Il est bien évidemment malaisé de lister les évènements marquants d’une année à l’échelle d’un pays et à plus forte raison ceux de tout un continent. Mais il y a des évènements à nuls autres pareils tels que la victoire miraculeuse des Ivoiriens à la CAN 2023 à domicile, les élections présidentielles avec quelques alternances démocratiques, la recrudescence des catastrophes naturelles, les décès de personnalités…
Des Éléphants miraculés à la CAN 2024
Le premier évènement majeur de 2024 au niveau du continent a été certainement la Coupe d’Afrique des Nations. Une compétition regroupant 24 nations qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire. Cette 34e édition, disputée du 13 janvier au 11 février 2024, a été remportée par la Côte d’Ivoire, une équipe miraculée, face à l’équipe nigériane.
Cette victoire est considérée comme un miracle sachant que l’équipe ivoirienne était quasi éliminée de la compétition. Troisième de sa poule, il a fallu une victoire du Maroc sur la Zambie pour que le pays accède aux huitièmes de finale in extremis avec seulement 3 points en 3 matchs et surtout après avoir subi une déculottée face à la Guinée équatoriale (0-4). La victoire du Maroc face à la Zambie a été dignement célébrée par les supporters ivoiriens qui reviennent miraculeusement dans la course.
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Après ce miracle, les Ivoiriens se sont séparés de leur entraineur français Jean-Louis Gasset et après une tentative infructueuse d’engager Hervé Renard, ils ont opté pour un coach local, Emerse Foé à titre intérimaire. Et finalement c’est lui qui a conduit les Éléphants au sacre final après avoir battu le Sénégal, champion en titre, huitième de finale, signant leur renaissance, avant de battre le Mali en quart de final, la RDC en demi-finale et, enfin remporter le titre de Champion d’Afrique en battant le Nigeria en finale dans un match âprement disputé.
Entre sécheresse et inondation, l’Afrique souffre
L’Afrique, faible émetteur de gaz à effet de serre, figure parmi les continents les plus vulnérables au dérèglement climatique. Jamais le continent africain n’avait connu une telle succession de catastrophes naturelles, comme ce fut le cas en 2024. Cyclones, inondations, sécheresses, pluies diluviennes… ont rythmé le quotidien de nombreux pays africains durant l’année qui s’achève exacerbée par le phénomène El Nino qui leur donne une dimension extrême. L’Afrique a été frappée par de nombreux ouragans et cyclones: Belal (Maurice), Gamane (Madagascar), Hidaya (Kenya et Tanzanie),
La liste des pays touchés par les inondations est très longue: RDC, Niger, Mali, Kenya, Tanzanie, Nigeria, Soudan, Tchad, Cameroun... Et alors que certaines régions font face à des excédents d’eau de pluie, d’autres enregistrent leur pire année de sécheresse. C’est le cas de nombreux pays d’Afrique australe dont la Zambie et le Malawi.
Ces catastrophes naturelles ont causé de nombreux dégâts humains et matériels. Selon l’Organisation internationale de (OIM), en Afrique de l’Ouest et Centrale, les pluies diluviennes ont causé plus de 1.500 morts. Quant aux dégâts matériels, ils sont colossaux avec des destructions d’infrastructures, d’habitats, des récoltes et bétails… Au Tchad, les inondations ont touché un million de personnes, entrainé 145 décès, la destruction de 70.000 maisons et la perte de 30.000 têtes de bétails. Plus 250.000 hectares de terres agricoles ont été inondés, autant de cultures détruites.
Des présidentielles à la pelle, l’alternance démocratique à la peine
Au total, 14 pays ont été concernés par ces joutes électorales dont des élections présidentielles au suffrage direct et indirect (Ethiopie et Maurice). Il s’agit du Tchad, du Rwanda, de l’Algérie, de la Tunisie, du Mozambique, du Ghana, de l’Afrique du Sud, de la Mauritanie, des Comores, de l’Ethiopie, du Sénégal, de Maurice, de la Namibie et du Botswana. Ces consultations ont concerné des pays concentrant environ 25% de la population du continent africain.
Globalement, les présidents qui se sont représentés ont été reconduits avec des scores à la soviétique et parfois au truchement de chiffres maladroitement traficotés, comme ce fut le cas en Algérie. Le président Abdelmadjid Tebboune a été réélu avec 84,30% des voix, selon la Cour constitutionnelle, alors que l’Autorité électorale lui avait crédité 94,65%. Chose inédite, les trois candidats à la présidentielle avaient diffusé un communiqué commun pour contester «le flou et des contradictions dans les chiffres sur la participation» et des «erreurs» sur les pourcentages des voix.
