieurs analystes redoutent un arbitrage «à la carte», laissant planer des incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Ainsi, le 7 juillet, Donald Trump a distillé pendant la journée, sur sur Truth Social 14 lettres quasiment identiques envoyées à plusieurs capitales, de Tunis à Bangkok en passant par Astana.
Selon ces lettres, le montant de la surtaxe qu’il compte appliquer sur leurs produits, à compter du 1er août, varie: de 25% (Japon, Corée du Sud, Tunisie notamment) à 36% (Cambodge et Thaïlande) et jusqu’à 40% (Laos et Birmanie).
Lire aussi : Voici les tarifs douaniers annoncés par Trump et leurs impacts sur les économies africaines
A quelques heures de la fin de ce délai de trois mois, le président américain a aussi haussé le ton en s’adressant uniquement aux membres des Brics. Dans son réseau social Truth, il a averti dimanche 6 juillet les pays qui s’aligneraient sur ce qu’il a qualifié de «politique anti-américaines» du bloc des Brics. Il a menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 10% envers ces pays. «Tout pays s’alignant sur les politiques anti-américaines des Brics se verra imposer des droits de douane supplémentaires de 10%. Il n’y aura aucune exception à cette politique. Merci de votre attention !», a-t-il déclaré dans un message publié sur Truth Social.
Un modèle des lettres adressées par le président américain Donald Trump aux dirigeants de nombreux pays les enjoignant à signer des accords pour éviter des surtaxes douanières à partir du 1er août 2025.. DR
Le message ne pouvait pas être plus clair pour susciter des inquiétudes chez certains membres des Brics particulièrement les pays africains: Afrique du Sud, Égypte et Éthiopie.
Lire aussi : A la Maison Blanche, Trump tend une embuscade à Ramaphosa avec des accusations de «génocide blanc»
Si l’Égypte et l’Éthiopie ne devaient supporter que des tarifs de 10%, l’Afrique Sud devait supporter un tarif douanier élevé de 30%.
C’est dire que si les Etats-Unis décidaient de sanctionner les membres des Brics, ces derniers se retrouveraient avec un taux prohibitif de 40%. Une taxe qui signerait presque la fin des exportations sud-africaines ou du moins leur très forte baisse vers les Etats-Unis.
Cela d’autant plus que le pays arc-en-ciel a jusque-là bénéficié, pour l’essentiel de ses produits exportés vers les Etats-Unis, d’un accès sans droit de douane dans le cadre de l’Agoa -African Growth and Opportunity Act-, qui permettait aux pays d’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter un grand nombre de produits (automobiles, minerais, produits agricoles…) en franchise de droits de douane.
L’Afrique du Sud est le principal bénéficiaire de cet accord avec 3,6 milliards de dollars de produits exportés en franchise de douane dont des voitures, des minerais, des produits agricoles.
Lire aussi : Comment Trump a torpillé l’Agoa et mis certains pays africains dans de sales draps
Du coup, se sentant parmi les pays visés par cette menace de Trump, surtout que les relations entre les deux pays sont loin d’être au beau fixe, l’Afrique du Sud a réagi par le biais du porte-parole du ministère du Commerce, Kaamil Alli, assurant que son pays restait déterminé à approfondir ses relations économiques avec Washington. «Nous attendons toujours une communication officielle des Etats-Unis concernant notre accord commercial, mais nos discussions restent constructives et fructueuses», avant d’ajouter, «comme nous l’avons déjà indiqué, nous ne sommes pas anti-américains».
Malgré ces assurances, pour l’Afrique du Sud, la cause semble être indéfendable devant Trump. Le volet commercial n’étant que la partie visible de l’iceberg des différends qui opposent les deux pays.
Lire aussi : Le président sud-africain à Washington pour «raviver» la relation avec les Etats-Unis
Bref, le monde est en état d’alerte avant l’annonce des nouveaux tarifs douaniers de Trump.
Ces nouveaux tarifs douaniers entreront en vigueur le 1er août prochain, selon le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent qui a souligné dans une interview accordée à CNN que «le président Trump va envoyer des lettres à certains de nos partenaires commerciaux pour leur dire que si vous ne faites pas avancer les choses alors ils retourneront, le 1er août, au niveau des tarifs douaniers du 2 avril».