Venancio Mondlane, populaire au sein de la jeunesse de ce pays lusophone d’Afrique australe, a été à la tête d’un vaste mouvement de protestation dénonçant la victoire du parti historique au pouvoir, le Frelimo, lors des élections présidentielle et législatives d’octobre 2024.
Il avait annoncé en mars avoir conclu un accord avec le nouveau président Daniel Chapo pour mettre «fin à toutes les violences», qui ont fait près de 400 victimes, dont une majorité par balles, selon l’ONG locale Plataforma Decide.
L’opposant était rentré lundi à Maputo, sous forte escorte policière, après avoir passé plusieurs semaines en Europe.
«Je veux vous informer que finalement, à notre grande joie, l’accusation (à mon encontre) a été formalisée», a-t-il déclaré à la presse. En mars, Venancio Mondlane avait été interrogé pendant 10 heures par les services du procureur.
Lire aussi : Mozambique: le principal opposant de retour d’exil se dit prêt à «négocier» avec le pouvoir
Les cinq chefs d’inculpation incluent «l’incitation au terrorisme», «l’incitation à la désobéissance civile» et «l’incitation au crime», a-t-il énuméré à l’extérieur des bureaux du procureur général, dans un centre-ville quadrillé par les forces de l’ordre.
«Cela signifie que nous pouvons à présent aller devant un tribunal, ce qui me convient le mieux car nous sortons du cadre du secret de l’enquête», a-t-il dit, ajoutant qu’il serait entouré d’«avocats nationaux et internationaux» lors de son procès, dont la date est pour le moment inconnue.
«Le bureau du procureur est utilisé comme une instrument pour perpétuer la persécution», a-t-il affirmé. Son inculpation est, selon lui, directement liée à la contestation d’une «fraude électorale sans équivoque».
«Ceux qui veulent s’opposer à ce crime (...) sont attaqués, persécutés, emprisonnés, tués ou blessés», a déclaré l’opposant de 51 ans.
Lire aussi : Mozambique: Daniel Chapo, l’inconnu président rejeté par la rue
Venancio Mondlane a ébranlé le parti au pouvoir et relégué au second plan l’opposition traditionnelle lors du scrutin d’octobre. Il avait revendiqué la victoire à la présidentielle, une élection entachée de graves irrégularités selon plusieurs missions internationales d’observation.
C’est le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, qui avait été proclamé vainqueur, perpétuant la mainmise de son parti - au pouvoir depuis l’indépendance en 1975 - sur le pays de 33 millions d’habitants.
L’accord conclu entre les deux hommes en mars avait fait espérer une sortie de crise mais Venancio Mondlane affirme que ses alliés et lui-même sont toujours harcelés par les autorités.