Achat d’un avion présidentiel au Mali: une ex-ministre condamnée à 10 ans de prison

Ibrahim Boubcar Keita lors de l'un de ses inombrables voyages.

Ibrahim Boubcar Keita lors de l'un de ses inombrables voyages. . DR

Le 09/07/2025 à 07h19

Une ancienne ministre malienne de l’Economie et des Finances a été condamnée mardi à dix ans de prison ferme dans une affaire emblématique d’achats d’équipements militaires et d’un avion présidentiel en 2014.

«Mme Bouaré Fily Sissoko a été condamnée à 10 ans de prison ferme dans les dossiers de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires» survenu lors du mandat de l’ancien chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, indique un document officiel de la Cour d’assises de Bamako, dont l’AFP a obtenu une copie.

L’ex-ministre a été condamnée pour «atteinte aux biens publics».

Moustapha Ben Barka, ex-ministre et ancien vice-président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), absent du procès, a quant à lui été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité.

Plusieurs officiers ont également été condamnés mardi. Parmi eux, le colonel-major Nouhoun Dabitao a été condamné à sept ans de prison.

«Le colonel-major Dabitao est condamné à sept ans de prison pour faux et usage de faux dans des marchés d’équipements militaires», précise le document officiel de la cour.

Cinq accusés - dont l’ancienne ministre et Moustapha Ben Barka - ont été en outre condamnés à verser de façon solidaire à l’Etat du Mali 40 milliards de francs CFA (60 millions d’euros).

Le colonel-major Nouhoun Dabitao a de son côté été condamné à payer 2 milliards de francs CFA à l’Etat (3 millions d’euros).

Ce procès concerne un dossier emblématique de la corruption reprochée à l’ancien pouvoir en place et régulièrement invoquée par la junte militaire aujourd’hui à la tête du Mali.

L’achat d’un avion présidentiel pour des chiffres estimés à l’époque à près de 40 millions de dollars (34 millions d’euros), ainsi que l’achat de matériel militaire à une société malienne, tous deux sans appel d’offres, avaient valu en 2014 au Mali des sanctions des institutions financières, notamment le gel pendant six mois des décaissements du Fonds monétaire international (FMI).

Le montant des irrégularités supposées avait ensuite varié en fonction des sources.

«C’est une peine disproportionnée. Ma cliente paye pour les autres, notamment les morts», a réagi mardi auprès de l’AFP à l’issue du verdict Me Tounkara Dianguina, avocat de Mme Fily Sissoko.

L’ex-Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense au moment des faits, avait été placé en détention en 2021 dans le cadre de cette affaire pour des accusations de «faux», «corruption», «favoritisme», et «trafic d’influence». Il est décédé en prison en mars 2023 après avoir clamé son innocence dans la presse.

Ses partisans avaient accusé la junte de l’avoir laissé mourir en détention.

Me Tounkara Dianguina a indiqué à l’AFP qu’il allait «rapidement» introduire un pourvoi en cassation.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 09/07/2025 à 07h19