L’Irlande souhaite attirer plus d’étudiants africains dans ces universités. Et pour ce faire, elle déploie toute une stratégie de propagande pour les convaincre de poser leurs valises à Dublin. Le vaisseau-amiral de cette campagne de séduction se nomme Education in Ireland, l’institution chargée de la promotion des établissements d’enseignement supérieur irlandais à l’étranger. Elle a organisé, en février dernier, des salons de recrutement au Nigéria, au Ghana, au Togo et au Bénin, et prévoit d’en initier d’autres du 20 au 25 mars prochain en Ouganda et au Kenya.
Ces rendez-vous qui constituent une belle occasion pour livrer aux étudiants les informations sur les études dans ce pays anglophone, les démarches administratives, ainsi que les opportunités post-formation, notamment la possibilité d’y travailler deux ans après les études. «Nous avons une solution pour vous qui vous permettra non seulement d’obtenir des résultats éducatifs exceptionnels, mais aussi de vous démarquer des autres candidats sur le marché de l’emploi ou dans le monde universitaire», écrit l’institution dans certains messages postés durant les campagnes de recrutement.
Autres moyens de séduction, les frais de scolarité compétitifs et le coût de la vie relativement abordable, comparés à d’autres destinations comme le Royaume-Uni ou encore la France. En effet, en Irlande, le coût des études varient d’une université à l’autre et surtout d’une discipline à l’autre. Les frais d’études en Licence varient entre 9.000 et environ 40.000 euros par an. Pour le Master et le Doctorat, faudra prévoir entre 9.150 et environ 37.000 euros.
Afin d’encourager les étudiants internationaux à poursuivre leur cursus chez la voisine de l’Angleterre, le gouvernement a mis en place une bourse de 10.000 euros pour une année d’étude en master ou pour un programme de recherche master-doctorat. D’après les autorités irlandaises, le nombre d’étudiants africains est passé de 800 en 2018 à 1.300 en 2020, soit 3% du total des étudiants internationaux. L’Irlande prévoit justement de doubler le nombre actuel de bourses qui leur sont octroyées pour atteindre le nombre 150 d’ici 2025.
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D’ailleurs le ministère irlandais des Affaires étrangères (DFA) a récemment lancé le programme de bourses Irlande-Afrique pour l’année académique 2023-2024. Les étudiants sélectionnés peuvent y effectuer un master d’un an dans 20 établissements supérieurs, dont des universités, instituts de technologie et collèges irlandais. Un programme qui cible les étudiants de plusieurs pays anglophones dont le Rwanda, l’Ethiopie, le Mozambique, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie.
Accueillir les étudiants africains d’Ukraine
Loin de Dublin, la Hongrie, située à plus de 2.500 km, nourrit elle aussi la même ambition. Et elle ne lésine pas sur les moyens pour réussir son pari. Sa principale arme de séduction, son programme Stipendum Hungaricum, une bourse couvrant les frais de scolarité, une allocation mensuelle d’environ 103 euros pour les étudiants en licence et master, entre 331 et 425 euros pour les doctorants. Des indemnités versées jusqu’à la fin des études. A cela s’ajoutent le logement et l’assurance médicale. Ce programme est piloté par le consortium universitaire «Education Hungary», composé de l’Université de Pécs, l’Université de Debrecen, l’Université hongroise d’agriculture et des sciences de la vie, et l’international Business School.
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Parallèlement, Budapest mène des campagnes de sensibilisation et d’information dans plusieurs pays du continent. Objectif : toucher 1385 étudiants de 20 pays africains. D’après Caroline Kithama, chef du bureau hongrois d’Education pour l’Afrique, 2.000 étudiants africains étudient dans les universités hongroises, principalement dans les programmes de master, d’ingénierie et de technologie, et d’administration des affaires. Le Nigéria (28% des étudiants), le Ghana, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc étant les principaux pays de provenance de ces apprenants. Un nombre qui pourrait être dépassé si cette diplomatie éducative porte ses fruits, surtout auprès des étudiants africains d’Ukraine.
Environ 23.000 étudiants africains se trouvaient dans ce pays, au moment du déclenchement des bombardements russes, d’après l’Unesco, soit 30% des 76.000 étudiants internationaux, répartis dans les universités et les écoles de Kharkiv, Lviv et Kiev, la capitale du pays. La majorité d’entre eux provient du Maroc, du Nigeria, d’Égypte, du Ghana et de la Tunisie. Bon nombre d’eux, qui ont fui cette guerre aux lendemains incertains, cherchent actuellement des alternatives pour poursuivre leur cursus. L’Irlande et la Hongrie leur tendent les bras.