L’Afrique est plus qu’un nain en matière d’assurance. En effet, en recourant aux primes émises, le principal indicateur de la vigueur du secteur de l’assurance, on note que l’ensemble des primes d’assurance (vie et non-vie) émises en Afrique se sont établies à 63,56 milliards de dollars en 2023, contre 67,32 milliards en 2022. Ce faisant, la part de l’Afrique rapport au marché mondial de l’assurance s’établit à 0,9% en 2023. C’est dire que malgré le fait que le continent représente 17% de la population mondiale et 2,7% du produit intérieur brut (Pib) mondial, la pénétration de l’assurance en Afrique est négligeable. Ce ratio n’est que de 3,5% et la prime moyenne de 46 dollars par habitant.
Et cette moyenne cache d’importantes divergences au niveau des pays. En effet, selon le rapport de l’Organisation des Assurances Africaines (OAA) couvrant la période de juin 2023 à juin 2024, «en 2023, les neufs principaux pays africains en termes de volume de primes ont représenté 93,3% de l’ensemble des primes du continent, en légère baisse par rapport aux 93,9% en 2022.»
Les primes d’assurance (vie et non-vie) émises en Afrique se sont établies à 63,56 milliards de dollars en 2023.. DR
Même au sein de ces pays, les inégalités sont criantes. Ainsi, l’Afrique du Sud représente à elle seule 68,2% du total des primes émises (vie et non-vie) au niveau du continent en 2023, soit un volume de 43,3 milliards de dollars. Très loin derrière suit la Maroc avec une part de marché de 8,7% avec un volume de 5,52 milliards de dollars.
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C’est d’ailleurs logiquement que les deux pays concentrent les plus grandes compagnies d’assurance du continent. En 2022, dans le Top 15 des 100 plus grandes compagnies d’assurance d’Afrique dix étaient Sud-africaines et cinq marocaines. Au sommet, les cinq premières sont toutes sud-africaines: Sanlam, Old Mutual Life, Liberty Group, Santam et MML Group Limited. Les premières compagnies marocaines étant Wafa Assurance (6e), RMA (8e), Axa Assurance Maroc (14e) et Sanlam Assurance (14e).
Loin derrière ces deux leaders, suivent l’Egypte, le Kenya et le Nigeria avec des primes émises respectives de 4,0%, 3,9% et 2,1%.
Par segment de marché, le secteur de l’assurance-vie reste prédominant au niveau des primes émises. En 2023, le volume total de primes d’assurance-vie au niveau du continent s’est établi à 42,9 milliards de dollars, représentant 1,5% des primes vie mondiales et un taux de pénétration de 2,4%.
Sur ce segment de l’assurance-vie, la domination sud-africaine est écrasante avec un total des primes émises de 34,83 milliards de dollars, en légère baisse de -1,3%, sur un total 42,9 milliards de dollars, soit une part de marché de 81,20%. Elle devance le Maroc dont les primes émises sur ce segment se sont établies à 2,55 milliards de dollars, en hausse de 4,6%, soit une part de marché 5,94%, l’Egypte (1,25 milliard de dollars), le Kenya (1,14 milliard de dollars), la Namibie (0,73 milliard de dollars), le Nigeria (0,62 milliards de dollars), la Côte d’Ivoire (0,42 milliard de dollars), la Tunisie (0,33 milliards de dollars) et l’Algérie (0,13 milliard de dollars).
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Du côté de l’assurance non-vie, également appelée assurance dommages, et qui représente une forme de sécurité financière qui couvre les biens matériels et la responsabilité civile contre divers risques et incidents imprévus, à l’exception des assurance liées à la vie et à la santé, les primes émises en Afrique en 2023 se sont établies à 20,59 milliards de dollars, en baisse de 3,2%, en raison notamment de la dépréciation des monnaies africaines vis-à-vis du dollar américain. L’assurance non-vie africaine représente à peine 0,5% des primes non-vie au niveau mondial, avec un taux de pénétration de 1,1% (4,2% au niveau mondial) et une prime par habitant de seulement 15 dollars (528 dollars en moyenne mondiale).
Sur ce segment aussi, le marché sud-africain demeure leader avec un volume des primes émises de 8,52 milliards de dollars, en léger repli de -0,4%, soit une part de marché de 41,38%. Loin derrière suit le Maroc avec des primes émises en hausse de 4,2% à 2,97 milliards de dollars, soit une part de marché de 14,42%.
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Ainsi, sur ce segment l’Afrique du Sud et le Maroc concentrent une part de marché de 55,80%. Loin derrière les deux leaders du segment du marché de l’assurance non-vie suivent le Kenya (1,35 milliard de dollars), l’Egypte (1,30 milliard), l’Algérie (1,06 milliard), la Tunisie (0,83 milliard), le Nigeria (0,69 milliard), la Côte d’Ivoire (0,34 milliards) et la Namibie (0,24 milliards).
On note globalement que le secteur de l’assurance est faiblement développé en Afrique. Toutefois, une série de facteurs devrait contribuer à son développement les années à venir. L’élargissement de la classe moyenne africaine, l’amélioration des conditions économiques, l’urbanisation galopante, le développement de nouveaux modes de distribution des produits, l’augmentation des catastrophes naturelles… sont autant de facteurs qui devraient pousser à une plus grande pénétration de l’assurance dans les foyers africains. Cependant, pour attirer davantage de clients, les compagnies d’assurance devraient évoluer en assurant la bonne gouvernance, le professionnalisme de leur personnel, en adaptant leurs offres aux besoins locaux…