Gabon: une campagne de sensibilisation contre le paludisme, véritable problème de santé publique

L'insalubrité, un terroir fertile pour l'anophèle, vecteur du paludisme.

Le 25/04/2023 à 08h56

VidéoAu Gabon, le paludisme demeure la première cause de consultations médicales et d’absentéisme en milieu scolaire et professionnel. Avec un taux de morbidité de plus de 20%, cette maladie est à l’origine de 40% des hospitalisations et provoque une moyenne de 6,73% de décès chez les enfants de moins de 5 ans.

Ces statistiques officielles sont à l’origine des opérations de sensibilisation d’associations de lutte contre l’insalubrité dans les quartiers à risque de Libreville.

En pleine tournée dans ces quartiers, Jonathan Tchasso dirige une association de bénévoles, dite Asso qui a initié une vaste campagne de nettoyage des rues et des canalisations du secteur dit Derrière la prison, une des zones à haut risque car infestée d’anophèles, vecteurs du paludisme.

«Nous sommes ici aujourd’hui avec tous les membres de l’Asso afin de pouvoir sensibiliser les populations contre le paludisme. Effectivement, nous avons remarqué que beaucoup de quartiers sont insalubres. Nous sommes donc venus sensibiliser les populations et pour leur donner un coup de main....Nous accompagnons aussi le gouvernement dans l’opération qui consiste à maintenir les arrondissements propres...», explique Jonathan Tchasso, président de «Asso».

Dans cette partie de la ville marquée par la vulnérabilité sanitaire et environnementale, une opération de salubrité publique permet d’attaquer le mal à la racine. L’action de l’association est appréciée des riverains, mais avec des réserves relatives à un problème d’assainissement urbain qui reste entier du à Derrière la prison comme dans plusieurs secteurs de Libreville. «Nous félicitons déjà le geste de l’association. Mais le grand problème ici c’est la canalisation. On peut faire tout ce qu’on veut, mais si cette canalisation n’est pas débouchée ça ne servira à rien...», regrette Olivier, un habitant du secteur.

En effet, ici, comme ailleurs, les cibles les plus exposées à la maladie se recrutent parmi les couches sociales les plus démunies et vivant dans les quartiers difficiles d’accès. De quoi saper l’ambition d’un pays qui s’est engagé dans la campagne «Zéro paludisme à l’horizon 2030», soutenue par l’OMS et ses partenaires. Les bénévoles, comme ceux conduits par Jonathan, veulent aider les populations à prendre le relai des initiatives citoyennes.

L’association leur a offert un lot de matériel composé de brouettes, pelles et gangs, entre autres, pour poursuivre l’entretien du quartier. «Le matériel exposé ici ce n’est pas à la portée de n’importe qui, il faut bien le préciser. Je crois que les brouettes et les pelles doivent servir à ceux qui veulent travailler. Donc, si le travail est achevé, on remet le matériel parce que je vais tout mentionner», préviens Jean Remy Nguema Obame.

Le chef de quartier «Derrière la prison» donne le ton d’un usage exclusif du don de l’association, aux seules opérations de lutte contre l’insalubrité de son rayon administratif. Pendant ce temps, l’association des bénévoles entend poursuivre sa caravane de salubrité publique à travers le Grand Libreville.

A noter que chaque année, 300 millions de personnes sont atteintes du paludisme. Le paludisme constitue un véritable problème de santé publique au niveau du continent africain où cette maladie tue plus de 3.000 personnes par jour en Afrique subsaharienne.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 25/04/2023 à 08h56