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On note tout de même quelques exceptions au Botswana et à Maurice où les présidents sortants ont été battus par leurs opposants. Au Sénégal et au Ghana, pays dans lesquels les chefs d’Etat sortants ne pouvaient pas se représenter à cause de la limitation des mandats à deux consécutifs, ce sont des opposants qui ont remporté les élections. Ainsi, dans un contexte de recul démocratique en Afrique de l’Ouest, le Sénégal et le Ghana s’affirment comme des modèles de démocratie stable et dynamique, à l’instar du Cap-Vert et du Bénin.
Quatre alternances démocratiques ont été enregistrées sur un total de 14 présidentielles en 2024: Sénégal, Botswana, Maurice et Ghana. Le cas du Sénégal est emblématique. Le président élu Bassirou Diomaye Faye a quitté la prison pour se retrouver dix jours plus tard élu président de la République après avoir battu le représentant du parti au pouvoir, Amadou Ba, en obtenant 54,28% des suffrages dès le premier tour. Plus jeune président du Sénégal depuis l’indépendance à 44 ans, il s’est engagé pour un changement radical avec les pratiques politiques et de gouvernance du passé avec le triptyque wolof «Jub», «jubbal», «jubbanti» qui se traduit par «droiture», «transparence» et «exemplarité».
Les Éléphants de Côte d'Ivoire ont miraculeusement remporté la CAN 2023 après avoir échappé à une élimination dès le premier tour.. DR
Enfin, on notera aussi que la Namibie a choisi pour la première fois d’élire une femme à la tête du pays en la personne de Netumbo Nandi_Ndaitwah. Elle était la vice-présidente et issue du parti au pouvoir. Elle a remporté l’élection dès le premier tour avec 57,31% des voix exprimées.
La Coupe du Monde 2030 au Maroc, avec l’Espagne et le Portugal
Le Royaume du Maroc, leader dans l’organisation du football africain, va coorganiser, avec l’Espagne et le Portugal, la Coupe du monde 2030 qui marquera le centenaire de la compétition. Ainsi en a décidé le Conseil de la FIFA le mercredi 11 décembre 2024 à l’unanimité. Les 211 fédérations membres de la FIFA ont voté pour cette candidature commune par acclamation.
Le Maroc sera ainsi le second pays africain à accueillir cette compétition, après l’Afrique du Sud en 2010. Cette édition va se jouer pour la première fois sur trois continents: Maroc (Afrique), Espagne et Portugal (Europe), mais les trois premiers matchs du premier auront lieu en Amérique du Sud sachant que l’Argentine, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay avaient déposé une candidature commune pour accueillir le centenaire du mondial, la première édition s’étant déroulé en 1930 en Uruguay.
Le Maroc obtient ainsi la co-organisation du Mondial 2030 après s’être porté candidat à cinq reprises: 1994, 1998, 2006, 2010 et 2026. Pour cette seconde édition à 48 nations qualifiées, après celle de 2026 aux Etats-Unis, le Maroc a déjà sélectionné les six villes devant accueillir la compétition: Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Agadir et Tanger.
Ces personnalités qui nous ont quittés en 2024
- Amadou Mokhtar Mbow du Sénégal, décédé dans la nuit du 23 au 24 septembre à Dakar à l’âge de 103 ans. L’intellectuel sénégalais a dirigé l’Unesco pendant 13 ans (1974-1987). Enseignant, plusieurs fois ministre sous le régime du premier président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, l’ancien secrétaire général de l’Unesco fut un grand défenseur du multipartisme.
- Issa Hayatou, du Cameroun, décédé le 8 août 2024. Son nom est intimement lié au football africain dont il a dirigé la Confédération de football (CAF) de 1988 à 2017. Il a aussi assuré la présidence par intérim de la fédération internationale de football amateur (FIFA) entre 2015-2016, lors de la suspension de Sepp Blater pour corruption.
- Touamni Diabaté, du Mali, est décédé le 19 juillet 2024 à l’âge de 58 ans. Surnommé le «roi de la Kora», est considéré comme le maître de la Kora, un instrument de musique traditionnel à 21 cordes, Toumani est issu d’une famille de griots, gardiens des traditions et compteurs des récits historiques de l’Afrique de l’ouest.
- Hage Geingob, président de la Namibie, décédé le 4 février 2024. C’est l’un des personnages politiques les plus marquants de l’histoire de la Namibie qui a lutté pour l’indépendance de la Namibie et contre le régime de l’apartheid. Il a été longtemps Premier ministre avant de devenir président de la Namibie. Il est décédé à l’âge de 82 ans.
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Parmi ceux qui nous ont quittés en 2024 figurent aussi Hama Amadvou, un des dinosaures de la politique du Niger, surnommé «le phénix» décédé à l’âge de 74 ans, l’écrivain sud-africain et figure emblématique de la lutte contre l’apartheid Breyten Breytenbah, l’acteur star de Nollywood (cinéma nigérian), John Okafor, alias Mr Ibu, décédé le 2 mars 2024, Dikembe Mutombo, basketteur congolais membre du temple de la NBA décédé le 30 septembre à l’âge de 58 ans, ….