La Côte d’Ivoire lancera bientôt sa Bourse des matières premières agricoles

Cours des matières premières à l'Ethiopian Commodity Exchange.

Le 10/06/2023 à 10h43

La Côte d’Ivoire lancera sa première Bourse des matières premières agricoles (BMPA) durant le second semestre 2023. D’après le gouvernement, cette plateforme permettra de fluidifier la circulation des produits agricoles et d’améliorer les revenus des producteurs. La Côte d’Ivoire rejoint ainsi l’Ethiopie, le Nigeria et le Ghana, pionniers dans ce domaine en Afrique.

Les agriculteurs ivoiriens pourront bientôt commercialiser leurs produits dans une Bourse des matières premières. L’annonce a été faite par le gouvernement le 7 juin, après l’adoption de lancement de la phase pilote d’une Bourse des matières premières agricoles (BMPA) en Conseil des ministres. L’Etat ivoirien a décidé d’implémenter cette plateforme de commercialisation après les conclusions rassurantes d’une étude de faisabilité qui lui a permis d’évaluer son potentiel ainsi que ses conditions de fonctionnement.

Cette phase pilote, dont le démarrage est prévu au second semestre 2023 pour une période de 24 mois, sera exécutée par la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), dans le cadre d’une convention de mandat de gestion. D’après Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, cette bourse vise à «fluidifier la circulation des produits agricoles et à améliorer les revenus des producteurs».

La noix brute de cajou, le maïs et la noix de cola fraîche sont les matières premières qui seront commercialisées dans cette Bourse lors de cette période de test. «A terme, la BMPA devrait permettre d’offrir une référence des prix de base des négociations sur les contrats commerciaux à l’échelle nationale et internationale et d’avoir une meilleure maîtrise des cours des produits agricoles»., explique-t-il. Elle devrait aussi permettre de «capter des ressources importantes pour le financement du secteur au bénéfice de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur agricole».

Ethiopie, pionnière des BMPA en Afrique

La Côte d’Ivoire rejoint ainsi l’Ethiopie, le Nigeria et le Ghana qui disposent déjà de leur Bourse des matières premières. Addis-Abeba a été la pionnière dans ce domaine avec l’Ethiopian Commodity Exchange (ECX) lancé depuis 2008, qui permet notamment aux producteurs locaux d’écouler des produits tels que le café, le sésame, le blé et le maïs.

L’objectif de ce marché agricole, initié sous le magistère de l’ancien président éthiopien Meles Zenawi, était de corriger les dysfonctionnements du marché des matières premières, caractérisé à l’époque par la faiblesse des gains perçus par les producteurs, notamment à cause d’un réseau d’intermédiaires. Sa mise en place à permis à des millions d’agriculteurs de se formaliser, d’augmenter leurs gains. Cela a également permis d’avoir une traçabilité de chaîne de valeur agricole, et de mieux contrôler la qualité des entrepôts.

Six ans plus tard, en 2014, Abuja tente l’expérience, à travers l’AFEX Commodities Exchange (AFEX), première bourse privée des matières premières agricoles au Nigeria. Aujourd’hui, cette plateforme opère aussi au Kenya, et en Ouganda, où elle effectue l’échange de neuf matières premières agricoles, dont le maïs, le blé, le sorgho et le cacao. Bloomberg avait annoncé le 23 mai qu’AFEX envisageait de s’installer en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin, au Togo, en Tanzanie, en Ethiopie, et en Zambie.

A travers ses futures implantations, cette bourse privée souhaite profiter de la croissance des échanges commerciaux en prélude à l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale (ZLECAF). «Avec notre expansion dans les pays africains, nous voyons la possibilité de consolider le commerce intra-africain. Cela conduira à une augmentation de la productivité au niveau national, et permettra aux pays du continent d’améliorer leurs niveaux de sécurité alimentaire», a déclaré son PDG Ayodeji Balogun, cité par l’agence américaine.

Quant à Accra, elle a lancé, le 6 novembre 2018, Ghana Commodity Exchange (GCX), premières BMPA d’ Afrique de l’Ouest. agricole. Des matières premières comme maïs, le riz, les graines de sésame, le sorgho, et le soja y sont commercialisée. La noix de cajou, dont la production est estimée à environ 70.000 tonnes par an, devrait bientôt intégrer cette liste.





Par Elimane Sembène
Le 10/06/2023 à 10h43