Cameroun: contre vents et marrées, les cordonniers tiennent toujours l’aiguille et la semelle

Un cordonnier de Yaoundé.

Le 11/10/2024 à 09h17

VidéoLes temps changent, pas les cordonniers. Aujourd’hui encore, de nombreux Camerounais préfèrent confier leurs effets qui commencent à montrer quelques signes d’usure aux professionnels formés sur le tas qui les réparent moyennant 50 ou 100 Fcfa.

L’objet bien maîtrisé sur ses deux cuisses, l’aiguille au crochet flexible tenue fermement par la main, le fil bien entremêlé entre les doigts, le cordonnier peut commencer à réparer la chaussure, le sac ou tout autre objet que son client vient de lui confier.

Ces gestes sont observés dans plusieurs coins de la ville de Yaoundé, comme partout ailleurs au Cameroun. C’est le travail du cordonnier, ces hommes qui s’asseyent généralement sous des parapluies en bordure de route pour chercher leur pitance quotidienne.

Au Cameroun, ce métier recrute en grand nombre parmi les ressortissants d’autres pays comme le Mali, le Tchad et le Niger en dehors de quelques locaux. Sur le choix, chacun a ses raisons motivations.

Adamou Seydou est installé non loin du nouveau marché de Mvog-Betsi dans le 6ème arrondissement de Yaoundé. «Quand je suis arrivé à Yaoundé en 2017, j’ai commencé par le mototaxi. Mais très vite, j’ai compris que je devais changer de métier. Et c’est ce que j’ai fait. Actuellement je suis cordonnier», a-t-il déclaré. Pour Armel du quartier Tsinga, c’est à force de réparer des chaussures qu’il achetait à la friperie pour les revendre, qui l’a amené à s’installer définitivement dans la cordonnerie.

À ce jour, ces deux débrouillards, comme bien d’autres, parviennent à subvenir aux besoins de leur famille. «Je rentre en moyenne à la maison avec pas moins de 6.000 Fcfa par jour, excepté les jours des fortes pluies. Mes économies me permettent d’inscrire mes enfants à l’école, de nourrir ma famille, bref de me sentir homme chez moi», témoigne un cordonnier ambulant rencontré au quartier Essos.

Des sommes qui peuvent paraître surprenantes lorsqu’on sait que le coût de la réparation varie entre 50 et 100 Fcfa pour de simples tissages. Ces sommes sont doublées lorsque la prestation impose l’insertion d’autres matériels comme du caoutchouc et du fer. Les Camerounais ne comptent pas de sitôt s’éloigner de la cordonnerie pour les besoins de rentabilité et de recyclage.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 11/10/2024 à 09h17